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| VINCENT LAMBERT | |
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| Sujet: Re: VINCENT LAMBERT 16.05.13 13:48 | |
| Euthanasie: «On ne peut pas faire voter les uns et les autres»Le député des Alpes-Maritimes et vice-président de l'UMP, Jean Leonetti a présidé la «Mission parlementaire sur l'accompagnement de la fin de vie» en 2004, qui a conduit à la «Loi relative aux droits des malades et à la fin de vie» de 2005. Le Figaro . - Que pensez-vous de la décision du tribunal administratif de Reims qui a mis fin à une procédure d'euthanasie? Jean Leonetti.- Cette décision révèle avant tout un conflit intra-familial sur la décision à prendre. Les médecins avaient une telle relation de continuité avec l'épouse de cet homme dans le coma que c'est à elle qu'ils ont demandé son avis. On ne peut pas faire un conseil de famille en faisant voter les uns et les autres. C'est ingérable. Dans ces situations, les personnes hostiles à la fin de vie réagissent le plus souvent parce qu'ils n'étaient pas au courant, beaucoup plus que parce qu'ils ne voulaient pas de l'arrêt du traitement. Ce type de cas est rarissime car généralement il y a consensus dans les familles sur le fait de les arrêter. Quel proche doit être consulté en priorité pour une telle décision? C'est tout le problème. La loi ne peut pas l'encadrer. En l'absence d'une «personne de confiance» expressément désignée par le malade ou d'une volonté écrite de ce dernier, les médecins se tournent vers la personne la plus proche. Ce peut être une femme, une compagne, un ami. Le fait de vivre dix ans avec quelqu'un crée des liens affectifs qui correspondent plus à la réalité de ce qu'aurait souhaité la personne plutôt que des parents vus de moins en moins. Et cela ne dépend pas des liens juridiques, comme le mariage. Une compagne a autant de poids qu'une épouse. À la limite, on pourrait prendre un décret avec une hiérarchie familiale. Mais au nom de quoi, par exemple, un frère ou un père qui n'a pas vu le malade depuis un an devrait-il être davantage consulté que la mère de son enfant, présente tous les jours à ses côtés? Il ne faut par ailleurs pas oublier que l'on se contente de recueillir l'avis des proches même s'il est important d'établir un consensus. C'est le médecin qui décide au final. Le médecin n'aurait-il pas dû suspendre le processus à partir du moment où il a été confronté au refus des parents? Personne ne conteste la décision collégiale du médecin. En se contentant de l'avis de la femme, le médecin n'a pas commis d'erreur. C'est elle qui était en dialogue permanent avec le médecin et qui venait voir son mari. Mais sans doute eut-il été préférable qu'il stoppe le processus à partir du moment où les parents se sont montrés hostiles à la décision. Une des clefs de la loi, c'est le dialogue. La sagesse dans ce cas, c'est de suspendre la décision et d'essayer de trouver un consensus. Comment éviter ce type de situation inextricable? Il serait nécessaire que chaque Français désigne une «personne de confiance» susceptible de représenter leurs vœux. Ou fasse savoir expressément qu'en cas de problème médical grave, ils ne veulent pas -ou veulent- que l'on prolonge leur vie de façon artificielle. C'est ce que l'on appelle des «directives anticipées». J'ai été confronté à la situation d'un homme dans le coma. Le fait qu'il ait dit à plusieurs reprises, avant son problème de santé, que vivre pour lui, c'était bouger, se déplacer, parler, a facilité la prise de décision des membres de sa famille et les a déculpabilisés. |
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| Sujet: Re: VINCENT LAMBERT 17.05.13 10:30 | |
| Bataille familiale autour de la fin de vie d’un homme de 37 ans
Publié le 16/05/2013
Paris, le jeudi 16 mai 2013 – Certains se souviennent peut-être de l’affaire Terri Schiavo qui avait défrayé la chronique aux Etats-Unis en 2005. La jeune femme, dans un état "semi végétatif" après un accident de voiture avait été veillée pendant treize ans par son époux et sa famille avant qu’ils ne se déchirent sur le sort de Terri. L’époux estimait qu’elle n’aurait jamais supporté une telle situation et souhaitait la suspension de son alimentation et de son hydratation, quand la famille refusait une telle issue. Une longue bataille juridique s’en suivit qui finit par donner raison à l’époux de Terri.
Entraîner la mort mais ne pas la donner
Une affaire semblable agite aujourd’hui une famille française. Vincent, infirmier, âgé de 37 ans et père d’une petite fille est dans un état pauci-relationnel depuis un accident de la route survenu il y a quatre ans. Au début de l’année, les médecins qui le prennent en charge au sein de l’unité de soins palliatifs du CHU de Reims ont observé une modification de comportement du patient, semblant suggérer un désir de mourir. Dès lors ils ont recueilli le sentiment de son épouse et d’une partie de sa famille avant, à l’issue d’une procédure collégiale, de décider d’interrompre l’hydratation et l’alimentation du patient. Ce geste ne relève pas de l’euthanasie précisait ce matin sur RTL le docteur Vincent Morel président de la Société française d’accompagnement et de soins palliatifs (SFAP) mais du refus de l’acharnement thérapeutique. Néanmoins, il conduit inévitablement à la mort, ce qu’autorise la loi sur l’accompagnement de la fin de vie, dite loi Leonetti.
Des parents exclus de la consultation préalable
Cependant, les parents de Vincent, qui vivent à 800 km ont appris incidemment cette interruption de l’alimentation, à l’occasion de la visite d'un de leurs fils à son frère. Ne parvenant pas à faire changer la position des médecins, ils ont intenté une procédure d’urgence devant le juge des référés du tribunal administratif de Châlons-en-Champagne. Ce dernier a estimé dans sa décision qu’en ne consultant pas les parents, les médecins du CHU de Reims avait méconnu les dispositions de la loi Leonetti. Aussi, la réalimentation et réhydratation du patient ont-elles été ordonnées.
Une loi facilement accusée d’être floue
Le CHU de Reims qui précise que la justice ne remet pas en cause « le fond de la décision prise par l’équipe médicale », reconnaît avoir « failli sur une partie de l’accompagnement de sa famille ».
Cependant, les praticiens prenant en charge Vincent se défendent en remarquant que les dispositions de la loi Leonetti sont floues. L’opacité de ces dernières n’est cependant pas acquise pour tous.
L’article 37 du code de déontologie médicale indique que « la décision de limitation ou d'arrêt de traitement prend en compte les souhaits que le patient aurait antérieurement exprimés, en particulier dans des directives anticipées, s'il en a rédigé, l'avis de la personne de confiance qu'il aurait désignée ainsi que celui de la famille ou, à défaut, celui d'un de ses proches ». Certains pourraient estimer que la notion de famille devrait être plus précisément définie en détaillant les degrés de parenté des personnes devant être consultées.
Mourir de faim : une fin hypocrite ?
La relative clarté de la loi Leonetti sur les personnes devant être interrogées avant la mise en œuvre de la décision collégiale des médecins n’empêche pas aujourd’hui de nombreux commentateurs d’affirmer que cette dramatique affaire familiale confirme la nécessité d’une nouvelle loi sur l’accompagnement de la fin de vie. On relèvera plus certainement que le choix actuel de la France d’interdire l’euthanasie active mais de permettre des gestes entraînant la mort peut « faciliter » ce type de revirement. De fait, l’interruption de l’alimentation et de l’hydratation est une décision prise relativement régulièrement confirme le docteur Vincent Morel. Si pour les opposants à l’euthanasie, il s’agit d’une solution permettant de concilier l’aspiration de certains à mourir et le respect de l’interdiction de donner la mort, certains ne manquent pas de s’inquiéter des souffrances de ces patients privés d’alimentation. Vincent Morel assure que ces derniers ne souffrent pas. Cependant, quelques cas fortement médiatisés (tel celui d’Hervé Pierra en 2006) montrent que le "départ" de ces patients n’est pas toujours serein. A cet égard, dans nos colonnes, le président de l’Association pour le droit de mourir dans la dignité, Jean
Luc Romero observait : « Il faut cesser le discours selon lequel l’arrêt de l’hydratation, de l’alimentation ne fait pas souffrir. Personne n’a été dans cette position là pour savoir ce que ça fait réellement. Et surtout, en quoi est-ce plus cruel de permettre à quelqu’un de partir en quelques secondes, sans souffrance, après une injection létale ou en avalant soi-même un produit, en quoi cela est-ce absolument abominable alors que ce ne serait pas abominable d’arrêter d’hydrater et d’alimenter un patient ? ».
Aurélie Haroche |
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| Sujet: Re: VINCENT LAMBERT 17.05.13 16:42 | |
| Fin de vie : David dit avoir évité la mort de son frère Par La Rédaction de RTL.fr. | Publié le 16/05/2013 à 20h39 Vincent, hospitalisé au CHU depuis 2008 à la suite d'un accident de voiture grave, était dans un état pauci-relationnel, c'est-à-dire un état de conscience minimale. Crédit : AFP / Archives TÉMOIGNAGE RTL - Le demi-frère de Vincent, un patient tétraplégique hospitalisé à Reims, dénonce l'attitude des médecins qui, selon lui, ont tenté de pratiquer une euthanasie passive sans en avoir l'autorisation."Les médecins ont détourné la loi Leonetti". La phrase est lâchée. David, le demi-frère d' un patient de 37 ans hospitalisé depuis 5 ans après un accident de moto, les accuse de l'avoir "mis en fin de vie". Une initiative dont n'avait pas été informée toute la famille. "Une erreur" reconnuepar les médecins qui se défendent en évoquant "des comportements d'opposition aux soins faisant suspecter un refus de vivre". Eric Kariger qui dirige le service de médecine palliative au CHU de Reims, précise toutefois que la décision avait été prise "avec sa femme" qui considérait le maintien des soins comme "une obstination déraisonnable". "Nous ne sommes pas certain que son épouse ait dit un 'oui' franc, je pense qu'on l'a accompagnée progressivement vers cette démarche", déclare David sur RTL. Vincent n'est pas en fin de vie, il a été mis en fin de vieDavid, son demi-frère Lui et ses parents s'étaient aperçus lors d'une visite à l'hôpital le 26 avril dernier que Vincent n'était plus alimenté ni hydraté. "Lorsque nous nous rendons à son chevet, il pleurait", explique-t-il avec émotion sur RTL. "Nous lui avons dit, 'nous venons de te sauver la vie. Il a alors tourné la tête et m'a souri'", insiste-t-il. Le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne, saisi, ordonne samedi le rétablissement de l'alimentation du patient tétraplégique. "Je suis absolument persuadée que mon fils ne veut pas mourir" avait alors déclaré à l' AFP Viviane Lambert, la mère de Vincent. |
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| Sujet: Re: VINCENT LAMBERT 17.05.13 17:21 | |
| Fin de vie: la justice rappelle la loi aux médecins Publié le : 17 Mai 2013 par Philippe Berrebi
Plusieurs enquêtes l’ont montré, la loi Leonetti sur la fin de vie est peu connue du grand public et même des médecins. Et la décision du tribunal administratif de Châlons-en–Champagne vient de le rappeler. Tout commence en 2008. Vincent Lambert, un infirmier de 37 ans, est victime d’un accident de moto. Hospitalisé au CHU de Reims, il est tétraplégique. Après avoir traversé une période de coma végétatif, l’homme se trouve depuis août 2011 dans un état pauci-relationnel, un état de conscience minimal. « Le 8 avril dernier, raconte Marine Lamoureux dans le journal La Croix, l’équipe médicale décide, dans le cadre d’une procédure collégiale, l’arrêt de l’alimentation artificielle et le maintien d’une hydratation faible en application de la loi Leonetti ». L’épouse de Vincent est associée étroitement à cette décision. D’après elle, son mari n’avait pas donné par écrit d’instruction à suivre en de pareilles circonstances, mais avait fait savoir avant l’accident qu’il ne souhaitait pas être maintenu artificiellement en vie.
Mais le 9 mai, relate le quotidien, les parents du patient, opposés à la décision des médecins, déposent une requête afin que la sonde d'alimentation soit rétablie. Ils reprochent au CHU de ne pas les avoir informés de la démarche et donc ne pas avoir pris compte de leur avis. La justice leur donne raison et ordonne le 11 mai le rétablissement de l’alimentation artificielle.
Une controverse qui appelle des questions, note la journaliste. Que désigne le terme de « famille » dans la loi Leonetti ? L’auteur du texte répond dans le Figaro. « On ne peut pas faire un conseil de famille en faisant voter tous les membres, c’est ingérable » explique Jean Leonetti. Selon la loi, « les médecins se tournent vers la personne la plus proche » en l’absence d'une personne de confiance désignée par le malade ou de volonté écrite. Et le député UMP de rappeler que le médecin doit recueillir l’avis des proches, mais que c’est lui qui décide au final.
Pour le Dr Leonetti, c’est le défaut d’information qui est à l’origine de l’affaire de Reims. « Les personnes hostiles à la fin de vie, souligne-t-il, réagissent le plus souvent parce qu’elles n’étaient pas au courant beaucoup plus que parce qu’elles ne voulaient pas l’arrêt du traitement ». Au-delà des termes de la loi, c’est la logique du dialogue et de la sagesse qui doit, selon lui, prévaloir. Le chef du service de médecine palliative au CHU de Reims ne dit pas autre chose. Le Dr Eric Kariger assume son erreur. « Je me range à la décision du juge, dit-il au Quotidien du médecin. Nous sommes aux côtés de Vincent et de tous les membres de la famille qui le souhaitent ». |
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| Sujet: Re: VINCENT LAMBERT 17.05.13 17:41 | |
| Entretien avec le Dr Vincent Morel
Fin de vie : des directives anticipées dans 2 % des cas
par Cécile Coumau et Bruno Martrette | Publié le 17 Mai 2013
Un tribunal a donné raison à des parents qui s'opposaient à l'euthanasie passive de leur fils souhaitée par la femme du patient. Ce dernier n'avait pas laissé de directive. Les parents de Vincent Lambert, un tétraplégique hospitalisé à Reims depuis 5 ans en état de « conscience minimale », ont réussi à bloquer par voie de justice l'euthanasie passive de leur fils, souhaitée par la femme du patient. Une victoire obtenue devant le tribunal administratif grâce à une ordonnance obligeant les équipes médicales à réalimenter et réhydrater leur fils. La situation était pourtant compliquée car le patient vicitime d'un accident de voiture n'avait pas rédigé de directives anticipées. Un cas fréquent, pour le Dr Vincent Morel, président de Société Française d'Accompagnement et de soins Palliatifs, puisque « dans seulement 2% des dossiers, les médecins retrouvent des directives anticipées ».
La loi Leonetti sur la fin de vie
Dr Vincent Morel: Quand un médecin prend une décision de limiter ou d'arrêter un traitement pour éviter l'acharnement thérapeutique qu'un patient ne souhaite pas, il doit faire 3 choses. Tout d'abord, consulter les éventuelles directives anticipées, ce que le malade aurait pu écrire par rapport à ce qu'il souhaitait. Ensuite, le médecin doit interroger la personne de confiance désignée par le malade, qui sera en quelque sorte le porte parole du patient. Enfin, les équipes médicales devront aussi questionner la famille, et c'est sur ce dernier point que l'ordonnance du juge des référés appporte des précisions.
La vision élargie de la famille donnée par le tribunal
Dr Vincent Morel: Sur la famillle, si l'on prend la lecture stricte du jugement, le tribunal a dit qu'il fallait désormais avoir une vision assez large de la famille et consulter l'ensemble des personnes du cercle familial. D'après l'ordonnance, les médecins doivent aller au-delà des conjoints lors de la discussion avec la famille, c'est-à-dire au moins jusqu'aux parents. Et cela y compris lorsque la personne a 40-50 ans et qu'elle est mariée.
Les directives anticipées peu connues des Français
Dr Vincent Morel: Sur les directives anticipées, on a un chiffre précis. Quand on reprend les certificats de décès et les dossiers, on s'aperçoit que seulement 2% des personnes ont écrit des directives anticipées. Il y a deux raisons à cela. Premièrement, la non-information du grand public et des citoyens, il n'y a pas eu depuis que cela existe de vraie campagne d'information sur ce que sont les directives anticipées, ni même sur la personne de confiance d'ailleurs. Le deuxième point, c'est qu' écrire des directives anticipées n'est pas toujours simple, notamment dans une situation d'accident où la personne ne peut pas prévoir ce qui va lui arriver.
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| Sujet: Re: VINCENT LAMBERT 27.05.13 12:07 | |
| La justice a ordonné que l’hôpital de Reims reprenne l’alimentation d’un homme que l’équipe médicale avait cessé d’alimenter depuis 30 jours, dans l’intention de provoquer sa mort.
C’est une terrifiante histoire qui se déroule au CHU Sébastopol de Reims. Elle concerne Vincent Lambert, un homme de 37 ans qui y est durablement alité, à cause des séquelles d’un grave accident de la circulation survenu il y a plus de 4 ans et demi. Après avoir traversé une période de coma profond, l’homme se trouve depuis de longs mois dans un état intermédiaire dit « paucirelationnel ». C’est-à-dire qu’il alterne les moments de sommeil et les phases de « réveil » durant lesquelles il est en mesure de réagir aux stimuli, notamment de ses proches, de les suivre du regard, de sourire ou de manifester une émotion, mais sans s’exprimer de façon explicite.
Vivant sans le support d’aucun traitement médical, ni d’aucune aide respiratoire, l’homme était nourri et hydraté par sonde gastrique. Or, voilà que, sans prévenir ses parents — mais vraisemblablement avec l’accord d’autres proches très éprouvés par cette situation — l’équipe médicale a cessé le 10 avril 2013 d’alimenter le patient, tout en réduisant considérablement son hydratation. Le mobile de cet arrêt est sans équivoque : provoquer la mort.
Alertés le 26 avril 2013, au hasard d’une visite, de ce changement qu’ils avaient refusé lorsqu’on le leur avait suggéré, ses parents ont immédiatement protesté, mais n’ont pu obtenir gain de cause auprès de l’équipe médicale, le chef de service se réfugiant derrière une « décision collégiale ». Ils se sont donc résolus à saisir le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne, le 8 mai, d’une requête en référé « contre la décision du Centre hospitalier universitaire de Reims de provoquer la mort de Vincent Lambert par suppression de son alimentation depuis le 10 avril 2013 ».
Le tribunal administratif leur a donné droit, ordonnant le 10 mai que l’alimentation du patient soit immédiatement reprise. Une première en France qui pourrait avoir d’importantes conséquences. La situation ressemble à la controverse ayant accompagné, aux États-Unis, la fin de vie de Terri Schiavo. La jeune femme était décédée le 27 mars 2005 après treize jours d’agonie suivie en direct par tous les médias : sa sonde alimentaire avait été retirée sur ordre d’un tribunal, après dix ans de batailles judiciaires entre ses parents et son mari. Le Vatican avait aussitôt condamné cette mort administrée.
Depuis le vote de la loi Leonetti sur la fin de vie, obtenu à l’unanimité à l’Assemblée nationale, on sait qu’un courant de pensée a choisi de l’interpréter dans un sens euthanasique, sans l’expliciter. L’exposé des motifs de la loi prétend que l’alimentation et l’hydratation sont des traitements (alors que, comme les soins d’hygiène, ce sont des soins de base toujours dus aux patients, sauf nécessité médicale) ; or, la loi confirme que des traitements médicaux doivent être interrompus s’ils s’avèrent disproportionnés et peuvent l’être s’ils sont refusés… Des équipes médicales ont donc prôné et mis en pratique l’arrêt d’alimentation et d’hydratation à visée euthanasique, éventuellement assorti d’une sédation terminale qui permet de masquer les symptômes de l’agonie.
Le docteur Xavier Mirabel, président d’Alliance VITA, dénonce dans cette pratique « l’euthanasie à la française » (cf. revue Liberté Politique, n°39, 2007). Les promoteurs de l’euthanasie la récusent désormais volontiers alors qu’ils n’ont pas hésité à la soutenir (cf. La Bataille de l’euthanasie, Salvator, 2012). Ils l’affirment « inhumaine ». C’est devenu pour eux un argument-clé pour promouvoir l’euthanasie par injection létale, plus expéditive. Le scandale de l’interprétation abusive de la loi fin de vie éclate en France aujourd’hui, avec un patient qu’on veut faire mourir à l’insu de ses parents, alors qu’il n’a rien demandé. Et dans un contexte où l’on a découvert, grâce au neurologue Steven Laureys, du Coma Science Group de l’université de Liège, que les personnes en situation qu’on prétend « végétative » perçoivent souvent bien davantage leur environnement qu’on ne pouvait le penser.
On a même pu montrer que beaucoup trouvent des raisons de vivre, malgré leur immense dépendance. Selon plusieurs de ses proches, Vincent Lambert se rend compte de leur présence à son chevet. Il pleure actuellement beaucoup lors des visites. Nul ne sait s’il se remettra de ce que des soignants ont cru devoir lui imposer.
Le médecin s’est, quant à lui, montré décidé à reprendre à zéro le processus collégial interdisciplinaire pour stopper l’alimentation et provoquer sa mort.
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| Sujet: Re: VINCENT LAMBERT 27.05.13 12:34 | |
| CITATION= "Depuis le vote de la loi Leonetti sur la fin de vie, obtenu à l’unanimité à l’Assemblée nationale, on sait qu’un courant de pensée a choisi de l’interpréter dans un sens euthanasique, sans l’expliciter. L’exposé des motifs de la loi prétend que l’alimentation et l’hydratation sont des traitements (alors que, comme les soins d’hygiène, ce sont des soins de base toujours dus aux patients, sauf nécessité médicale) ; or, la loi confirme que des traitements médicaux doivent être interrompus s’ils s’avèrent disproportionnés et peuvent l’être s’ils sont refusés… Des équipes médicales ont donc prôné et mis en pratique l’arrêt d’alimentation et d’hydratation à visée euthanasique, éventuellement assorti d’une sédation terminale qui permet de masquer les symptômes de l’agonie". CITATION= "Le docteur X.M., président d’AV, dénonce dans cette pratique « l’euthanasie à la française » (cf. revue Liberté Politique, n°39, 2007). Les promoteurs de l’euthanasie la récusent désormais volontiers alors qu’ils n’ont pas hésité à la soutenir (cf. La Bataille de l’euthanasie, Salvator, 2012). Ils l’affirment « inhumaine ». C’est devenu pour eux un argument-clé pour promouvoir l’euthanasie par injection létale, plus expéditive".
L'auteur de mon copié-collé se contredit lui-même puisqu'il écrit= ""Le docteur X.M., président d’AV, dénonce dans cette pratique « l’euthanasie à la française » (cf. revue Liberté Politique, n°39, 2007)".
L'euthanasie à la française signifie que la loi Léonetti est bien une loi euthanasique... ... ...
L'auteur de mon copié-collé omet volontairement de parler d'euthanasie passive et d'euthanasie active,et d'en faire la différence Ma question= Doit-on moralement alimenter et hydrater un patient dans le coma depuis un certain temps ???... ... ...(EVC état végétatif chronique cf blog des parents d'Hervé Pierra) Quant on sait que le coma est une résultante de la recherche médicale,et par conséquent de l'acharnement thérapeutique |
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| Sujet: Re: VINCENT LAMBERT 30.05.13 9:47 | |
| "Laisser partir Vincent est ma dernière preuve d'amour" LE MONDE | 29.05.2013 à 05h27 • Mis à jour le 29.05.2013 à 11h36 Propos recueillis par François Béguin et Laetitia Clavreul
Mme Lambert, dans un café à Reims (Marne), le 24 mai. L'épouse de Vincent ne souhaite pas que son prénom apparaisse.
Elle avait jusqu'à présent gardé le silence. L'épouse de Vincent Lambert a choisi de s'exprimer. Son mari, 37 ans, est dans un état "pauci-relationnel", un état végétatif chronique, depuis un accident de la route, en 2008.
Dans le cadre d'une procédure collégiale prévue par la loi Leonetti, l'équipe médicale du CHU de Reims, où il est hospitalisé, a décidé le 10 avril l'arrêt de son alimentation et la limitation de son hydratation (son seul traitement). Elle avait constaté des comportements d'opposition lors des soins, faisant suspecter un refus de vivre. Hostiles à cette décision, ses parents et deux de ses frères et sœurs ont saisi le tribunal administratif, qui a ordonné, le 11 mai, la reprise de l'alimentation et de l'hydratation normales, au motif que ceux-ci n'avaient pas été consultés.
Lire : La fin de vie d'un jeune homme au cœur d'une bataille familiale
L'arrêt du traitement, Mme Lambert (qui ne souhaite pas voir son prénom apparaître) l'avait accepté "pour Vincent". Les traits tirés, la jeune femme de 32 ans raconte avec dignité son "cheminement" et la "violence" de la situation.
Qu'avez-vous ressenti en apprenant la reprise du traitement de votre mari?
Mme Lambert C'était d'une violence inouïe. Le matin même, et depuis un mois, il n'était plus alimenté, et d'un coup il l'était de nouveau. C'était inouï, au regard du long cheminement psychologique autour de sa fin de vie que nous avions parcouru, et des souhaits qu'il avait exprimés antérieurement. Je n'avais jamais vu Vincent autant apaisé que pendant l'arrêt des soins.
J'ai appris la décision du tribunal en allant lui rendre visite, je ne m'y attendais pas. Je n'avais eu connaissance que la veille de la procédure lancée par mes beaux-parents. La dernière fois que l'on s'était vraiment parlé avec ma belle-mère, nous avions pourtant évoqué les funérailles de Vincent.
Quel est votre état d'esprit ?
La médiatisation m'est tombée dessus et ce n'était pas mon choix. Vincent et moi étions des gens assez discrets. J'ai été outrée que notre histoire soit mise sur la place publique, qu'on révèle l'existence de notre enfant et qu'une photo de Vincent sur son lit d'hôpital soit diffusée, notamment à la télévision. J'ai également été choquée d'entendre, ici ou là, des absurdités sur son état ou que c'est moi qui aurais obtenu cette décision du médecin. On a entendu un seul point de vue, celui de la mère qui veut sauver la vie de son fils. Mais quelle vie ? Au nom de quels principes?
Quelle est la situation médicale de votre mari ?
Il a été dans le coma après son accident et il n'a pas fait de véritable progrès depuis. Au niveau médical, nous sommes allés jusqu'au bout pour faire avancer son état cognitif. Il a été pris en charge en 2009 au centre d'éveil de Berck (Pas-de-Calais) pendant trois mois et demi. Aucun signe n'a été détecté. En 2011, il a été diagnostiqué en "état de conscience minimal plus" au centre de recherche sur le coma (Coma Science Group) de Liège, en Belgique, dans le service du professeur Laureys. On nous a laissé entendre qu'il n'y aurait pas d'évolution possible.
Quel a été votre cheminement ?
Le premier jour, vous subissez de plein fouet. Votre mari est dans le coma, sous sédation. Vous vous dites que ce n'est pas vrai, qu'il va s'en remettre. Vous venez d'avoir un bébé, alors, pour vous, il n'y a pas d'autre option, il va revenir à la maison. Et puis, quand la sédation a été levée, j'ai vu qu'il enroulait ses bras. Etant infirmière, j'ai tout de suite compris que c'était un signe de souffrance neurologique, et donc que c'était bien plus grave que ce que je croyais.
Je ne connaissais pas la loi Leonetti sur la fin de vie. Je me suis dit qu'il n'y aurait désormais pour Vincent plus rien d'autre que de la souffrance, pendant des années, jusqu'à ce qu'il s'éteigne pour une raison ou pour une autre. Je savais que c'était une vie dont il n'aurait pas voulu. Nous sommes tous les deux infirmiers, nous en avions parlé.
En tant qu'épouse de Vincent, en tant que mère de son enfant, est-il possible de donner son accord aux médecins ?
Je n'ai pas donné un accord, j'ai accepté la décision médicale après avoir témoigné auprès des médecins de ce que je connaissais de Vincent. Je l'ai acceptée parce que j'ai compris qu'il n'y aurait pas de retour de Vincent à la conscience. Sa souffrance est reconnue par tout le corps médical et par un professeur d'éthique. C'est aussi une souffrance pour moi de le voir partir. Mais comparée à ce qu'il peut endurer, ça ne peut pas être mis dans la balance. Le laisser partir est la dernière preuve d'amour que je pouvais lui apporter.
Approuvez-vous le fait que la décision revienne aux médecins, et pas à la famille ?
Dans ce genre de situation, c'est important. C'est une sécurité d'un point de vue psychologique de ne pas avoir à porter le poids d'une telle décision. La culpabilité qui pourrait en découler est bien trop importante. C'est aussi une sécurité quand il y a désaccord au sein de la famille et que cela devient une affaire récupérée à des fins idéologiques.
C'est-à-dire ?
Avant même la décision du tribunal, il y a eu des articles sur des sites Internet, d'abord Riposte catholique . Même avec l'utilisation d'un pseudonyme, notre histoire était reconnaissable. J'ai reçu un courrier d'un membre de la Fraternité Saint-Pie-X, dont les parents de Vincent sont proches, qui me disait que je cautionnais "un processus de mort" et qui me demandait de "laisser vivre" mon mari.
On peut dire, pudiquement, que Vincent a souffert physiquement et moralement de cette Fraternité. Il l'avait reniée. C'est donc d'autant plus nauséabond que son histoire soit aujourd'hui récupérée par ces gens. Mon époux n'avait pas les mêmes opinions que ses parents, notamment sur la question de la fin de vie.
Estimez-vous que votre avis doit davantage compter que le leur ?
Je considère que, en tant qu'épouse, j'ai une véritable légitimité. Que le tribunal ait pris une décision sans m'entendre, du fait de la procédure engagée, cela m'a choquée, car seule une partie s'est exprimée. J'ai été évincée comme si je ne faisais pas partie de la famille de mon mari. Or nous sommes mariés, nous avons un enfant. Je représente sa première famille, celle qu'il a créée, celle qu'il a choisie.
J'ai accompagné Vincent chaque jour pendant quatre ans et demi. J'étais là quand il refusait les soins. On ressent une grande souffrance dans ces moments-là. Ses parents, eux, venaient le voir trois ou quatre fois par an. Quand on n'a pas la réalité en face, on peut peut-être davantage fantasmer sur un devenir qui n'est pas.
Vous avez dû témoigner au commissariat, à la suite d'un signalement au procureur pour interrompre l'arrêt des traitements. Comment l'avez-vous vécu ?
Les parents de Vincent n'ont peut-être pas mesuré la violence des termes et des actes qu'ils utilisaient. Une telle convocation, alors que vous accompagnez votre mari dans sa fin de vie dans l'amour et le respect, que vous êtes abattue, c'est très violent.
Comment voyez-vous la suite ?
J'aimerais que Vincent soit entendu et respecté dans ce qu'il était avant. Je continue de penser que cette décision d'arrêt des traitements est la bonne. Six de ses huit frères et soeurs partagent cette position. Et à ceux qui voudraient croire ou qui insinueraient, comme je l'ai lu, que j'ai intérêt à ce que mon mari parte, je voudrais dire que, malgré son handicap, il est toujours resté mon mari, et que la douleur de le perdre sera toujours aussi grande. Je ne le laisse pas partir pour moi, je le laisse partir pour lui.
Lire aussi (abonnés) : Fin de vie : en 2005, l'affaire Schiavo a divisé l'Amérique
François Béguin et Laetitia Clavreul Deux camps sur l'arrêt de l'alimentation artificielle
La loi Leonetti sur la fin de vie proscrit l'acharnement thérapeutique, et permet l'arrêt des traitements. L'alimentation et l'hydratation artificielles étant assimilées à un traitement, celles-ci peuvent donc être arrêtées. Pour éviter que le patient souffre, il peut lui être administré des sédatifs et sa bouche est régulièrement rafraîchie. Le décès intervient au bout de plusieurs jours ou semaines. Cette procédure est jugée inhumaine par les deux camps qui s'opposent dans le vif débat sur la question de l'aide à mourir. D'un côté, les opposants estiment que l'alimentation est un soin de base dû à toute personne, pas un traitement. Ils dénoncent une interprétation "euthanasique" de la loi Leonetti. De l'autre, les partisans de l'euthanasie souhaiteraient que "cesse l'hypocrisie", et plaident pour l'autorisation de pratiquer un acte létal, qui permettrait une mort rapide.
Statu quo sur le lieu d'accueil et la procédure
Vincent Lambert restera hospitalisé à Reims. Ses parents avaient exprimé leur volonté que leur fils change de lieu d'accueil, alors que son épouse souhaitait qu'il reste dans le service qui le suit depuis des années. Les deux parties ont été entendues par le docteur Eric Kariger, chef de service. C'est là qu'il restera. Il y a ses repères, et plusieurs membres de sa famille peuvent facilement venir l'y voir. La réflexion sur l'arrêt des traitements pourrait reprendre après l'été. "Il faut laisser le temps à chacun de se reconstruire", explique le médecin, souhaitant qu'au sein de cette famille éclatée, le dialogue puisse reprendre.
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| Sujet: Re: VINCENT LAMBERT 30.05.13 10:01 | |
| "La loi Leonetti sur la fin de vie proscrit l'acharnement thérapeutique, et permet l'arrêt des traitements. L'alimentation et l'hydratation artificielles étant assimilées à un traitement, celles-ci peuvent donc être arrêtées. Pour éviter que le patient souffre, il peut lui être administré des sédatifs et sa bouche est régulièrement rafraîchie. Le décès intervient au bout de plusieurs jours ou semaines. Cette procédure est jugée inhumaine par les deux camps qui s'opposent dans le vif débat sur la question de l'aide à mourir. D'un côté, les opposants estiment que l'alimentation est un soin de base dû à toute personne, pas un traitement. Ils dénoncent une interprétation "euthanasique" de la loi Leonetti. De l'autre, les partisans de l'euthanasie souhaiteraient que "cesse l'hypocrisie", et plaident pour l'autorisation de pratiquer un acte létal, qui permettrait une mort rapide". |
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| Sujet: Re: VINCENT LAMBERT 30.05.13 11:47 | |
| Liberté Politique Pierre-Olivier Arduin ESPECE DE CONNARD P.O.A. On est envahi par l'encens de Civitas... La justice sauve un patient d’une euthanasie Article rédigé par Pierre-Olivier Arduin, le 15 mai 2013 La justice sauve un patient d’une euthanasie Par une ordonnance rendue le samedi 11 mai, le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne a enjoint le Centre hospitalier de Reims de rétablir l’alimentation et l’hydratation arbitrairement suspendues chez un patient pris en charge dans le service de soins palliatifs. Une victoire juridique qui met en lumière l’un des aspects les plus contestables de la loi du 22 avril 2005, dite loi Leonetti. VINCENT LAMBERT – à ne pas confonde avec son presque homonyme Vincent Humbert dont l’euthanasie en 2003 avait suscité la mise en place d’une mission parlementaire à l’origine de la loi du 22 avril 2005 relative aux droits des malades et à la fin de vie – est le nom de ce jeune homme qui se retrouve au cœur d’une spectaculaire affaire dont le dénouement juridique a mis en pleine lumière les contradictions de la loi Leonetti. Il faut ici rendre hommage à Jeanne Smits, spécialiste des questions bioéthiques, qui a révélé très tôt l’enjeu du combat qui se déroulait autour de Vincent Lambert. Il faut surtout saluer le courage de l’avocat des parents du jeune homme, Me Jérôme Triomphe, qui n’a pas craint de contester un point extrêmement controversé de la loi actuelle et d’avoir déposé dans les plus brefs délais une requête en référé-liberté qui a abouti à l’annulation de la décision des médecins de faire mourir par inanition leur patient. Vincent Lambert, après 31 jours sans alimentation, est aujourd’hui hors de danger. Coup de force de l’équipe médicale L’histoire clinique de Vincent Lambert est assez classique dans son déroulement depuis qu’il a été victime le 29 septembre 2008 à l’âge de 32 ans et demi d’un accident de voiture qui l’a laissé dans un état de coma végétatif pendant presque trois ans, puis de « coma pauci-relationnel » depuis août 2011. La formule médicale anglo-saxonne Minimally Conscious State [1] est plus explicite : on nomme ainsi cet état car il persiste chez la personne, contrairement à l’état végétatif strict, une certaine capacité de communication en réponse à des sollicitations des proches, comme des manifestations émotionnelles que l’on peut relier à des circonstances déterminées, des attitudes ou des gestes dont la signification est compréhensible par l’observateur, autant de signes qui manifestent chez ces patients une certaine capacité de relation [2]. En effet, Vincent Lambert réagit lorsqu’il entend des voix familières, pleure lorsque sa famille le visite… La suite de l’affaire dont on connaît maintenant les détails et le calendrier s’apparente à un coup de force de l’équipe médicale. Le 5 avril dernier, alors que Viviane Lambert rend visite à Vincent, le chef de service lui propose de cesser toute alimentation et de se préparer à la mort de son fils. Elle lui oppose un refus catégorique et demande à ce qu’il la reçoive avec son mari, un rendez-vous officiel étant alors fixé au 15 mai. Or, le 26 avril, les parents de Vincent apprennent par deux autres de leurs enfants que l’alimentation a été totalement suspendue et que l’hydratation est passée de trois litres par jour à 500 ml quotidiens, et ce depuis le 10 avril. S’engage alors une course contre la montre pour tenter de sauver la vie de Vincent, les médecins responsables restant sourds aux différentes mises en demeure adressées par les parents, dont l’envoi d’un huissier de justice. Rien n’y fera avant que la famille ne porte l’affaire devant le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne. Référé gagné Leur avocat, Me Jérôme Triomphe, va ainsi lancer une requête en référé-liberté « contre la décision du CHU de Reims de provoquer la mort de Vincent Lambert par suppression de son alimentation depuis le 10 avril 2013 ». Cette procédure est prévue par le code de justice administrative, qui aux termes de l’article L. 521-2, indique que le juge des référés saisi d’une demande justifiée par l’urgence peut ordonner dans les 48 heures « toutes mesures nécessaires à la sauvegarde d’une liberté fondamentale à laquelle une personne morale de droit public [...] aurait porté une atteinte grave et manifestement illégale ». Après une audience de plus de deux heures samedi 11 mai, le juge des référés, Mme Catherine Monbrun, ordonne que soient rétablies immédiatement l’alimentation et l’hydratation normales de Vincent Lambert. Cette décision totalement inédite en France soulève de nombreux enjeux liés à l’éthique et au droit, tant sur le fond que sur la forme, que nous allons essayer de mettre en lumière pour expliquer les dessous et les rebondissements de cette affaire. Le retrait de l’alimentation artificielle équivaut à une euthanasie Les patients qui se trouvent dans des situations de coma respirent spontanément, digèrent naturellement les aliments, disposent de toutes leurs fonctions métaboliques et se trouvent dans une situation stable. Ainsi Vincent Lambert n’a besoin d’aucun traitement médical particulier et ne souffre d’aucune pathologie. Comme l’avait exposé en 2008 le neurochirurgien Anne-Laure Boch lors des auditions conduites par la seconde mission parlementaire d’évaluation de la loi du 22 avril 2005, « ces patients, souvent jeunes et en bonne santé générale (du fait de l’épidémiologie, et aussi parce que, pour en arriver là et survivre à la phase initiale, il fallait être costaud) ne font en fait quasiment pas de complications impliquant le pronostic vital [3] ». L’objectivité du tableau clinique permet de conclure que ces patients ne sont tout simplement pas en fin de vie contrairement à ce que l’on croit parfois. En raison du mauvais fonctionnement du réflexe de déglutition, ils ont juste besoin de bénéficier d’une assistance nutritionnelle au même titre qu’un nourrisson prématuré par exemple. Dans ce cas, l’alimentation et l’hydratation médicalement assistées ne cherchent pas à traiter une pathologie organique qui toucherait la fonction nutritive mais servent à pallier un problème simplement mécanique en répondant à un besoin de base de l’organisme. Il s’agit ni plus ni moins d’éviter les fausses routes, c’est-à-dire le passage des aliments dans les voies respiratoires, qui ne manqueraient pas de se produire si l’on donnait à manger par la bouche à ces personnes. Le recours à ce geste permet donc de contourner un simple défaut de déglutition grâce à une simple sonde qui délivre les nutriments directement dans l’estomac. Il en résulte que le retrait de cette assistance ne peut qu’aboutir à la mort par inanition du patient, et ce à plus ou moins brève échéance. La suspension de l’alimentation ne peut donc être décidée que dans le but de faire mourir le patient. Y consentir revient à perpétrer une euthanasie caractérisée, celle-ci étant définie comme l’acte ou l’omission pratiquée par un tiers dans l’intention de tuer le malade. Le problème est que la loi du 22 avril 2005 et ses décrets d’application ont légitimé plus ou moins indirectement ce type d’euthanasie par arrêt de l’alimentation et de l’hydratation. Il s’agit de l’un des points les plus contestables de cette loi dont plusieurs experts avaient pourtant mis en garde, lors des travaux de la première mission parlementaire en 2004, contre la transgression morale qu’il représentait et les conséquences funestes qui ne manqueraient pas de surgir dans son sillage. Pour valider cette pratique controversée, le législateur s’était abrité à l’époque derrière la distinction artificielle entre ce qui relève du soin, toujours dû, et ce qui relève du traitement médical, susceptible d’être stoppé. La législation du 22 avril 2005 autorise en effet à certaines conditions la suspension de « tout traitement » ainsi que le précise le nouvel article L. 1111-4 du Code de la santé publique [4]. Or le législateur avait ajouté dans l’exposé des motifs de la loi que les limitations et arrêts de traitement « s’appliquent à tout traitement, quel qu’il soit, y compris l’alimentation artificielle ». Cette interprétation, non seulement n’est pas partagée par les bioéthiciens et les spécialistes qui s’occupent des personnes cérébro-lésées (état végétatif et état pauci-relationnel) mais en outre est totalement incohérente avec l’économie générale de la loi qui prohibe l’euthanasie. Il s’agit en outre d’une lecture partiale, car à aucun endroit le droit n’identifie explicitement l’alimentation artificielle à un traitement médical comme nous le montrerons plus loin. L’alimentation artificielle est un soin Nombre de bioéthiciens contestent le fait de ranger l’alimentation et l’hydratation artificielles dans la catégorie des traitements. Le docteur François Tasseau, praticien dans un centre de rééducation post-réanimation, auditionné par la seconde mission parlementaire, précise ainsi : « Ce qui justifie le recours à la nutrition “artificielle” chez ces patients n’est pas lié à une déficience de la fonction digestive à proprement parler. En effet, une fois introduits dans le tube digestif, les aliments sont digérés et assimilés de façon quasi normale [...]. Le terme de nutrition artificielle ne convient donc pas à cette situation car ce n’est pas la fonction de nutrition qui est déficitaire ; il faut plutôt parler de nutrition “administrée” artificiellement, afin de souligner que c’est l’introduction des aliments qui nécessite le recours à une technique particulière. » Sur un plan strictement juridique, l’alimentation entérale répond à la définition des aliments diététiques destinés à des fins médicales, qui figure à l’article L. 5137 du Code de la santé publique. Celui-ci dispose que l’« on entend par aliments diététiques destinés à des fins médicales spéciales les aliments destinés à une alimentation particulière qui sont traités ou formulés pour répondre aux besoins nutritionnels des patients… ». Si la poche d’alimentation est un produit pharmaceutique dans la mesure où elle répond à la définition des aliments diététiques, il ne s’agit donc pas d’un médicament [5]. Ainsi la qualification de traitement médical ne fait aucun doute concernant le médicament, mais on ne peut pas affirmer qu’elle englobe la catégorie des éléments diététiques. Si la procédure de l’alimentation par sonde relève en effet initialement de la technique médicale, son but est de répondre à un besoin élémentaire de nourriture qui permet en définitive la dispensation d’un soin de base. Une fois la sonde posée, l’alimentation devient de l’ordre de la gestuelle des soins. Plusieurs auteurs classent ainsi l’alimentation assistée dans une niche spécifique pour signifier qu’elle représente un acte technique sans pour autant être réductible à un traitement thérapeutique classique. Ils suggèrent de la renommer nutritionmédicale afin d’insister sur son caractère ordinaire pour la conservation de la vie. De manière très intéressante, dans les considérants de l’ordonnance du 11 mai, le juge des référés rappelle que le droit n’a pas tranché explicitement la question : « L’administration, par voie de sonde et de tubes, de substances chimiques équilibrées permettant l’alimentation et l’hydratation d’une personne en situation de coma et donc de totale dépendance, constitue un acte de soin au sens de l’article L. 1110-5 du code de la santé publique et un traitement au sens de l’article L. 1111-4 » (considérant 7). L’alimentation s’inscrit dans le concept de proportionnalité des soins Nous avions d’ailleurs proposé en 2008 de sortir de cette distinction artificielle en insistant sur le caractère éminemment proportionné de l’administration assistée de nutriments et d’eau. Dans le cas de personnes dans le coma, celle-ci est en effet proportionnée pour atteindre son but : empêcher le patient de mourir d’inanition et de déshydratation. Elle n’est, ni n’entend être, une thérapie résolutive, mais constitue un soin ordinaire et proportionné pour la conservation de la vie. Quand bien même on qualifierait ce soin de « traitement », la loi du 22 avril 2005 n’autoriserait pas à le suspendre : seuls les traitements « inutiles, disproportionnés ou n’ayant d’autre effet que le seul maintien artificiel de la vie », c’est-à-dire relevant de « l’obstination déraisonnable », peuvent être interrompus. Or on ne peut en aucun cas parler d’obstination déraisonnable ou de traitement disproportionné au sens de la loi puisque justement l’alimentation assistée peut être poursuivie longtemps sans effet secondaire majeur et avec une grande efficacité pour soutenir la vie du patient dans le coma. L’intention de laisser advenir une mort par inanition contre laquelle on pourrait lutter avec la perspective d’un succès durable au plan du maintien de la vie, et donc ne pas vouloir l’empêcher alors qu’on le pourrait, constitue une authentique euthanasie. En définitive, la mort, qui est la conséquence directe d’une suspension dans l’administration des nutriments chez un patient qui ne peut s’alimenter seul, est souhaitée ici pour elle-même afin de supprimer une personne dont on juge finalement médiocre la « qualité de vie ». Le professeur d’éthique canadien, Hubert Doucet, l’affirme clairement : « Cette position se fonde sur la reconnaissance que dans ce cas, la mort est meilleure que la vie. Elle porte en soi une dynamique de discrimination et d’euthanasie. Si la condition mentale et physique délabrée est à l’origine de la prise de décision, n’est-ce pas de la discrimination ? Si cette personne est privée de nourriture parce que sa mort apparaît moins misérable que sa vie, c’est une forme directe d’euthanasie. Les conséquences sociales d’une telle position sont extrêmement inquiétantes [...]. Dans ce cas, il n’y a pas de différence entre tuer et laisser mourir quelqu’un [6]. » Il s’agit en définitive d’un jugement de valeur porté sur la vie d’une personne. Le droit au respect de la vie est une liberté fondamentale Ce qui est tout à fait remarquable dans les considérations émises par le juge des référés à l’appui de son ordonnance est le lien qu’il établit entre le droit à la vie et l’administration d’aliments au patient. Mme Monbrun observe : 1/ « le droit à la vie, rappelé notamment par l’article 2 de la convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales, constitue une liberté fondamentale » (considérant 3) ; 2/ que la « privation d’alimentation et la limitation d’hydratation font apparaître un danger caractérisé et imminent pour la vie de M. Vincent Lambert et constituent une atteinte à son droit au respect de sa vie » (considérant 5) ; qu’en conséquence, « il existe une situation d’atteinte caractérisée à une liberté fondamentale » (ibid.). La démonstration est imparable. Instrumentalisation de la procédure collégiale L’ordonnance du tribunal administratif de Châlons-en-Champagne est d’autant moins contestable que sur la forme l’équipe médicale a bafoué la procédure collégiale telle qu’elle est prévue par le législateur. La loi du 22 avril 2005 dispose en effet que « le médecin ne peut décider de limiter ou d’arrêter les traitements dispensés sans avoir préalablement mis en œuvre une procédure collégiale » et que « la décision prend en compte les souhaits que le patient aurait antérieurement exprimés, en particulier dans des directives anticipées s’il en a rédigé, l’avis de la personne de confiance qu’il aurait désignée ainsi que celui de la famille ou, à défaut, celui d’un de ses proches » (décret du 6 février 2006). En l’espèce, s’il est vrai que l’épouse de Vincent Lambert avait donné son accord à l’équipe médicale qui l’avait consultée pour faire retirer la sonde d’alimentation, l’avis des parents et de certains membres de la fratrie a été ignoré et la décision elle-même de mettre en œuvre une procédure collégiale ne leur a pas été explicitée. La procédure collégiale a donc été clairement méconnue, ce qui constitue un manque de respect de la loi proprement inadmissible de la part de professionnels de santé sensés l’appliquer rigoureusement. Le juge des référés conclut sans ambages que « de tels manquements procéduraux caractérisent une atteinte grave et manifestement illégale à une liberté fondamentale » (considérant 9). D’ailleurs, quand bien même la procédure collégiale aurait été suivie, la survenue d’un désaccord au sein de la famille (patent ici) et/ou de l’équipe médicale (ce qui semble être également le cas dans cette affaire, plusieurs soignants ayant fait part de leur réserve quant à la décision prise) aurait dû stopper immédiatement le protocole de retrait de l’alimentation. La procédure collégiale ne produit pas une décision selon un processus de type majoritaire. Il suffit qu’une des personnes impliquées ne juge pas le choix final comme moralement bon pour suspendre la procédure. La seconde mission parlementaire sur la fin de vie qui a réexaminé ce dispositif de la loi a été très claire sur ce point dans son rapport final : « Un constat de désaccord doit conduire à poursuivre les orientations thérapeutiques suivies antérieurement [7]. » D’ailleurs, suite au rapport rendu en 2008, le gouvernement de l’époque avait décidé de renforcer le rôle de la famille qui doit être non seulement partie prenante du choix effectué mais aussi peut désormais déclencher de son propre chef la procédure qui était auparavant laissée à l’initiative du seul corps médical (décret du 29 janvier 2010). Les professionnels de santé ne peuvent donc en aucun cas s’opposer à l’avis de la famille, surtout lorsque celui-ci vise à protéger la vie d’un de ses proches. Interdit de provoquer délibérément la mort du malade En conclusion, on peut dire que la portée de l’ordonnance rendue par le juge des référés est considérable : elle rappelle que le droit au respect de sa vie protégé par la Convention européenne des droits de l’homme est une liberté fondamentale que ne saurait enfreindre un établissement hospitalier ; que la privation d’aliments par suspension de la nutrition assistée porte atteinte au respect de la vie, et donc à une liberté fondamentale ; elle reconnaît donc implicitement que le retrait de l’alimentation artificielle chez Vincent Lambert relève de l’euthanasie (puisqu’elle porte atteinte au respect de la vie) ; elle affirme enfin que la procédure collégiale engagée par une équipe médicale ne saurait passer outre l’avis de la famille, laquelle doit obligatoirement être informée et consultée. En ce qui concerne spécifiquement la problématique précise de la suspension de l’alimentation assistée chez un patient en état végétatif ou pauci-relationnel, l’ordonnance du 11 mai met ainsi la loi Leonetti face à ses incohérences. La loi du 22 avril 2005 a fortement insisté sur l’interdit de tuer et spécifié notamment que l’arrêt d’un traitement chez une personne ne pouvant plus s’exprimer ne saurait être envisagé qu’en cas de situation d’obstination déraisonnable ou d’acharnement thérapeutique avérés. Elle a rappelé avec force que le médecin « n’a pas le droit de provoquer délibérément la mort » (article R 4127-38 CSP). Or, du fait du tableau clinique des personnes dans le coma (état végétatif ou état pauci-relationnel), du fait de la nature du procédé de l’alimentation assistée (un soin ordonné et proportionné à l’état du patient), sa suppression ne peut avoir pour but que de provoquer directement la mort de la personne. Tout le mérite de l’ordonnance du 11 mai rendue par le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne est d’avoir mis en lumière les contradictions de la loi Leonetti sur ce point précis. Il est probable que ce jugement fasse du bruit dans les semaines à venir et relance le débat sur cet aspect controversé de la loi actuelle. P.-Ol. A. [1] J.T. Giacino, S. Ashwal., N. Childs and al., The minimally conscious state : definition and diagnostic criteria, Neurology, 2002, 58 : 349-353. [2] L’état de coma pauci-relationnel se définit selon la circulaire n° 2002-288 du 3 mai 2002 relative à la création d'unités de soins dédiées aux personnes en état végétatif chronique ou en état pauci-relationnel comme suit : « Il est rare qu'une personne en état végétatif soit totalement arelationnelle. La plupart du temps, il existe un degré minimal de réponse volontaire à quelques stimulations, réponse fluctuante selon les moments de la journée : cette situation clinique est qualifiée d'“état pauci-relationnel” (EPR). » [3] Audition du docteur Anne-Laure Boch, procès-verbal de la séance du 1er juillet 2008 in Jean Leonetti, Mission d’évaluation de la loi du 22 avril 2005, Rapport d’information Solidaires devant la fin de vie, n. 1287, tome 2, Assemblée nationale, décembre 2008, p. 249-261. [4] Article L. 1110-4 du CSP, Loi n. 2005-370 du 22 avril 2005, article 3, Journal officiel 23 avril 2005. [5] L’article L. 5137-1 relatif à cette catégorie d’aliments diététiques figure au titre III du Livre I CSP intitulé « Autres produits et substances pharmaceutiques réglementés » et non au titres I ou II dudit Livre consacré au médicament. [6] Hubert Doucet, Abstention et interruption de soutien nutritif, Mourir, approches bioéthiques, Desclée de Brouwer, Paris, 1988, chapitre 5, p. 97-116. [7] Jean Leonetti, Mission d’évaluation de la loi du 22 avril 2005, Rapport d’information Solidaires devant la fin de vie, n. 1287, tome 1, Assemblée nationale, décembre 2008, p. 22. |
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| Sujet: Re: VINCENT LAMBERT 30.05.13 12:35 | |
| Source la Vie Bioéthique et tactique À 35 ans, Pierre-Olivier Arduin peut se vanter d'avoir déclenché l'une des grandes polémiques médiatiques de l'année 2006. Ce responsable de la commission éthique et vie humaine du diocèse de Toulon est l'auteur de la note appelant à boycotter le Téléthon. « J'avais rédigé un texte similaire en 2005, raconte-t-il. Mais, cette année, un ami a mis mon texte sur le site de l'évêché, début octobre. Trois semaines plus tard, une journaliste de RTL Toulon l'a trouvé. » En moins de 24 heures, la polémique devient nationale. Au final, l'opération n'aura aucune influence sur le montant des dons. Mais les opposants à la recherche sur les cellules souches embryonnaires auront réussi à lancer le débat. La démarche de Pierre-Olivier Arduin symbolise bien celle d'une nouvelle génération de catholiques qui souhaitent défendre les positions de l'Église sur un terrain politique. « Je suis adhérent du forum des républicains sociaux de Christine Boutin et j'étais son délégué pour le Var, lors des élections présidentielles de 2002. J'ai aussi accepté de participer à la liste royaliste aux élections européennes, en 2004, car ils défendaient la famille et les racines chrétiennes de l'Europe », explique ce père de cinq enfants. Depuis l'année dernière, Pierre-Olivier Arduin fait partie de l'UMP, en tant que membre du parti de Christine Boutin. Comme d'autres intervenants de cette génération, il se pose en « expert », même si ses états de service demeurent limités. Le responsable de la commission éthique du diocèse varois est instituteur. Il vient juste de décrocher un master en bioéthique. Il n'a pris la responsabilité de la commission que depuis un an et demi, ce qui lui a tout de même permis de participer au colloque sur les cellules souches, organisé par le Vatican en septembre dernier. Voilà plusieurs années que Pierre-Olivier Arduin est engagé dans ce qui constitue sans doute aujourd'hui le lobby catholique le plus actif en cette période d'élection présidentielle. La polémique du Téléthon doit beaucoup à la mobilisation de ce réseau aux ramifications multiples. Ses membres n'hésitent pas à se revendiquer comme la « génération Benoît XVI », sur le site éponyme. L'acte de naissance de ce lobby coïncide avec un entretien que des jeunes ont eu avec le cardinal Ratzinger en... 1992. De retour en France, ils créent la Fondation de service politique, qui anime notamment un site Internet sur lequel Pierre-Olivier Arduin a publié une dizaine d'articles. « Nous nous revendiquons comme un lobby au bon sens du terme, explique Philippe de Saint-Germain, 46 ans, secrétaire général de la Fondation. Nous souhaitons travailler à la réflexion et à la mobilisation de la communauté catholique sur des sujets politiques. » La Fondation organise des conférences, lance des pétitions et publie des « notes bleues » sur les sujets de société pour les députés et les évêques. Son conseil d'administration accueille le vice-président du Mouvement pour la France (MPF), Bernard Seillier, sénateur-maire de Séverac-le-Château, ainsi que Élisabeth Montfort, conseillère régionale UMP d'Auvergne. Cette ancienne députée européenne a beaucoup œuvré en faveur de l'inscription de l'héritage chrétien dans la Constitution européenne. Le conseil d'administration compte aussi la présence de Jean-Marie Le Méné, président de la fondation Jérôme-Lejeune. La lutte contre la légalisation de l'homoparentalité constitue le principal combat de ces chrétiens pour l'élection présidentielle. Ils ont déjà obtenu des résultats, grâce à l'aide du député-maire de Paray-le-Monial (UMP), Jean-Marc Nesme. C'est lui qui a fondé l'entente des parlementaires pour « la reconnaissance du droit de l'enfant à être élevé par un père et une mère », à l'origine d'un manifeste sur ce sujet signé par 300 parlementaires. Du côté des candidats, le réseau est intellectuellement proche de Philippe de Villiers, sans se montrer monolithique. Il a hésité à soutenir Nicolas Sarkozy, car celui-ci, s'il a pris des positions claires contre l'homoparentalité, a également refusé l'investiture UMP au député Christian Vanneste, condamné pour « homophobie ». La mobilisation du réseau s'opère au détriment de Ségolène Royal, mais aussi de François Bayrou. Le candidat UDF a pris position en faveur d'une « adoption simple » par les couples homosexuels. Ce que la Fondation entend faire savoir, en s'appuyant sur une note du moraliste de la faculté de théologie de Lyon, Xavier Lacroix. Si le conseil d'administration de la Fondation ne compte pas de membres du Front national, les frontières de ce groupe de pression avec l'extrême droite ne sont pas toujours étanches. Pierre-Olivier Arduin a ainsi été désigné « catholique de l'année 2006 » par le Salon beige : créé il y a deux ans par des jeunes professionnels catholiques, ce site Internet affiche 6 000 connexions quotidiennes. Si ses animateurs revendiquent une neutralité politique, cela ne les empêche pas de référencer les sites des très à droite quotidien Présent et Radio courtoisie. « Ils défendent la famille et le respect de la vie », explique, sans sourciller, l'un de ses fondateurs, Michel Janva, 27 ans, qui travaille dans les affaires internationales et qui a accepté de témoigner tout en gardant son pseudonyme. Jean-Marie Le Pen suscite la même bienveillance. Forte de ces appuis, une large partie du lobby rêve de revenir sur la loi Veil. Une manifestation a été organisée à Paris le 21 janvier, qui a suscité de nouvelles alliances. Pour la première fois, les Associations familiales catholiques (AFC) ont choisi de défiler, côte à côte avec le Front national. Quatre évêques leur ont apporté leur soutien : Guy Bagnard (diocèse de Belley-Ars), Raymond Centène (Vannes), Jean-Pierre Cattenoz (archevêque d'Avignon) et, bien entendu, Dominique Rey (Toulon). Cette première réjouit Philippe de Saint-Germain, le secrétaire général de la Fondation de service politique. « Depuis quelques années, une nouvelle génération d'évêques n'hésite plus à assumer une liberté de parole, sans se réfugier derrière les communiqués officiels des commissions épiscopales. Nous sortons enfin du consensus mou et de l'eau tiède. » C'est oublier un peu vite les propos forts de la déclaration des évêques de l'automne dernier pour préparer les échéances électorales, sur la place des immigrés et la lutte contre le chômage. É.S. |
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| Sujet: Re: VINCENT LAMBERT 07.06.13 12:49 | |
| Tribune 05/06/2013 à 15h28 Riposte-catholique intimide et harcèle les « mauvais cathos »Etienne Borocco | Blogueur TribuneQuelle ne fut pas ma surprise en lisant, sur Lemonde.fr, l’interview de l’épouse de Vincent Lambert, qui se trouve dans un état végétatif depuis 2008. Les médecins avaient décidé l’arrêt de l’alimentation et la limitation de l’hydratation. Les parents, opposés à cette décision, sont allés au tribunal, qui a décidé la réalimentation du patient. Avec stupeur, je découvre le rôle de certaines franges traditionalistes dans l’affaire. L’épouse de Vincent Lambert confie : « Avant même la décision du tribunal, il y a eu des articles sur des sites internet, d’abord Riposte-catholique. Même avec l’utilisation d’un pseudonyme, notre histoire était reconnaissable. J’ai reçu un courrier d’un membre de la Fraternité Saint-Pie-X, dont les parents de Vincent sont proches, qui me disait que je cautionnais “ un processus de mort ”, et qui me demandait de “ laisser vivre ” mon mari.
On peut dire, pudiquement, que Vincent a souffert physiquement et moralement de cette Fraternité. Il l’avait reniée. C’est donc d’autant plus nauséabond que son histoire soit aujourd’hui récupérée par ces gens. Mon époux n’avait pas les mêmes opinions que ses parents, notamment sur la question de la fin de vie. »
En tant que community manager de la Conférence Catholique des Baptisé-e-s de France (CCBF), un groupe de laïcs qui a pour but de promouvoir le débat dans l’Eglise, je connais très bien Riposte-catholique (le nom m’a toujours semblé aberrant quand il est écrit pourtant dans les évangiles : « Mais moi, je vous dis de ne pas résister au méchant. Si quelqu’un te frappe sur la joue droite, présente-lui aussi l’autre ») et consort. Mettre au pilori les « ennemis de dieu »Un chapelet (FotoKatolik/Flickr/CC)Le site web rassemble des catholiques intégristes (aussi bien de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X que des fidèles partageant les mêmes idées mais restés fidèles au pape), sous la houlette de Daniel Hamiche, ex-maoïste qui a gardé les bons vieux réflexes d’époque : il met au pilori tout individu ou organisation qu’il juge être une menace. Etre mis à l’index par Riposte-catholique, qui peut bénéficier de la diffusion du site populaire Le Salon beige, a pour conséquence directe de faire pleuvoir sur vous les insultes. Puis, une fois que vous êtes repéré, les intégristes ne vous lâchent plus. Les initiatives du Comité de la jupe, qui consistent à publier des articles et à organiser des débats sur la condition de la femme, suscitent leur ire constante. En bonne charité chrétienne, ils vous accusent d’avoir les pires desseins. Vous parlez du rôle des femmes dans la résurrection, aussitôt Riposte-catholique vous accuse de « résistance au pape ». Vous organisez une exposition biblique qui ne convient pas aux canons intégristes, vous êtes un manipulateur. Vous organisez un cercle de silence devant une assemblée de la conférence des évêques de France (CEF), vous êtes un perturbateur. Dans la logique de Riposte-catholique, rester silencieux à l’extérieur d’un bâtiment perturbe la réunion qui se tient à l’intérieur. Tout est bon quand il s’agit d’attribuer des quolibets à ce qu’il juge être des « ennemis de dieu » ; ainsi, écrire « baptisé-e-s » vous fera passer pour quelqu’un à la solde du mouvement LGBT. Et si par malheur vous éprouviez un peu de sympathie ou de compréhension pour quelqu’un mis à l’index de nos bretteurs prêts à la riposte, vous êtes dénoncés comme un soutien de l’ennemi. Interjections musclées quasi-quotidiennesAprès vous avoir mis à l’index, Riposte-catholique se chargera de vous suivre régulièrement et de faire des rappels à ses lecteurs fanatiques prêts à tout pour vous harceler ; certains s’en font même leur spécialité. Prenons le cas typique de Jean-Christophe Mauchauffée, anesthésiste sarthois, très impliqué dans l’opposition à tout ce qu’il juge relever de la « culture de mort ». Vous pouvez le retrouver une interview donnée à un journal local, qu’a diffusée Le Salon beige. Il passe ses journées à cracher sur ce qu’il juge être les « mauvais catholiques », qui sont pour lui des « opposants au pape » et des « hérétiques », indignes de faire partie de l’Eglise romaine. Depuis mon arrivée sur Twitter, j’ai eu le droit à des interjections musclées quasi-quotidiennes (même s’il a fini par se calmer, car il a compris que ça ne servait à rien : je l’ai bloqué). Il passe bien sûr son temps à cracher aussi bien sur la CCBF, Francois Vercelletto de Ouest-France ou Christine Pedotti, rédactrice en chef de Témoignage Chrétien. Pour bien préciser les choses, exprimer une opinion contradictoire revient à insulter, selon Jean-Christophe Mauchauffée. Par exemple, j’ai coécrit sur Lavie.fr une tribune avec François Mandil, qui est, vous pouvez en juger vous-mêmes, plus que correcte dans le ton. Pour notre amoureux de la riposte, c’est une insulte : Bien sûr, tout est dans l’attaque ad hominem : tu es jeune, t’es qu’un petit con, t’es étudiant, tu ne connais rien à la vie. Faites-lui part de votre lassitude devant ce harcèlement et cette flopée d’attaques personnelles, il criera à la censure pour se victimiser. Bloquez-le, et là vous voyez arriver ses petits, comme le charmant @lysenfleur qui vous rappellera gentiment que vous êtes un mécréant : Tweet de @lysenfleur « Mauvais chrétien complice du suicide de la civilisation »Evidemment, la présence ne se fait pas que sur Twitter. Elle est aussi sur Facebook ; étant chargé de la modération de la la page de la CCBF, régulièrement, je dois bannir des trolls qui affluent (de préférence en groupe, pour bien vous pourrir la page d’un coup). On en garde quelques pépites, comme celle-ci par exemple : Commentaire sur l’initiative du Comité de la jupe pour organiser un conclave des femmes Les méthodes de Riposte-catholique se sont répandues dans la réacosphère et ont trouvé des adeptes parmi le Printemps français (pour voir un cas typique d’interconnexion entre le Printemps français et des sites catholiques d’extrême droite, lire l’article Ambroise, un Hommen parmi d’autres sur embruns.net) : Commentaire sur Facebook (capture d’ecran) Eh oui, partager un édito de Jean-Pierre Denis, rédacteur en chef de La Vie, qui déclare qu’ « il serait plus que temps de passer à autre chose », c’est un signe de défaitisme et d’abandon de la lutte, qui fait de vous un mauvais chrétien complice du suicide de la civilisation. Je vous passe les commentaires contenant des comparaisons avec la pédophilie, le nazisme, etc… Pas de soutien de l’EgliseOn pourrait s’attendre à ce que ces méthodes suscitent la condamnation au sein de l’Eglise catholique ; point du tout. Il a fallu attendre le 18 avril, très tard après le début de la mobilisation, pour que le cardinal Vingt-Trois appelle à calmer le jeu : « Ce n’est pas parce que les gens se disent catholiques qu’ils sont porteurs d’une tactique ecclésiale. […] Il me semble que je rends service à certains jeunes pleins d’énergie en leur disant ceci : ce ne n’est pas parce que des groupes crient ou sont agressifs qu’ils (ces jeunes) sont moins catholiques qu’eux. »
Mais toujours rien sur les intimidations et les insultes à l’encontre des catholiques qui n’ont pas appuyé la mobilisation contre le projet de loi. Au contraire, elles peuvent même rencontrer le soutien de certains clercs. Après son tweet injurieux envers les « cathos de gauche », Nicolas Sénèze, journaliste de La Croix, avait reçu le soutien immédiat de l’abbé Cariot, directeur de communication du diocèse de Pontoise : Tweet de @abbecariot (capture d’ecran) L’homme, très courageux, a préféré retirer son tweet quand le buzz a enflé autour des propos de Nicolas Sénèze, soit-disant « pour ne pas alimenter la polémique » ; mais il n’a rien regretté de ses propos. Pour ma part, je finis par m’accommoder de ces agissements, et, comme ils ne sont pas éternels, à force d’en bloquer sur Twitter ou d’en bannir sur Facebook, j’ai de moins en moins de trolls qui viennent m’embêter. Instrumentalisation médiatique de l’affaire LambertMais dans l’affaire Lambert, il ne s’agit pas d’une simple querelle d’opinions sur le Net. Il s’agit d’une famille qui traverse un drame familial et qui de surcroît doit affronter l’instrumentalisation médiatique voulue par ces petits groupes intégristes. Ces mêmes individus qui n’ont pas hésité à harceler Madame Lambert, comme ils ont l’habitude de faire avec les gens qu’ils jugent comme des ennemis. Ne peuvent-ils pas laisser cette famille dans la paix ? Croient-ils vraiment qu’elle avait besoin que cette histoire affreuse soit médiatisée et fasse l’objet d’une intense propagande ? Ont-ils conscience du mal qu’ils ont fait à Madame Lambert en colportant des choses qui n’étaient pas vrai ? Probablement pas, ils ignorent les sentiments des hommes en face d’eux car ils sont aveuglés par leur fanatisme. Ces paroles du Christ me reviennent en tête : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font » Luc 23,34. Par contre, il serait temps que l’Eglise catholique en France accepte d’ouvrir les yeux sur ce qu’il passe. Le cardinal André Vingt-Trois a su clairement condamner le suicide de Dominique Venner et les récupérations de ses idées par certains catholiques intégristes. Il n’y a malheureusement pas que les accointances avec les idées nauséabondes de Dominique Venner qui sont condamnables chez les intégristes, mais une attitude globale qui méprise tout individu qu’ils considèrent comme leur ennemi. |
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| Sujet: Réflexions délirantes de certains pro-vie 18.09.13 10:53 | |
| L'affaire Vincent Lambert pourrait tous nous arriver Ainsi que l'écrit Jeanne Smits : - Citation :
"J’avais parlé de « coma pauci-relationnel » à propos de Vincent Lambert. Un professeur de neurologie contacté par Jérôme Triomphe, avocat de la famille Lambert, a souligné qu’il est dans le cas de Vincent impropre de parler de « coma » : il est dans un « état pauci-relationnel », puisqu’il est conscient de son entourage et interagit avec lui. Si bien qu’une pièce versée au dossier par le CHU de Reims – pour justifier l’euthanasie lente de Vincent Lambert ! – note qu’un examen approfondi réalisé par des spécialistes du coma en Belgique ont conclu que le patient est dans un « état de conscience minimale plus », « avec une perception de la douleur et des émotions préservées ». - Citation :
Faut-il s’étonner dès lors que Vincent Lambert avait des épisodes « de pleurs, de cris, de sanglot (sic) » comme le précise le mémoire de défense du CHU de Reims par lequel il tentait de justifier la « décision médicale » de l’affamer à mort ? - Citation :
Ce même mémoire croit pouvoir déceler des directives anticipées informelles de la part de Vincent Lambert, dont parlent sa femme et certains de ses frères et sœurs en expliquant qu’il a dit à l’occasion, avant son accident, ne pas vouloir être maintenu artificiellement en vie. A la fin du mémoire de défense, on ose invoquer ceci : - Citation :
« La volonté émise avant son accident par M. Lambert Vincent de ne pas être artificiellement maintenu en vie dans un état pauci-relationnel, a été rapportée par plusieurs membres de sa fratrie au Dr (…). » - Citation :
Sans compter que la nourriture et l’hydratation ne maintiennent pas « artificiellement » la vie, fût-ce en état de coma, notons ici l’incroyable glissement. Peut-on vraiment imaginer que ce jeune homme ait su ce qu’est un état pauci-relationnel ? Qu’il l’ait prévu, et prévu aussi quel serait son sentiment en ce cas ? Prévu qu’il demanderait à mourir faute de nourriture et d’eau ? Deux, trois mots prononcés au détour d’une conversation permettent-ils de faire cette incroyable extrapolation dont un médecin peut s’emparer pour couper les vivres à un malade ? Si c’est le cas – et c’est bien l’esprit de la loi Leonetti – il devient urgent de faire des directives anticipées écrites demandant de ne pas faire l’objet d’une décision d’abstention de soins ordinaires ayant pour objet de provoquer la mort ! Je crois bien qu’il va falloir rédiger une lettre type avec l’aide de médecins et de juristes spécialisés." De son côté, Pierre-Olivier Arduin précise : - Citation :
"Le problème est que la loi du 22 avril 2005 et ses décrets d’application ont légitimé plus ou moins indirectement ce type d’euthanasie par arrêt de l’alimentation et de l’hydratation. Il s’agit de l’un des points les plus contestables de cette loi dont plusieurs experts avaient pourtant mis en garde, lors des travaux de la première mission parlementaire en 2004, contre la transgression morale qu’il représentait et les conséquences funestes qui ne manqueraient pas de surgir dans son sillage. Pour valider cette pratique controversée, le législateur s’était abrité à l’époque derrière la distinction artificielle entre ce qui relève du soin, toujours dû, et ce qui relève du traitement médical, susceptible d’être stoppé. La législation du 22 avril 2005 autorise en effet à certaines conditions la suspension de « tout traitement » ainsi que le précise le nouvel article L. 1111-4 du Code de la santé publique. Or le législateur avait ajouté dans l’exposé des motifs de la loi que les limitations et arrêts de traitement « s’appliquent à tout traitement, quel qu’il soit, y compris l’alimentation artificielle ». - Citation :
Cette interprétation, non seulement n’est pas partagée par les bioéthiciens et les spécialistes qui s’occupent des personnes cérébro-lésées (état végétatif et état pauci-relationnel) mais en outre est totalement incohérente avec l’économie générale de la loi qui prohibe l’euthanasie. Il s’agit en outre d’une lecture partiale, car à aucun endroit le droit n’identifie explicitement l’alimentation artificielle à un traitement médical". |
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| Sujet: Re: VINCENT LAMBERT 30.09.13 11:11 | |
| Les médecins veulent relancer l'euthanasie de Vincent Lambert Pierre et Vivianne Lambert n'avaient pas été consultés lors de la décision de l'équipe médicale d'interrompre l'alimentation de leur fils. Crédits photo : Christian LANTENOIS/PHOTOPQR/L'UNION DE REIMS Les parents du tétraplégique hospitalisé à Reims restent opposés à l'arrêt de son alimentation. Combien de jours restent-ils à Vincent Lambert? L'odieuse spéculation sur la vie de cet homme de 37 ans, tétraplégique, n'est pas le jeu de bookmakers cyniques mais la conséquence funeste d'un désaccord familial sur son sort, qui se rejoue ce vendredi. Une première fois promis au grand repos, le 10 avril dernier, le jeune homme a vu son processus d'euthanasie stoppé en urgence par la justice, alors que l'arrêt de son alimentation avait commencé depuis un mois. Le CHU de Reims, où il séjourne, a été condamné le 11 mai par le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne, lequel a ordonné de le réalimenter. Déjà prisonnier de son corps, Vincent Lambert devait encore être l'otage du chaos des hommes. Décider la mort, ordonner la vie, on ne s'épouvante plus des oxymores. Deux actes ne suffisaient pas à la tragédie, le troisième s'ouvre aujourd'hui. L'hôpital vient en effet de réengager le processus d 'euthanasie. Une lettre recommandée avec accusé de réception vient de convoquer toute la famille de Vincent au CHU ce vendredi. Ceci pour ne pas réitérer l'erreur qui lui avait valu la condamnation du tribunal: l'équipe médicale n'avait pas prévenu les parents, qui avaient appris le retrait de l'alimentation de leur fils 17 jours après, «par hasard» - un procédé que n'admet toujours pas Vivianne Lambert, sa mère. La «décision collégiale» n'avait été prise qu'en accord avec l'épouse, Rachel. Une «bombe», selon Pierre et Vivianne Lambert, les parents, qui «a fait exploser» la famille de 8 frères et sœurs, certains du côté des parents, d'autres de l'épouse. Le «sens» de la vie Vincent a 32 ans quand un accident de voiture lui confisque son destin. Mais pas sa vie. Ses fonctions vitales ne sont pas atteintes, il ne nécessite pas de traitement médical, il respire seul mais mange artificiellement, par sonde gastrique, et ne répond pas aux stimulations. Comme bien des patients en état végétatif chronique (EVC), sa prise en charge est essentiellement faite de «soins de nursing», selon le langage médical, et de séances de kiné. Des vacances chez ses parents, à 700 km de là, sont même autorisées en septembre dernier. - Citation :
- « Son état neurologique est incurable. Il peut rester comme ça des années »
Dr Kariger, chef du pôle gérontologie du CHU de Reims «Il n'est pas en mort cérébrale, il est comme vous et moi en apparence, il s'endort et se réveille, sourit et pleure parfois, cligne les yeux au son d'un bruit, explique le Dr Éric Kariger, chef du pôle gérontologie du CHU de Reims, médecin qui a engagé le processus d'euthanasie. Il est capable d'un certain nombre de réponses réflexes mais n'a pas de capacité vraiment fiable à trouver un mode de communication.» Pour le praticien, délégué départemental du Parti chrétien-démocrate (PCD), aucun doute: «Son état neurologique est incurable. Il peut rester comme ça des années». «Il n'est donc pas en fin de vie, par définition, il est handicapé!, s'exclame Me Jérôme Triomphe, avocat des parents de Vincent. Donc la loi Leonetti ne le concerne pas car elle ne s'applique pas aux accidentés de la vie». «C'est bien pourquoi Vincent n'occupe pas un lit de soins palliatifs», précise Me Jean Paillot, autre avocat des parents. Pour le Dr Kariger, c'est «le sens» qui fait la vie. «Il n'y a plus d'espérance qu'il recouvre une vie relationnelle normale. Si les parents trouvent du sens à cette existence, qu'ils apportent les preuves!». «C'est scandaleux!, s'indigne Martine, une autre mère qui s'est opposée à l'euthanasie de sa fille. Si maintenant il faut attester que sa vie a du sens pour la garder, la moitié de la planète a du souci à se faire!» Aujourd'hui, le processus «doit» reprendre car «il est inachevé», «tout le monde est au milieu du gué», justifie le Dr Kariger. À l'heure du «conseil de famille» qu'il a convoqué ce vendredi, les tensions avivées par le procès ont radicalisé les positions. «On se battra jusqu'au bout, prévient la maman de Vincent. Je suis prête pour une grève de la faim.» Les armes des avocats sont déjà aiguisées, prêts à plaider de nouveau la «tentative d'assassinat». «Ce conseil est une mascarade, siffle Me Triomphe. La décision du médecin est prise, cette réunion est formelle, pour s'abriter vis-à-vis du droit.» Si la loi prévoit d'associer la famille à la décision, c'est à l'équipe médicale, au bout du compte, qu'il revient de trancher. Syncrétisme de toutes les complexités soulevées aujourd'hui par l'euthanasie, le cas Lambert est aussi emblématique des enjeux à venir, avec le futur projet de loi fin de vie. La loi Leonetti«n'a pas réglé les situations en cas de positions irréconciliables entre proches», commente Jean-René Binet, professeur de droit en santé, famille et bioéthique. Avec la nouvelle sociologie des familles, séparées ou recomposées, les conflits risquent de se présenter en nombre. «Il faut aujourd'hui se demander qui est la famille et qui est la personne de confiance, qui ne sont pas nécessairement les mêmes personnes», conclut le juriste. Identique en tous points, le cas Terri Schiavo, en 1998 aux États-Unis, avait duré douze ans… |
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| Sujet: Re: VINCENT LAMBERT 01.10.13 16:16 | |
| Source= l'AGRIF
Affaire « Vincent Lambert » : des arguments pour son euthanasie qui furent très exactement ceux de l’État nazi !
Affaire « Vincent Lambert » : des arguments pour son euthanasie qui furent très exactement ceux de l’État nazi !
On peut lire dans le figaro de ce jour l’article de Delphine de Mallevouë commentant la volonté du docteur Eric Kariger du CHU de Reims de relancer le processus conduisant à l’euthanasie de Vincent Lambert, ce jeune homme accidenté, sauvé cet été, notamment grâce à la combativité pour le respect de la vie innocente de Me Jérôme Triomphe, avocat au Barreau de Paris.
Les propos de l’étrange docteur Kariger, (par ailleurs délégué départemental du Parti chrétien-démocrate PCD), pour justifier l’élimination de Vincent sont terrifiants.
Il constate d’abord ceci : « Il n’est pas en état de mort cérébrale, il est comme vous et moi en apparence, il s’endort et se réveille, sourit et pleure parfois, cligne les yeux au son d’un bruit. »
Mais le docteur Kariger ajoute : « Il n’y a plus d’espérance qu’il recouvre une vie relationnelle normale. Si les parents trouvent du sens à cette existence, qu’ils apportent les preuves ! »
C’est très exactement les arguments que, dans le droit fil des propos d’Adolf Hitler dans Mein Kampf, (chapitre « l’État raciste et l’hygiène de la race ») les chefs de la gestapo de Münster utiliseront lors de l’été 1941 où, après avoir expulsé les Jésuites et des religieuses, ils firent euthanasier 800 enfants considérés comme « débiles mentaux ». L’argument nazi était qu’ils ne remplissaient aucune fonction sociale, qu’ils coûtaient cher à la collectivité. Aucune différence d’argumentation dans celle du docteur Kariger !
Face au crime nazi réagit courageusement, avec éclat, le grand évêque de Münster, soutenu par Pie XII, Monseigneur Von Galen.
Les nazis, du moins, étaient en franche conformité avec leur idéologie du matérialisme biologique sur l’homme et la race. Le docteur Kariger ose, lui, par son étiquette politique, s’affirmer chrétien. Et c’est abject. Car, comme les nazis, comme les communistes aussi, il profère que si la personne humaine n’a pas « de vie relationnelle normale », alors on peut la tuer !
Le docteur Kariger piétine ainsi non seulement l’impératif chrétien de respect de la vie innocente, qui est d’ailleurs aussi celui de la simple loi naturelle, mais de surcroît il bafoue le fondamental principe du Serment d’Hippocrate : « Primum non nocere ».
Tous les dirigeants militants et amis de l’AGRIF sont émus et fiers de ce que leur avocat-coordinateur , Me Jérôme Triomphe, mène ainsi, de toutes ses forces, avec tout son talent de juriste et dans la lumière de sa foi chrétienne, le combat pour non seulement sauver Vincent mais aussi tous ceux, comme lui, par dizaines de milliers, que d’autres Kariger voudraient assassiner légalement, comme à Münster.
Bernard Antony
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| Sujet: Re: VINCENT LAMBERT 06.11.13 18:02 | |
| Riposte catholique
On s'est plaint ces derniers temps des manipulations autour du Conseil consultatif national d'éthique, où l'Eglise catholique est représentée par un théologien et professeur laïque, Xavier Lacroix. Fort bien. Mais quand il s'agit dans la pratique de réagir à un cas qui agite le monde médiatique, ce n'est pas sur le CCNE qu'il faut compter pour éclairer les consciences – ni avant, ni après les nouvelles nominations qui l'ont chamboulé. Et si l'Eglise catholique « qui est en France » a réellement son mot à dire, elle peut le faire sans le CCNE.
Dans le cas de Vincent Lambert, le silence des évêques est assourdissant. Trouvent-ils vraiment normal qu'aujourd'hui, on veuille pratiquer aujourd'hui l'euthanasie en France sur un homme profondément handicapé, mais vivant et qui n'est même pas en « fin de vie » ? Plusieurs d'entre eux sont au courant de l'affaire Vincent Lambert, appelés au secours par les parents du jeune homme qui se battent pour sa vie. On attend toujours. Ils n'ont pas pris position, ni à titre privé, ni à titre public.
La charité et la justice l'exigent pourtant – et pas seulement pour Vincent Lambert, mais pour toute personne qui risque un jour de se trouver dans sa situation. Le silence fait grandir dans l'opinion publique l'idée que l'on peut mettre à mort quelqu'un parce qu'il « n'aurait pas souhaité » vivre de telle ou telle manière. Pesons les mots… C'est un silence complice. |
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| Sujet: Re: VINCENT LAMBERT 06.11.13 18:37 | |
| « Vincent Lambert sera indélébile de ma mémoire »
En début de semaine, le docteur Eric Kariger, qui dirige l’unité de médecine palliative du CHU de Reims, a annoncé qu’il avait convoqué un conseil de la famille Lambert pour réfléchir à la fin de vie de Vincent, 37 ans, tétraplégique depuis cinq ans, suite à un accident de la route.
(© l'Hebdo du Vendredi)
On pourrait ne pas s’attendre, à première et courte vue, à ce qu’Eric Kariger, qui se définit lui-même « profil libéral social chrétien », se retrouve à défendre les soins palliatifs, le droit de laisser mourir, en première ligne, à travers l’histoire de Vincent Lambert, qui a été relayée par les médias nationaux en mai dernier, quand une partie de sa famille obtenait du tribunal administratif de Châlons-en-Champagne l’arrêt du protocole de fin de vie mis en place en avril après que l’équipe médicale ait constaté une opposition du patient lors des soins, ce qui laissait suggérer une volonté de non acharnement. Volonté confirmée par l’épouse et l’un des frères de Vincent. La mère du patient avait alors saisi le juge administratif en référé. Et le tribunal s’était appuyé sur un manque de consultation suffisant du cercle de Vincent pour faire cesser le protocole. Vincent Lambert est dans un coma dit « pauci-relationnel », un état végétatif qui, selon le corps médical, laisse trop peu d’espoir à une amélioration. « Derrière la situation particulière de Vincent, il y a le marqueur d’une société en perte de repères, estime Eric Kariger. On a d’un côté le reproche fait à une médecine qui en ferait trop, dans l’acharnement thérapeutique, et de l’autre, une médecine qui n’en ferait pas assez à travers l’arrêt de soins. Derrière une situation très clinique, on touche au sociétal, au spirituel, au politique. Vincent, c’est un vrai cas d’école. Et au-delà de la douleur qu’on traverse, c’est un questionnement intellectuel d’une grande richesse. Ce n’est pas un hasard si tous les médias s’intéressent à Vincent. »
« Des règlements de compte se font sur le dos des médecins. Une partie de la société dénie la mort, veut des coupables. »
« Si j’avais perdu la confiance du référent familial de Vincent, en l’occurrence son épouse, je n’aurais pas gardé Vincent chez moi, poursuit le médecin. J’aurais dit « débrouillez-vous ! » Mais j’ai toujours l’espoir que cette famille renoue le contact, c’est dans l’intérêt de mon malade. On doit trouver un destin serein à Vincent. » On sent l’émotion et la colère (« ne me parlez pas d’euthanasie ! ça me met de mauvaise humeur »), chez le professionnel de santé, qui aurait pu en rester là. La décision du tribunal, il l’a incluse dans sa réflexion, mais il veut avancer. « Je ne pouvais pas rester dans cette situation de lâcheté, de status quo. Vincent et son épouse nous ont fait confiance. J’ai dit à tous qu’on reprendrait une réflexion ensemble pour Vincent à la rentrée. Je tiens mes engagements. J’ai entendu le juge des référés qui m’a dit que j’avais une vision trop restrictive des « proches », dans la loi Léonetti. J’ai donc élargi le cercle aux parents, frères et sœurs, demi-frères et demi-sœurs. J’ai convoqué un conseil de famille pour la fin du mois de septembre. Et j’ai demandé à chaque « camp », pardonnez-moi l’expression, de désigner un expert médical extérieur. C’est bien au-delà de ce que réclame la loi. » L’avis des familles est intégré au processus collégial, « mais je suis chef de service de cette unité de soins palliatifs. Et à un moment donné, je devrai prendre une décision. Continuer à maintenir Vincent en vie, dans les conditions que l’on connaît, ou l’alternative, entrer dans un protocole de la loi Léonetti et cesser des soins déraisonnables. » Que dira-t-il de plus à la famille, à la fin du mois ? « Je vais leur demander de se concentrer sur l’intérêt de Vincent. Si on veut que la fin de vie de Vincent, quelle que soit son échéance, soit dans une sérénité, il faut que cette famille se mette d’accord. La qualité de vie, ça compte, non ? » La question sonne toutefois comme une utopie, chez un docteur qui, quand on lui pose la question, imagine mal la famille se mettre d’accord. « Il y a un paradoxe chez certains membres de cette famille. Ils réclament le prolongement de la vie de Vincent, mais ils lui consacrent dix heures par an ! Un malade n’est pas un objet de soins. J’ai vu des gens qui réclamaient un prolongement de vie, mais ils assumaient, ils l’accompagnaient. Son épouse et sa fille, elles vivent entre parenthèses depuis cinq ans, mais sont là tous les jours. Et puis il y a la volonté de Vincent, qui ne voulait pas être dans cet état. Il y a son épouse, sa petite fille, qui se sont préparés à la mort d’un époux, d’un papa. Et l’autre partie de sa famille, mère, père, frère ou sœur, qui ont obtenu le prolongement de vie. Mais cette décision a provoqué qu’ils n’ont plus de relation aujourd’hui avec six de leur huit enfants, qui n’ont pas soutenu la démarche judiciaire de leur mère. » Prenant du recul, Eric Kariger est convaincu que « les soins palliatifs peuvent être la troisième voix, la bonne, entre l’acharnement thérapeutique et l’euthanasie, parce que ce qui compte, c’est la qualité de la fin de vie, pas la durée. Il y a une différence entre l’euthanasie et laisser mourir. On ne sait pas l’heure de la mort, on ne pousse pas sur une seringue. En soins palliatifs, on laisse terminer dans une échéance imprévisible une fin de vie avec le meilleur de ce que l’on sait faire en soins de confort pour le malade. En avril dernier, quand on a débranché Vincent, on ne l’a pas abandonné, ni lui, ni sa famille. » |
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| Sujet: Re: VINCENT LAMBERT 14.12.13 10:26 | |
| Euthanasie : les médecins s'affrontent sur le cas Lambert Home ACTUALITE Société Par Delphine de MallevoüeMis à jour le 13/12/2013 à 20:29 Publié le 13/12/2013 à 19:24 Pierre et Viviane Lambert (le 16 mai à Reims), se sont toujours opposés à l'euthanasie de leur fils Vincent.Pierre et Viviane Lambert (le 16 mai à Reims), se sont toujours opposés à l'euthanasie de leur fils Vincent. Crédits photo : Christian LANTENOIS/PHOTOPQR/L'UNION DE REIMS Le processus de fin de vie de ce jeune tétraplégique avait été stoppé en urgence par la justice en mai dernier.
5La polémique et les spéculations sur le sort de Vincent Lambert redoublent, à quelques jours d'une nouvelle décision concernant son euthanasie. Après la judiciarisation de cette affaire au caractère exceptionnel, le débat s'enflamme avec l'intervention de médecins en désaccord médical et déontologique avec ce processus de fin de vie.
L'euthanasie de ce jeune tétraplégique de 37 ans, hospitalisé au CHU de Reims depuis cinq ans, avait été stoppée en urgence par la justice le 11 mai dernier alors que Vincent Lambert n'était plus alimenté depuis 31 jours. Saisi par les parents du jeune homme, le juge des référés du tribunal administratif de Châlons-en-Champagne avait alors ordonné à l'hôpital et au médecin chargé de ce patient, le Dr Éric Kariger, sa réalimentation immédiate. Cette privation constituait «une atteinte à son droit au respect de sa vie», expliquait-il. Le tribunal avait aussi fustigé le fait que l'équipe médicale n'ait «pas pris en compte les souhaits des parents», que seule l'épouse du patient, favorable à l'euthanasie, ait «été associée à une réflexion collégiale».
Malgré cette condamnation, alors que les parents s'opposent toujours à l'euthanasie et qu'aucune dégradation n'est venue altérer l'état de santé de Vincent Lambert, l'hôpital a repris le processus. Le 9 décembre, il a entamé la procédure collégiale de fin de vie, prévue par la loi Leonetti, en réunissant un groupe de médecins et d'experts pour prendre une nouvelle décision. Un scandale pour Pierre et Vivianne Lambert, qui ne comprennent pas cette «obstination», cet «acharnement euthanasique». Vincent Lambert est un «pauci-relationnel», qui dort et se réveille, sourit et pleure, et dont «l'état de conscience minimal plus» lui permet «un certain nombre de réponses réflexes mais n'a pas de capacité vraiment fiable ou objective à trouver un mode de communication», a déjà expliqué le Dr Éric Kariger auFigaro.
Face à ce nouveau protocole, la contestation monte, et plus seulement du côté des avocats. Alors qu'une plainte criminelle pour «tentative d'assassinat sur personne vulnérable» contre le CHU de Reims et le Dr Kariger est en train d'être finalisée, confie l'avocat des parents, Me Jérôme Triomphe, des autorités médicales s'élèvent pour dénoncer les errements déontologiques du dossier.
Parapluie juridique Convié par le Dr Kariger à la demande des parents, Xavier Ducrocq, professeur de neurologie et d'éthique au CHU de Nancy, a participé au collège d'experts réunis le 9 décembre. Pour lui, il est clair que Vincent Lambert ne peut relever d'un tel protocole puisqu'«il n'est pas en fin de vie», affirme-t-il. «Son état ne relève pas d'un service de soins palliatifs, mais bien d'un établissement spécialisé dans l'accueil de patients présentant un handicap lourd», précise-t-il. Dans un courrier au Dr Kariger, l'expert suspecte cette nouvelle collégialité d'être une «mascarade», servant de parapluie juridique à «la décision de mort prise depuis longtemps». «Le sens de cette nouvelle réflexion est-il de rectifier en apparence la forme? demande-t-il. Votre persistance à réunir les conditions présumées légales, d'une mort provoquée délibérément par un acte d'omission - l'arrêt de l'alimentation - alors qu'une bonne partie de la famille s'y oppose et qu'aucun événement médical n'est intervenu, m'incite à penser que c'est la seule fin recherchée». Ses interrogations sont si fortes sur les pratiques du CHU de Reims, que le médecin a officiellement proposé d'accueillir Vincent Lambert dans son hôpital. Saisi, l'Ordre des médecins doit trancher la question. Pour autant, la procédure d'euthanasie n'a pas été suspendue. «Il est de mon devoir et de ma responsabilité de la mener à bien, tant qu'aucune décision de transfert n'est prise», motive le Dr Kariger dans des documents consultés par Le Figaro. La décision, qui revient en toute fin au médecin, «sera notifiée avant sa mise en application», a-t-il fait savoir.
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Un panel citoyen pour réfléchir sur la fin de vie Le Comité consultatif national d'éthique (CCNE) publie lundi un avis attendu. Pas le sien mais celui des Français qui, depuis trois mois, dans des «conférences de citoyens», ont planché sur la fin de vie. Vingt personnes venues de toute la France, «choisies de manière à représenter la société dans sa diversité», d'après une méthodologie de l'Ifop, explique Marie-Hélène Mouneyrat, secrétaire générale du CCNE. Durant plusieurs sessions, ils ont débattu avec diverses personnalités afin de nourrir leur réflexion et de se forger un avis. Leur rapport final, rédigé ce week-end, aura une valeur consultative pour le gouvernement, explique le CCNE. «C'est une pierre à l'édifice» pour aider la réflexion et le débat public qui doit précéder le futur projet de loi sur la fin de vie. Ces «conférences de citoyens» menées depuis l'automne s'inscrivaient dans le cadre des états généraux prévus par la loi bioéthique
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| Sujet: Re: VINCENT LAMBERT 14.12.13 10:35 | |
| Euthanasie : «Sans consensus familial, c'est le droit à la vie qui prime» Home ACTUALITE Société Par Delphine de MallevoüeMis à jour le 13/12/2013 à 20:32 Publié le 13/12/2013 à 19:54 Le Dr Bernard Jeanblanc a rédigé un rapport après avoir rencontré Vincent Lambert, le 9 décembre. Chef de service d'une unité pour polyhandicapés et d'une unité de vie spécialisée pour les « pauci-relationnels », comme Vincent Lambert, il est depuis vingt ans un des spécialistes en France de ce type de patient.
Dr JEANBLANC. - On recense en France 1500 patients en état végétatif ou «pauci-relationnels». Ce ne sont pas des gens dans le coma, ils perçoivent leur environnement extérieur mais sans pouvoir communiquer. Leur prise en charge s'inscrit toujours dans un projet de vie, et pour cause: ils ne sont pas en fin de vie. Dans mon service, ces patients sont levés tous les jours, ils reçoivent des soins de kiné, de confort, de stimulation. À l'opposé de l'approche palliative. C'est pourquoi, dès le départ, l'hospitalisation de Vincent Lambert dans un service de soins palliatifs est une inadéquation totale, il n'a rien à faire là.
Ce cas est selon vous «une interprétation abusive de la loi Leonetti», pourquoi?
Si on euthanasie un patient comme Vincent, quid des 1500 autres qui sont comme lui? On les élimine? Sur quels critères? Parce qu'ils sont handicapés? Qu'ils ne servent à rien? Je crains beaucoup ces dérives utilitaristes, voire économiques. Cela voudrait aussi dire que la pratique des professionnels avec ces patients-là, depuis tant d'années, est inutile? Mes équipes sont outrées de voir l'approche réservée à Vincent Lambert.
L'équipe du Dr Kariger dit avoir perçu une résistance aux soins, signe qu'il voulait en finir.
Comment le Dr Kariger, qui reconnaît l'incapacité objective de Vincent à communiquer, peut-il soutenir avec une telle force de conviction qu'il a exprimé un refus de vivre? Nous sommes là dans l'interprétation pure et simple. Or on ne peut baser un arrêt de mort sur des suppositions, c'est très grave! À plus forte raison quand il s'agit de «faire mourir» et non de «laisser mourir». Car il faut rappeler qu'il n'y a pas de pathologie dans ce cas, ni même de détérioration de l'état de santé.
La prudence a-t-elle manqué?
À l'évidence. Or c'est une des vertus du soin. Pour tout dire, c'est ce qui m'étonne le plus dans l'attitude du Dr Kariger: le fait qu'il ne doute pas. Avec mon équipe, après vingt ans d'expérience, nous ne sommes jamais dans la certitude, c'est impossible. Par ailleurs, un principe élémentaire n'a pas été respecté: quand il n'y a pas de consensus familial, c'est le droit à la vie qui prime. C'est le professeur Didier Sicard qui l'a rappelé (ancien président du Comité consultatif national d'éthique, auteur d'un rapport sur la fin de vie, NDLR).
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| Sujet: Re: VINCENT LAMBERT 13.01.14 22:14 | |
| Euthanasie : "Il ne voulait pas vivre comme un légume", explique le cousin de Vincent Lambert
Par Anne Le Henaff , La rédaction de RTL.fr | Publié le 13/01/2014 à 19h35 | RTL Midi société - santé
Euthanasie : le cas de Vincent Lambert divise ses proches (photo d'illustration).
Euthanasie : le cas de Vincent Lambert divise ses proches (photo d'illustration). Crédit : MARTIN BUREAU / AFP RÉACTION - Les proches de Vincent Lambert, dans le coma depuis 6 ans, se divisent au sujet de sa fin de vie. Son cousin, partisan de l'euthanasie, explique que le patient aurait aimé partir.
L'histoire de cet homme en fin de vie incarne à lui seul le débat autour de l'euthanasie. Vincent Lambert, 37 ans, tétraplégique, est dans le coma depuis 6 ans à cause d'un accident de moto. Pour la seconde fois, les équipes du centre hospitalier de Reims ont décidé d'abréger sa vie.
Il avait dit clairement qu'il ne voulait pas vivre comme un légumeFrançois Lambert, le cousin de Vincent
"Les médecins ont constaté qu'il refusait les soins, assure son cousin sur RTL. Il avait dit clairement qu'il ne voulait pas vivre comme un légume. Donc il n'a pas changé d'avis", assure-t-il.
En mai 2013, les parents s'étaient opposés à cette décision
Depuis plusieurs mois, la famille du patient se déchire. "Perdre un proche c'est déjà difficile, mais alors en plus avec des caméras, c'est compliqué", explique le cousin de Vincent.
La première fois que les médecins voulaient arrêter les soins, en mai dernier, ses parents avaient obtenu en justice qu'il soit "rebranché", contre l'avis de son épouse et du staff médical.
Les médecins auront le dernier mot
Le processus devrait finalement débuter ce lundi soir, alors qu'une partie de la famille a fait savoir qu'elle comptait attaquer cette décision en justice. Contacté par RTL en fin de matinée, leur avocat n'a pas répondu.
Les médecins, convaincus que Vincent ne veut plus vivre dans ce corps qu ne répond plus, ont organisé plusieurs réunions familiales. Ils peuvent donc prouver qu'ils ont prévenu les proches de leur décision collégiale.
Si l'affaire revient devant les tribunaux, ce sont donc eux qui auront le dernier mot pour prendre cette décision difficile : arrêter des soins lorsqu'ils sont "déraisonnables", et ne servent plus qu'à maintenir artificiellement la vie.
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| Sujet: Re: VINCENT LAMBERT 13.01.14 22:50 | |
| site catho-intégriste Riposte Catholique
11 janvier, 2014
Vincent Lambert : nouvel arrêt de mort
Vincent Lambert est de nouveau menacé de mort par le Dr Eric Kariger, chef du service de gériatrie du CHU de Reims. Au cours d'une réunion avec la famille, ce matin, le médecin – catholique pratiquant, membre du PCD – a signifié sa décision : son patient, tétraplégique, en état de conscience minimale, mais par ailleurs en bonne santé, doit bénéficier de l'arrêt de l'obstination déraisonnable que constitue le maintien artificiel de sa vie par l'administration de nourritures et d'hydratation.
C'est une décision de mort, d'euthanasie par omission.
Elle n'est pas inattendue : voici des mois, depuis que le tribunal administratif de Chalons-en-Champagne avait ordonné que Vincent Lambert fût réalimenté après 31 jours de jeûne contraint, que le Dr Kariger se répandait dans la presse pour justifier la décision qu'il indiquait clairement vouloir reprendre, en invoquant les éléments de la loi Leonetti évoqués ci-dessus.
Car il faut le savoir, la loi Leonetti est déjà une loi d'euthanasie, même si la lettre de la loi permet de discuter l'application d'une décision d'arrêt des soins ordinaires que sont la nourriture et l'hydratation à une personne qui n'est pas du tout en fin de vie.
Les travaux préparatoires de la loi prévoyaient cependant qu'on ne cesse pas l'hydratation, en raison des souffrances que cela pouvait provoquer.
Même cette considération est aujourd'hui balayée car la première fois, Vincent Lambert a mis trop de temps à mourir…
Bien sûr, l'arrêt de l'alimentation et de l'hydratation sont censés servir au bien du patient, qui n'est pas malade et qui à l'occasion sort même de l'hôpital pour être en famille… Il l'aurait voulu, il n'a plus de vie relationnelle, il est dépendant : voilà ce que le Dr Kariger a répété dans la presse ces derniers mois. On « suspectait » chez lui un « refus de vivre ».
Que sa mère, son père, et d'autres membres de la famille aient suspecté chez lui une volonté de vivre, cela n'importe pas, le Dr Kariger prenant seul cette décision en interprétant le doute dans le sens de la mort, soutenu par la femme de Vincent et une partie de ses frères et sœurs.
Mais la question n'est pas de savoir ce qu'aurait voulu Vincent Lambert, mais de se demander s'il est licite de « laisser mourir » un être humain dans ces conditions, ou plutôt de provoquer délibérément sa mort en cessant de l'alimenter.
Tout au long de ces derniers mois, les convictions religieuses de Pierre et Vivianne Lambert, ses parents, présentés comme proches de la Fraternité Saint Pie X, ont aussi été évoquées dans la presse pour expliquer leur refus de la « réalité » et leur obstination en faveur de la vie de leur enfant.
Sans doute faut-il de nos jours avoir quelques convictions morales et religieuses pour comprendre que la vie humaine doit être respectée, même lorsqu'elle est diminuée et fragile. Mais nul besoin pour cela d'être « intégriste », réel ou supposé. Un des plus beaux documents dénonçant le caractère euthanasique du refus de nourriture et d'eau, soins toujours dus lorsqu'elles apportent un bénéfice au patient dans leur ordre propre, a été co-signé par Mgr Vingt-Trois et le grand rabbin David Messas. C'est ici.
Me Jérôme Triomphe, qui s'est battu comme un lion pour arracher une première fois Vincent Lambert à sa mort programmée, engage un référé pour empêcher cette nouvelle tentative. Procédure d'urgence : l'arrêt de l'alimentation et de l'hydratation est prévue dans de très brefs délais. |
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| Sujet: Re: VINCENT LAMBERT 15.01.14 22:43 | |
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Euthanasie : Vincent Lambert n’a pas encore le droit de mourir
Par Joël Chatreau
15/01 14:28 CET
Une fois de plus en France, l’euthanasie pose un grave problème de conscience. La fin de vie de Vincent Lambert, un infirmier de 38 ans devenu tétraplégique à la suite d’un grave accident de la route, est tourmentée depuis près de dix mois. Ce mercredi, le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne, la préfecture du département de la Marne, devait trancher une nouvelle fois sur le sort du patient qui se trouve dans un état pauci-relationnel, autrement dit de conscience minimale. Les juges ont préféré “prendre le temps de la réflexion”, selon les propres mots du président du tribunal. Le jugement ne sera rendu que jeudi.
Ce sont les parents de Vincent Lambert, ainsi qu’une soeur et un demi-frère, qui ont saisi la justice pour arrêter le processus décidé par le CHU de Reims, où le patient est hospitalisé depuis cinq ans. L‘établissement hospitalier avait annoncé sa décision samedi dernier, à l’issue de deux réunions entre les médecins et l’ensemble de la famille en septembre et décembre 2013. Trois experts sur quatre s‘étaient aussi prononcé en faveur d’une euthanasie passive. L’alimentation et l’hydratation par sonde devaient être stoppées. Mais les parents de Vincent Lambert qui ont qualifié les réunions de “mascarades” persistent à s’opposer à cette fin de vie assistée. Leur avocat, qui avait obtenu gain de cause devant le même tribunal administratif en mai dernier, a de nouveau plaidé ce mercredi que la loi Leonetti ne peut pas s’appliquer dans ce cas car le patient est handicapé mais n’a pas de maladie incurable.
Rachel, l‘épouse de Vincent Lambert, pense au contraire qu’il faut abréger le calvaire de son mari, elle appuie la décision médicale, tout comme sept autres membres de la famille. Rappelant que Vincent connaissait ce genre de problème en tant qu’infirmier, elle avait expliqué “Ce qui le répugnait, c‘était la dépendance. Entendons-le et respectons-le”. Selon une soeur du patient, leurs parents sont guidés par “une idéologie très catholique”. “Le laisser partir, dit-elle, est pourtant aussi un acte d’amour”.
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| Sujet: Re: VINCENT LAMBERT 16.01.14 10:15 | |
| Vincent Lambert pourrait subir une euthanasie passive, selon l'auteur de la loi
Par LEXPRESS.fr, publié le 16/01/2014 à 08:05
Pour Jean Leonetti, auteur de la loi de 2005 sur la fin de vie, les médecins ont le droit de mettre un terme à la vie de Vincent Lambert, tétraplégique en état de conscience minimale. Le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne se prononce ce jeudi. Vincent Lambert pourrait subir une euthanasie passive, selon l'auteur de la loi
Fin de vie de Vincent Lambert: "La loi prévoit que les médecins recueillent l'avis de la famille, mais ils ne sont pas obligés de le suivre", a indiqué M. Leonetti.
AFP L'Express
Le député UMP Jean Leonetti, auteur de la législation actuelle sur la fin de vie, a estimé mercredi que sa loi pouvait s'appliquer au cas de Vincent Lambert, même si ce dernier n'est pas atteint d'une maladie incurable.
"La loi de 2005 relative aux droits des malades et à la fin de vie dit qu'on peut interrompre ou ne pas mettre en oeuvre les traitements qui apparaissent comme inutiles ou disproportionnés et dont le seul but est le maintien artificiel de la vie", a indiqué à l'AFP M. Leonetti, précisant que les deux derniers qualificatifs "relèvent de la situation des états végétatifs ou pauci-relationnels (ou état de conscience minimale), du type de celui dans lequel se trouve Vincent Lambert".
Une partie de sa famille souhaite le maintien en vie
Agé de 38 ans et tétraplégique depuis un accident de la circulation il y a 5 ans, Vincent Lambert est au centre d'une bataille judiciaire entre le CHU de Reims et une partie de sa famille qui s'oppose à une euthanasie passive, estimant qu'il n'est pas atteint d'une maladie incurable et que dès lors la loi Leonetti ne s'applique pas à son cas.
Saisi par les parents pour stopper la décision médicale et obtenir le transfert de leur fils dans un autre établissement, le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne doit rendre sa décision ce jeudi.
Les médecins ne sont pas obligés de suivre l'avis de la famille
Les médecins du CHU de Reims ont annoncé samedi, à l'issue de plusieurs réunions collégiales tenues avec les membres de la famille, qu'ils allaient arrêter prochainement les traitements de nutrition et d'hydratation artificielles du malade, qui se trouve dans un état de conscience minimale.
"La loi prévoit que les médecins recueillent l'avis de la famille, mais ils ne sont pas obligés de le suivre", a indiqué M. Leonetti. "Il n'y a pas de vote à la majorité (...) la procédure a pour but de protéger le malade" a-t-il ajouté tout en regrettant que Vincent Lambert n'ait pas rédigé de "directives anticipées" lorsqu'il était encore en mesure de le faire.
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| Sujet: Re: VINCENT LAMBERT 16.01.14 10:29 | |
| Euthanasie passive: décision du tribunal attendue pour Vincent Lambert
- Publié le 16/01/2014 à 08:32 le Point Le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne se prononce jeudi sur la fin de vie de Vincent Lambert, un tétraplégique en état de conscience minimale, dont les parents s'opposent à l'euthanasie passive décidée par le corps médical en accord avec sa femme et une partie de sa famille.
Les parents, une soeur et un demi-frère de Vincent Lambert avaient saisi la justice après l'annonce du docteur Kariger, chef du service de médecine palliative du CHU de Reims, d'arrêter prochainement les traitements de nutrition et d'hydratation artificielles du patient tétraplégique en état de conscience minimale.
Tout au long des quatre heures d'audience mercredi, devant une famille divisée qui est repartie de part et d'autre de la salle en s'évitant du regard, les parties se sont opposées sur la place de Vincent Lambert dans le cadre de la loi Leonetti qui régit les droits des patients en fin de vie, son état de conscience et sa situation au sein du service de soins palliatifs
"Vincent est handicapé, il n'est pas atteint d'un mal incurable, il n'est pas en fin de vie sauf si on lui retire son alimentation et son hydratation", a expliqué au tribunal Jérôme Triomphe, l'avocat des parents du patient de 38 ans hospitalisé depuis cinq ans après un accident de la circulation. Selon lui, la loi Leonetti ne peut s'appliquer au cas de Vincent.
Avant lui, le rapporteur public avait préconisé le maintien de l'alimentation et l'hydratation artificielles du malade tétraplégique, estimant "que le patient est dans état irréversible mais que sa conscience existe et qu'il est impossible de juger du sens de sa vie".
Il a par ailleurs enjoint le tribunal de rejeter la demande des requérants de transférer le patient dans un autre hôpital.
Selon le corps médical, Vincent est totalement aphasique et dans un état pauci-relationnel (état de conscience minimale) qui permet une certaine interaction avec l'environnement par la vue notamment, sans pour autant "être sûr qu'il intègre correctement les informations sensorielles".
Le député Leonetti estime que sa loi peut s'appliquer
Depuis le début de l'année 2013, le malade avait multiplié, d'après les médecins, des comportements d'opposition aux soins, "faisant suspecter un refus de vivre".
En avril 2013, un premier protocole de fin de vie avait déjà été engagé mais sans consulter explicitement les parents vivant dans le sud de la France, qui avaient saisi la justice et obtenu la reprise des soins de leur fils.
L'action judiciaire avait mis au jour un conflit familial, alimenté, selon plusieurs témoignages, par les convictions religieuses très ferventes des parents de Vincent.
Lors des débats, l'avocate du CHU de Reims a insisté sur "l'obstination déraisonnable" que représente la continuation des soins "vu l'état de Vincent qui n'a pas de conscience au sens de la médecine et aucune vie relationnelle".
"Une partie de la famille, dont sa femme, a signifié que Vincent Lambert avait témoigné de sa volonté de refuser l'acharnement, mais c'est au médecin seul que revient la décision", a ajouté Me Catherine Weber-Seban.
"Personne ne souhaite s'il est bien portant être dans la situation de Vincent Lambert, mais qui peut savoir maintenant ce qu'il en pense", lui avait répondu Me Triomphe.
A l'audience, Rachel Lambert, son épouse, qui est quasi quotidiennement au chevet de son mari depuis son accident a plusieurs fois fondu en larmes, prostrée auprès de ses avocats.
Le député UMP Jean Leonetti, auteur de la législation actuelle sur la fin de vie, a estimé mercredi que sa loi pouvait s'appliquer au cas de Vincent Lambert, même si ce dernier n'est pas atteint d'une maladie incurable.
Quelque soit la décision rendue jeudi, un recours est susceptible d'être déposé par une des parties devant le Conseil d'Etat.
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| Sujet: Re: VINCENT LAMBERT 16.01.14 11:24 | |
| CES QUESTIONS QUE POSE L'AFFAIRE VINCENT LAMBERT AUXQUELLES UNE LOI SUR L'EUTHANASIE N'APPORTERAIT PAS DAVANTAGE DE REPONSES Atlantico le 16.01.2014
Atlantico : Le fait que la décision "de vie ou de mort" de Vincent Lambert, tétraplégique en état de conscience minimale depuis 5 ans, se trouve entre les mains de la justice relance le débat sur la sédation en phase terminale voire sur l'euthanasie. Un juge peut-il prendre la décision d'arrêter les traitements de nutrition et d'hydratation artificielles d'un patient ? La justice est-elle légitime à décider de donner la mort, en dépit du refus des parents de la victime ?
Jean Leonetti : La justice dans le cas de Vincent Lambert n’est pas habilitée à dire si on doit choisir la vie ou la mort. Elle est là pour dire si la loi est respectée ou si elle ne l’est pas.
Lors de sa première décision, elle avait constaté que la procédure n’était pas respectée au regard de la loi Leonetti du 11 avril 2005 puisqu’il fallait recueillir l’avis de la famille et que, de toute évidence, les parents de Vincent Lambert n’avaient pas été informés de la suspension des traitements de survie. Dans ces conditions, de manière légitime, le juge a demandé la suspension de la procédure.
Les médecins, avec beaucoup de sagesse, on repris la procédure au tout début en faisant en sorte qu’un conseil de famille soit réuni pour informer tout le monde et que la décision collégiale médicale soit renforcée par un collège d’experts extérieurs. Aujourd’hui, la demande qui se fera au juge est de savoir si la loi telle qu’elle a été votée à l’unanimité en 2005 est respectée ou pas.
A mes yeux, la procédure et le texte de la loi concernent le cas de Vincent Lambert.
L'avocat des parents de Vincent Lambert déclare : "Vincent est handicapé, il n'a pas de maladie incurable, la loi Leonetti ne s'applique pas à son cas". Que faut-il conclure d'une pareille information ? Comment délimiter la frontière entre sédation en phase terminale et euthanasie ?
La situation de Vincent Lambert est une situation qui ne concerne ni la sédation terminale ni l’euthanasie. Elle concerne le texte de loi qui dit que les traitements peuvent être suspendus ou ne pas être mis en œuvre lorsqu’ils sont inutiles, disproportionnés ou n’ont d’autre but que le maintien artificiel de la vie. Bien évidemment, les traitements concernant Vincent Lambert sont des traitements qui n’ont pas d’autre but que le maintien artificiel de la vie. Dans ce contexte, la procédure collégiale peut décider d’interrompre ces traitements de survie. Cela impliquera qu’une sédation terminale soit mise en œuvre sur la décision d’arrêt des traitements, mais en aucun cas il ne s’agit d’une sédation terminale destinée à mettre fin à la vie de Vincent Lambert et encore moins d’un cas d’euthanasie.
La loi de 2005 s’appelait « droits des malades et fin de vie ». Le premier chapitre concerne l’acharnement thérapeutique – l’acharnement thérapeutique étant bien sûr un abus d’actions médicales, qui concerne des sujets, qu’ils soient en fin de vie ou non. Donc la loi s’applique.
Lors de sa conférence de presse du 14 janvier, François Hollande a indiqué vouloir encadrer une loi sur la fin de vie. Quand bien même il existerait un cadre législatif, l'affaire en question serait-elle différente ?
Aucune loi dans le monde n’autorise à pratiquer l’euthanasie chez quelqu’un qui ne l’a pas demandé. Dans le cas de Vincent Lambert, aucune directive anticipée – qui est aujourd’hui prévue dans la loi – n’a été écrite. On est donc obligé de se baser sur ce qu’il a confié à ses proches vis-à-vis de la situation dans laquelle il se trouve aujourd’hui.
Le président de la République, lors de sa conférence de presse, a repris mot pour mot les propos qu’il a tenu en campagne électorale dans sa proposition 21 et les propos sont suffisamment flous pour qu’on ne sache pas s’il s’agit d’une volonté de légaliser l’euthanasie ou d’une meilleure application de la loi actuelle avec une aide médicale pour soulager les souffrances en fin de vie.
Enfin, le président de la République a aujourd’hui trois rapports (un rapport Sicard, un rapport du Comité national d’éthique et un panel citoyen) qui écartent la proposition de légaliser l’euthanasie.
La réalité de cet enjeu social n'est-elle pas moins le fait de ce qu'il n'y ait pas de loi que le fait que personne ne souhaite être à l'origine de la décision de donner la mort ?
On ne peut pas demander à la famille de décider de la vie ou de la mort d’un proche. Je laisse imaginer les circonstances où une mère qui vient d’accoucher serait décisionnaire de la vie ou de la mort de son enfant. On voit bien qu’on ne peut pas faire peser la responsabilité de la décision de l’arrêt ou de la poursuite des traitements de survie à la famille. La loi dit d’ailleurs qu’on « recueille » son avis ; elle ne dit en aucun cas qu’on est obligé de suivre son avis. Cela permet donc, dans la procédure de Vincent Lambert, à la collégialité médicale de pouvoir prendre des décisions tout en ayant informé et recueilli l’avis de l’ensemble de la famille. Il faut bien se rappeler que la première décision du tribunal n’a jamais été une décision sur le fond qui disait si oui ou non on devait poursuivre le traitement de survie, mais sur la procédure qu’ils ont jugé, à juste titre, incomplète.
Comment est-il concrètement possible de créer un cadre législatif qui prendrait en compte tous les cas de figure ?
Je crois que ça n’est pas possible. La mort, comme la vie, est personnelle, intime, complexe et douloureuse. Il n’y a pas de possibilité de trouver des solutions qui entrent dans le détail de chaque cas particulier.
On m’a dit de trouver un texte complémentaire qui hiérarchiserait l’avis des familles dans la procédure d’arrêt des traitements pris lorsque la personne ne peut pas exprimer sa volonté - comme c’est le cas de Vincent Lambert. Je vois mal qu’on puisse hiérarchiser l’avis de la femme ou du mari à celui du père ou de la mère car l’avis des proches est quelquefois plus important que l’avis d’un parent éloigné. Il faut donc qu’on puisse rester dans une procédure qui à la fois est souple mais en même temps garde des objectifs :
1 – La non-souffrance et le non-abandon ; 2 – Lorsque le malade ne peut pas exprimer sa volonté, recueillir l’avis d’une personne de confiance si elle a été désignée (ça n’est pas le cas pour Vincent Lambert) ; 3 – Recueillir les directives anticipées si elles ont été écrites (ça n’est pas le cas pour Vincent Lambert).
Ensuite, il faut essayer de savoir ce que la personne aurait voulu dans la poursuite d’un traitement, qui peut être, selon les uns ou les autres, apprécié comme un acharnement thérapeutique ou pas. C’est donc à l’issue de cette procédure, qui forcément ne peut pas envisager tous les détails, que la décision est prise.
Je le répète une fois de plus, si la loi était appliquée dans sa totalité, et que chacun d’entre nous avait désigné une personne de confiance et écrit ses directives anticipées, la polémique autour de Vincent Lambert n’existerait pas. Si Vincent Lambert avait désigné sa femme comme personne de confiance et s’il avait écrit que s’il se trouvait en situation handicap majeur, il ne voulait pas prolonger sa vie inutilement, la collégialité médicale pourrait prendre la décision en toute sérénité et sans polémique inutile.
Propos recueillis par Marianne Murat
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| Sujet: Re: VINCENT LAMBERT 16.01.14 12:13 | |
| «J’aimerais que Vincent soit entendu et respecté dans ce qu’il était avant»
13 janvier 2014 à 19:36 (Mis à jour : 15 janvier 2014 à 11:35) L'auteur Eric FAVEREAUCHRONIQUE «AUX PETITS SOINS»
«Mourir, mourir la belle affaire», disait Brel. «Mais vivre…» Il y a quelque chose d’inhumain dans ce que la collectivité fait endurer à Vincent Lambert depuis maintenant cinq ans qu’il est dans un état végétatif. Et le plus inhumain encore, c’est que cela risque de durer. Les parents de Vincent ont, à nouveau, saisi la justice hier, en déposant un référé-liberté pour empêcher que la décision médicale d’euthanasie passive prise par le Dr Eric Kariger ne soit entreprise. Face à ce nouveau recours, celui-ci a annoncé qu’il attendra la décision du tribunal. Comme si c’était à la justice de dire ce qui était médical ou non, car en l’occurrence toute l’équipe médicale de soins palliatifs du CHU de Reims mais aussi les plus hauts responsables des soins palliatifs en France ont considéré que cette décision était pleinement légitime.
La femme de Vincent, Rachel, ne sait plus où regarder. Il y a quelques mois, elle nous avait dit si simplement : «J’aimerais que Vincent soit entendu et respecté dans ce qu’il était avant. Et à ceux qui voudraient croire que j’ai intérêt à ce que mon mari parte, je voudrais dire que, malgré son handicap, il est toujours resté mon mari et que la douleur de le perdre sera toujours aussi grande. Je ne le laisse pas partir pour moi, je le laisse partir pour lui.» Après un accident de la route en 2008, cet infirmier de Reims s’est retrouvé dans un état végétatif chronique. A plusieurs reprises, avec sa femme, mais aussi avec des collègues, il avait dit qu’il ne voudrait jamais vivre une vie ainsi.
C’était il y a cinq ans. Aujourd’hui, il a 37 ans. Il est étendu, sans mot ni contact avec l’extérieur, nourri par une sonde gastrique, et accompagné par une équipe, manifestement très prévenante. Toute sa famille, à l’exception de ses parents, demande simplement que «la médecine se retire». Rien d’autre. La loi le permet et c’est au seul médecin d’en prendre la responsabilité. En mai, apprenant que leur fils n’était plus alimenté, ses parents avaient déposé un recours devant le tribunal administratif qui a demandé de surseoir à la décision. Le médecin s’est montré très conciliant. «Laissons la tension s’apaiser», nous disait-il. Il a monté deux conseils de famille, appelé chacun à avoir son expert. Et ce week-end, à nouveau, le blocage. Les parents se sont opposé au reste de la famille et ont réitéré leur volonté de déposer un nouveau référé. Ils appellent les réseaux catholiques les plus sectaires «à ne pas laisser faire cette mise à mort».
De son lit, qu’entend Vincent Lambert ? Jusqu’à quand va-t-on rester sourd à son silence ? «Mourir, en donnant la main à un ami», souhaitait si fortement le grand philosophe catholique Paul Ricœur. On en est si loin.
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| Sujet: Re: VINCENT LAMBERT 16.01.14 12:26 | |
| "La loi de 2005 relative aux droits des malades et à la fin de vie dit qu'on peut interrompre ou ne pas mettre en œuvre les traitements qui apparaissent comme inutiles ou disproportionnés et dont le seul but est le maintien artificiel de la vie", a estimé Jean Leonetti. Le député précise que les deux derniers qualificatifs "relèvent de la situation des états végétatifs ou pauci-relationnels (ou état de conscience minimale), du type de celui dans lequel se trouve Vincent Lambert".
Jean Leonetti sur l'affaire Vincent Lambert : "Le maintien artificiel de la vie, ce n'est pas la vie" Jeudi 30 janvier 2014 à 12:29 - Par David Di Giacomo, France Bleu Azur Jean Leonetti, député-maire d'Antibes, est l'auteur de la loi en vigueur sur la fin de vie. Invité de France Bleu Azur ce jeudi matin, il estime que dans l'affaire Vincent Lambert, ce n'est pas à la justice de trancher mais au corps médical.
Le conseil d'Etat va être saisi par le CHU de Reims et l'épouse de Vincent Lambert. La question est de savoir s'il faut mettre un terme à la vie artificielle de ce tétraplégique âgé de 38 ans. Son épouse et certains de ses proches y sont favorables, alors que les parents Lambert s'y opposent. Ils ont obtenu gain de cause devant le tribunal administratif.
Pour l'auteur de la loi sur la fin de vie, Jean Leonetti, seuls les médecins doivent se prononcer et pas la justice .
"Dans cette affaire, les juges se sont substitués aux médecins. Si cette décision devenait jurisprudentielle, les médecins hésiteraient à arrêter des traitements, même s'ils estimaient que ceux-ci sont inutiles ou n'ont d'autre but que le maintien artificiel de la vie. Or le maintien artificiel de la vie, ce n'est pas la vie."
Selon le député-maire d'Antibes, le recours en justice "est indispensable" . Pour lui, si la décision du tribunal administratif était maintenue 'elle confinerait à revenir quinze ans en arrière, à l'époque où l'acharnement thérapeutique était la règle ".
Et Jean Leonetti d'insister sur la nécessité pour chacun de rédiger ses directives anticipées, pour faire savoir à sa famille ses souhaits quant à sa fin de vie et la possibilité de limiter ou d’arrêter les traitements en cours. |
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| Sujet: Re: VINCENT LAMBERT 16.01.14 13:17 | |
| Fin de vie : Vincent Lambert continuera à être alimenté Par Marie-Laure Combes et Noémie Schulz Publié le 16 janvier 2014 à 13h05Mis à jour le 16 janvier 2014 à 13h06
LA DÉCISION - Le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne a suspendu jeudi la décision des médecins. Le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne a suspendu jeudi la décision des médecins de ne plus soigner Vincent Lambert. Le jeune homme, tétraplégique et en état de conscience minimale, continuera donc à être alimenté et hydraté.
Jeudi matin, son neveu avait affirmé sur Europe 1 que Vincent Lambert "n'aurait pas voulu vivre comme ça". Il avait également laissé entendre que si le tribunal s'opposait à l'euthanasie passive de Vincent, sa femme - qui demande l'arrêt des soins - pourrait faire appel : "On se dit que le tribunal doit prendre en compte que Vincent rentre dans la catégorie de la loi Leonetti. S'il ne le faisait pas, il faudrait aller au Conseil d'Etat, qui pourrait statuer différemment."
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| Sujet: Re: VINCENT LAMBERT 16.01.14 14:00 | |
| Affaire Lambert: le tribunal se prononce contre l'euthanasie passive
(AFP) – Il y a 21 minutes
Reims — Le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne s'est prononcé jeudi contre la décision d'euthanasie passive prise par les médecins de Vincent Lambert, un tétraplégique en état de conscience minimale, une décision qui avait été prise en accord avec sa femme et une partie de sa famille, a-t-on appris auprès d'un avocat des parents.
"Le tribunal a enjoint les médecins de maintenir l'alimentation et l'hydratation de Vincent Lambert", a déclaré à l'AFP Me Jean Paillot.
"Le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne suspend l?exécution de la décision du 11 janvier 2014 par laquelle le centre hospitalier régional universitaire de Reims a décidé d?interrompre l?alimentation et l?hydratation artificielles de M. Vincent Lambert", a indiqué le tribunal dans un communiqué.
Le Tribunal a notamment "jugé que la poursuite du traitement n?était ni inutile, ni disproportionnée et n?avait pas pour objectif le seul maintien artificiel de la vie et a donc suspendu la décision d?interrompre le traitement", explique notamment la juridiction. Elle a estimé que "c?est à tort que le CHU de Reims avait considéré que M. Lambert pouvait être regardé comme ayant manifesté sa volonté d?interrompre ce traitement".
"On a sauvé la vie de Vincent", a estimé Me Paillot. "C'est une victoire du droit, c'est une lecture de la loi Leonetti à la lumière de la dignité. C'est une victoire pour tous les handicapés", a-t-il ajouté. "Le tribunal a reconnu que Vincent n'était ni malade ni en fin de vie et la loi ne pouvait pas s'appliquer. Dans le cas de Vincent les éléments pour arrêter l'alimentation ne sont pas réunis", a conclu l'avocat.
L'avocat de François Lambert, neveu de Vincent Lambert favorable à l'euthanasie passive, a indiqué à l'AFP qu'il pourrait faire appel devant le Conseil d'Etat. Cette décision n'est "pas très bien motivée", a jugé Me Bruno Lorit.
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| Sujet: Re: VINCENT LAMBERT 16.01.14 17:50 | |
| Pour le médecin de Vincent Lambert, "cette décision remet en cause la loi Leonetti" Eric Kariger, le médecin du CHU de Reims en charge de Vincent Lambert, a dénoncé jeudi "une obstination déraisonnable" à maintenir son patient en vie, un tétraplégique, plongé dans un état de conscience minimal depuis cinq ans. D. N. Le 16/01/2014 à 16:02 Mis à jour le 16/01/2014 à 16:43 . Le docteur Eric Kariger, médecin de VIncent Lambert, lors d'une conférence de presse jeudi. (BFMTV)
"Cette décision remet en cause la loi Leonetti", a expliqué le docteur Eric Kariger, médecin de Vincent Lambert qui a également dénoncé "une obstination déraisonnable" à maintenir en vie son patient. Le praticien du CHU de Reims, s'oppose par ces mots la décision du tribunal administratif de Châlons-en-Champagne qui s'est prononcé jeudi contre l'euthanasie passive de Vincent Lambert. "Je pense à titre personnel que nous devons contester cette décision devant le Conseil d'Etat", a encore expliqué le docteur Eric Kariger.
Ses médecins avaient décidé de ne plus alimenter et hydrater ce tétraplégique en état de conscience minimale pour le laisser mourir, en accord avec sa femme et une partie de sa famille. Les parents, une soeur et un demi-frère de Vincent Lambert avaient saisi la justice après l'annonce du docteur Eric Kariger, chef du service de médecine palliative du CHU de Reims, d'arrêter prochainement les traitements de nutrition et d'hydratation artificielles du patient.
"Ce jugement remet en cause la garantie de ne pas subir d'acharnement"
"Pour notre société, ce jugement remet en cause la Loi Leonetti, pourtant seule loi de la Ve république votée à l'unanimité et à travers elle remet en cause nos garanties à chacun et chacune de ne pas être un jour victime d'acharnement. Ces problématiques sont questionnées", a insisté Eric Kariger.
"La définition de l'obstination déraisonnable est de responsabilité médicale. Elle nécessite le savoir médical devant intégrer la volonté passée de la personne si elle s'est exprimée, son état actuel, l'évolution de son état et de son intérêt au regard de son avenir. La douleur de sa famille et son devenir, les obligations déontologiques du médecin et les contraintes légales", a aussi expliqué le docteur Eric kariger. Pour lui, la décision de cesser d'alimenter Vincent Lambert a été "une décision collégiale éclairée par la famille". Cette décision pose en tout cas la problématique de la frontière parfois ténue qui sépare le domaine de la justice et celui du médical.
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| Sujet: Re: VINCENT LAMBERT 16.01.14 19:00 | |
| Refus d'euthanasie passive: la femme de Vincent Lambert déplore la décision
Par LEXPRESS.fr, publié le 16/01/2014 à 18:00, mis à jour à 18:26
La femme de Vincent Lambert déplore la décision du tribunal de s'opposer à l'euthanasie passive du patient. "Le laisser partir est l'ultime preuve d'amour qu'on peut lui apporter", estime-t-elle.
Refus d'euthanasie passive: la femme de Vincent Lambert déplore la décision
Le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne s'est opposé à l'euthanasie passive de Vincent Lambert, notamment demandée par sa femme.
AFP PHOTO / PHILIPPE HUGUEN
Le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne s'est prononcé contre l'euthanasie passive de Vincent Lambert ce jeudi.
"C'est rajouter de la violence à la violence", a déclaré son épouse, Rachel Lambert. D'après elle, "le laisser partir est l'ultime preuve d'amour qu'on peut lui apporter". "Je pense à mon mari, je me demande où il est dans tout ça", a expliqué Rachel Lambert, dans le cabinet de son avocat, toute en émotion contenue. "Il faut le laisser partir dans la sérénité et le respect de sa dignité et de ce qu'il a été".
Rachel Lambert a assuré une fois de plus que son mari "avait clairement signifié son refus de tout acharnement", et expliqué qu'"accepter qu'il parte, c'est l'aboutissement d'un long cheminement intellectuel et émotionnel y compris avec les médecins". Selon le corps médical, Vincent Lambert est dans un état pauci-relationnel qui permet une certaine interaction avec l'environnement par la vue notamment, sans pour autant "être sûr qu'il intègre correctement les informations sensorielles".
"Je veux faire valoir le droit à Vincent d'avoir été autre chose, quelqu'un d'autre que cette personne alitée", a poursuivi Rachel Lambert, qui déplore "une succession de faits horribles, de l'accident jusqu'aux procédures judiciaires".
"Des antagonismes trop forts" dans la famille
Après la décision du tribunal administratif de Châlons-en-Champagne de s'opposer à l'euthanasie passive de Vincent Lambert, le docteur Eric Kariger avait déclaré penser "beaucoup à la femme de Vincent". Pendant l'audience, qui a vu la famille du patient se diviser sur la question de l'euthanasie passive, Rachel Lambert, a plusieurs fois fondu en larmes, prostrée auprès de ses avocats.
"Avec ceux qui demandent l'acharnement à tout prix et la vie coûte que coûte, le dialogue est difficile. Il y a des antagonismes trop forts et du moment qu'on nie à Vincent le droit d'être ce qu'il a été, le débat est clos", a-t-elle ainsi déclaré.
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| Sujet: Re: VINCENT LAMBERT 16.01.14 19:13 | |
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| Sujet: Re: VINCENT LAMBERT 16.01.14 19:16 | |
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| Sujet: Re: VINCENT LAMBERT 16.01.14 19:45 | |
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| Sujet: Re: VINCENT LAMBERT 16.01.14 20:23 | |
| Vincent Lambert : l'avocat des parents défend aussi des catholiques fondamentalistes
Créé : 16-01-2014 19:48
FIN DE VIE - Le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne a ordonné jeudi le maintien de l'alimentation de Vincent Lambert, cet homme de 38 ans en état de conscience minimale. Donnant raison aux parents, qui ont assuré vouloir maintenir la vie de leur fils "par amour" et non par "croisade idéologique". Leur avocat, Me Jérôme Triomphe, est toutefois très proche de l'extrême droite catholique.
Jérôme Triomphe, l'avocat des parents de Vincent Lambert, est bien connu des milieux fondamentalistes et d'extrême droite. Jérôme Triomphe, l'avocat des parents de Vincent Lambert, est bien connu des milieux fondamentalistes et d'extrême droite. Photo : AFP
Contre l'avis des médecins et de l'épouse de Vincent Lambert, les juges ont donc tranché. Le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne (Marne) a décidé jeudi de "maintenir l'alimentation et l'hydratation de Vincent Lambert", un tétraplégique en état de conscience minimale. Incapable de bouger, cet handicapé n'a qu'une interaction minimale avec l'environnement,par la vue notamment. La justice a donc donné raison à ses parents qui s'étaient prononcés pour le maintien en vie de leur fils. Depuis son accident de la route en 2008, une partie de la famille de Vincent Lambert accuse les parents de mener "une croisade idéologique et religieuse". "Ce n'est pas par idéologie que les parents de Vincent défendent sa vie, mais par amour", leur a rétorqué Me Triomphe dans sa plaidoirie. Mais le parcours de l'avocat permet d'en douter.
Maître Jérôme Triomphe, avocat de l'institut catholique Civitas
Maître Jérôme Triomphe est en effet un juriste connu des milieux catholiques fondamentalistes et d'extrême droite. Il a par exemple défendu de nombreuses fois l'association de fondamentalistes catholiques Civitas, un mouvement politique inspiré par "le droit naturel et la doctrine sociale de l'Église" (...) "engagé dans l’instauration de la Royauté sociale du Christ". Une association très connue pour son combat contre l'euthanasie. L'un des derniers procès en date, celui qui les opposait au Femen après des violences lors d'une manifestation. Il y a quelques années, il avait défendu l'hebdomadaire d'extrême droite Rivarol contre le Front national.
Jérôme Triomphe a également participé à quelques conférences données par ces mêmes milieux. Le 7 septembre 2013, il tenait par exemple un discours intitulé : "Face à la persécution du totalitarisme socialiste, à la répression policière, le combat de l'AGRIF pour les libertés", organisé par l'alliance générale contre le racisme et pour le respect de l'identité Française et chrétienne. L'avocat a alors partagé la scène avec Carl Lang et Martial Bild, des anciens du Front national, actuellement au Parti de France. Pierre Descaves, un ancien de l'OAS qui a "participé à une série d'attentats en sa qualité d'activiste" pendant la guerre d'Algérie, selon Le Monde, était également présent. A l'occasion de ses nombreuses sorties, Jérôme Triomphe s'est également exprimé sur les ondes de Radio Courtoisie pour défendre sa vision catholique ou sur "le traitement judiciaire de l'antichristianisme" au congrès de la France catholique, qui abordait justement les questions du "gender" à … "l'euthanasie".
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| Sujet: Re: VINCENT LAMBERT 17.01.14 9:35 | |
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| Sujet: Re: VINCENT LAMBERT 17.01.14 14:54 | |
| Affaire Vincent Lambert : «Ce n’est pas aux juges de faire de la médecine»
Par Didier Arnaud — 16 janvier 2014 à 20:56
Véronique Fournier, médecin du centre d’éthique à Cochin. Affaire Vincent Lambert : «Ce n’est pas aux juges de faire de la médecine»
Véronique Fournier est médecin responsable du centre d’éthique clinique de l’hôpital Cochin, à Paris.
Quelle est votre réaction à la décision du tribunal administratif de se prononcer contre l’euthanasie passive de Vincent Lambert ?
Je suis en colère, non sur le fond de la décision, mais sur le fait que ce soit un tribunal qui tranche. Il ne m’appartient pas de commenter un jugement, mais je ne pense vraiment pas que ce soit à des magistrats de prendre des décisions médicales ou de dire si un traitement doit être continué ou stoppé : médecins et patients ont fort à y perdre. A ma connaissance, c’est la première fois qu’un tribunal se prononce sur une telle affaire. Si on laisse passer cela, on risque une dérive de judiciarisation de la médecine, à l’américaine. Cela serait grave.
L’obstination déraisonnable, c’est une notion éminemment subjective. C’est déjà très difficile pour les médecins de savoir à quel niveau commence l’obstination déraisonnable. Cela dépend de chaque cas particulier. Comment voulez-vous qu’un juge soit compétent dans ce domaine ? Chacun son job ! En plus, la décision de justice me paraît contraire à la loi Leonetti qui précise très clairement que ce type d’appréciation appartient au médecin en charge du patient. Je ne comprends pas pourquoi le juge se substituerait au corps médical. Ce n’est pas une bonne chose pour l’équilibre de la médecine en général.
Vous craignez un mélange des genres ?
Je pense qu’on mélange les responsabilités et les casquettes. On ne demande pas aux médecins de prononcer la justice. Pourquoi demanderait-on aux juges de faire de la médecine ? La loi a balisé le terrain. Elle a précisé que la décision appartient au médecin en charge. J’attends du Conseil d’Etat qu’il dise que ce n’est pas au juge de prendre des décisions de cet ordre. Là, le juge est en train de faire une prescription médicale singulière. Le débat sur cette affaire est trop idéologique et généralisé. On perd de vue le patient singulier. Le tribunal n’a pas la connaissance intime de ce cas particulier. Il est donc amené à statuer sur une question générale : les patients en état pauci-relationnel [état de conscience minimale, ndlr] ont-ils une vie qui mérite d’être vécue ? Mais cela, c’est un sujet théorique. Ce pauvre homme n’existe plus en tant que personne, il est gommé. On est face à une histoire unique avec des éléments singuliers qui ne doivent pas être mis sur la table et sur la place publique, qui sont de l’ordre du secret médical et du respect de la vie privée.
Le conflit familial est-il responsable de cette décision ?
Sans conflit familial, cette affaire ne serait probablement pas allée en justice. Mais une fois de plus, la loi Leonetti est claire, elle ne confie pas la décision aux proches, mais au médecin en charge. Le docteur Eric Kariger a pris sa décision en son âme et conscience et après avoir respecté la procédure imposée par la loi. Ce que je conteste, c’est qu’avec cette décision, la médecine aille prendre ses ordres au tribunal.
La médiatisation ne risque-t-elle pas d’entraîner tous les dérapages ?
La médiatisation gomme encore plus la singularité de la situation au plan humain. Elle est simplificatrice et porte sur un débat de principe : est-ce qu’il faut continuer ou non ? Vincent Lambert devient l’otage d’un débat sociétal très important, sa vie actuelle et future en dépend. Il est dans un état pauci-relationnel. Une décision [d’euthanasie passive] avait été prise il y a six mois, puis suspendue. Depuis six mois, rien ne s’est passé pour lui : on lui fait endurer quelque chose de terrible. A quoi joue-t-on ? On se sert du malheur des autres pour réfléchir collectivement à ce que l’on va faire. |
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| Sujet: Re: VINCENT LAMBERT 17.01.14 22:18 | |
| Le cas Vincent Lambert "montre les limites de la loi Leonetti" Alain Ducardonnet, spécialiste santé de BFMTV, réagit à la décision de justice imposant le maintien de l'alimentation de Vincent Lambert, un patient de 37 ans en fin de vie. Il met en avant les limites de la loi Leonetti, soulevées par ce cas difficile. L. P. Le 16/01/2014 à 15:30 Mis à jour le 16/01/2014 à 15:58 Alain Ducardonnet explique les limites de la loi Leonetti. (BFMTV) / 1 Le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne s'est prononcé jeudi contre la décision d'euthanasie passive prise par les médecins de Vincent Lambert. Le juge administratif "enjoint les médecins de maintenir l'alimentation et l'hydratation de Vincent Lambert". "Un coup d'éclat" pour le docteur Alain Ducardonnet, spécialiste santé BFMTV, qui estime que "c'était l'occasion d'appliquer la loi Leonetti". Explications des limites de cette loi avec le Dr Ducardonnet. Peut-on rappeler ce que dit la loi Leonetti? La loi Leonetti se scinde en deux parties, les patients conscients et les patients inconscients. Pour Vincent Lambert nous sommes dans le deuxième cas. Il est clairement dit dans la loi qu'il ne doit pas y avoir d'acharnement thérapeutique si les médecins estiment que tous les recours médicaux sont épuisés. On peut alors envisager l'idée de ne plus apporter assistance au patient. Voilà pour la partie obstination déraisonnable de la loi. Dans ce cas-là, les médecins de Vincent Lambert ont estimé que les recours médicaux ne servaient plus à rien. "Comment peut-on recueillir le consentement d'un patient qui ne peut plus s'exprimer"? Ce sont les médecins qui décident s'il y a acharnement thérapeutique, mais cette décision doit être prise en accord avec la famille. On touche ici à une limite de la loi, car la décision doit être prise soit selon l'avis du patient qui a été exprimé antérieurement, soit selon l'avis d'une personne représentative de la famille. Et c'est là où le problème se pose. Une partie de la famille Lambert assure avoir entendu dire Vincent qu'il ne voulait pas d'acharnement, or l'autre partie de la famille soutient que Vincent n'a jamais rien dit à ce sujet et qu'il faut continuer. Ce qui pose la limite de "comment peut-on recueillir le consentement réel du patient qui ne peut plus s'exprimé"? Comme tout le monde n'est pas d'accord, le tribunal donne raison à la partie de la famille qui veut continuer l'alimentation. La solution à ce genre de problème serait de mettre dans la Carte Vitale du patient ses vrais souhaits. Le patient ne pouvant plus s'exprimer, la famille devient le pilote et si la famille n'est pas d'accord, c'est la décision de continuer les soins qu'a privilégié le tribunal administratif qui prime. |
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| Sujet: Re: VINCENT LAMBERT 18.01.14 17:00 | |
| Fin de vie : Régis Aubry réagit à l'affaire Vincent Lambert Vincent Lambert est dans le coma depuis plus de 5 ans. Sa femme a demandé l'euthanasie passive. Le tribunal administratif l'a refusée. Le professeur Régis Aubry, de l'hôpital de Besançon, est un spécialiste de la fin de vie. Ecoutez son interview, en longueur, sur ce sujet très douloureux. Par Catherine Eme-Ziri Publié le 17/01/2014 | 15:27, mis à jour le 17/01/2014 | 18:24 Régis Aubry, médecin à Besançon, est un spécialiste reconnu des questions de fin de vie Régis Aubry, médecin à Besançon, est un spécialiste reconnu des questions de fin de vie Suite à un accident de la route, Vincent Lambert est dans le coma, en état de conscience minimale. Le monde des soins palliatifs s'inquiète des conséquences de la décision d'un tribunal de refuser l'euthanasie passive pour Vincent Lambert, risquant d'entraîner un retour de pratiques d'acharnement pour les personnes en fin de vie. Le professeur Régis Aubry est un médecin spécialiste de la fin de vie. Il est président de l'observatoire national de la fin de vie et membre du comité de consultation national d'éthique. Vous pouvez écouter son interview, en longueur, sur ce sujet extrêmement douloureux. Il se dit "consterné" par la décision du tribunal administratif. Il a joint par téléphone le député Jean Léonetti, auteur de la loi qui porte son nom sur la fin de vie, loi de 2005 et qui considère que cette décision du tribunal administratif est contraire à l'esprit de sa loi. Affaire Lambert : réaction du Dr Aubry Le député UMP Jean Leonetti auteur de la loiqui encadre actuellement la fin de vie avait réclamé jeudi "une décision sur le fond, car cette jurisprudence pourrait aboutir (...) à maintenir par précaution l'acharnement thérapeutique dans les traitements de survie, en l'absence de directives anticipées ou de personne de confiance". La loi Leonetti qui visait à proscrire l'acharnement thérapeutique, a instauré un droit au "laisser mourir" avec la possibilité de suspendre des traitements et mis en place le système de "directives anticipées" dans laquelle une personne indique par avance sa volonté en matière de traitements pour sa fin de vie. La décision jeudi d'un tribunal de ne pas autoriser l'euthanasie passive pour le tétraplégique Vincent Lambert, en état de conscience minimale,illustre les difficultés qui attendent le gouvernement dans l'élaboration d'une nouvelle loi sur la fin de vie, promise par François Hollande. Les situations de fin de vie sont encadrées en France depuis 2005 par la loi Leonetti qui a interdit l'acharnement thérapeutique, permis l'euthanasie passive par l'arrêt des traitements lorsqu'ils sont jugés "disproportionnés" et admis l'administration d'anti-douleurs jusqu'au point "d'abréger la vie". Pour la ministre de la Santé, Marisol Touraine, cette loi "à l'évidence ne suffit pas". Elle "comporte des ambiguïtés qu'il faut lever puisqu'on voit bien qu'il y a des appréciations différentes entre les médecins, la famille et les juges sur ce que cette loi permet de faire". Le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne qui a enjoint les médecins de maintenir l'alimentation et l'hydratation du patient, a "jugé que la poursuite du traitement n'était ni inutile, ni disproportionnée" et donc que le cas sortait du champ d'application de la loi Leonetti. L'auteur de la loi, le député UMP Jean Leonetti, avait estimé au contraire que le texte s'appliquait à Vincent Lambert. "La loi de 2005 (...) dit qu'on peut interrompre ou ne pas mettre en oeuvre les traitements quiapparaissent comme inutiles ou disproportionnés et dont le seul but est le maintien artificiel de la vie", a-t-il rappelé mercredi. Pour le député, cette description s'adresse notamment à "la situation des états végétatifs ou pauci-relationnels (ou état de conscience minimale), du type de celui dans lequel se trouve Vincent Lambert". Selon l'avocat des parents, favorables au maintien en vie de leur fils Vincent Lambert, c'est "le principe de précaution" qui a prévalu dans la décision du tribunal. "Quand il y a un doute, le doute doit évidemment profiter à la personne qui risque d'en pâtir", a déclaré Me Jérôme Triomphe. Euthanasie ou suicide assisté Ces différentes interprétations d'une même loi soulignent la difficulté qui attend le gouvernement dans l'élaboration d'une nouveau texte sur la fin de vie, l'un des engagements de la campagne présidentielle de François Hollande. Le président français a rappelé mardi qu'il restait attaché à un nouveau cadre légal pour "permettre à toute personne majeure atteinte d'un maladie incurable provoquant une souffrance psychologique, physique insupportable et qui ne peut être apaisée, de pouvoir demander dans des conditions strictes, une assistance médicalisée pour terminer sa vie en dignité". Le chef de l'Etat a aussi souligné qu'il espérait un accord "large" , "sans polémique, sans division" sur le nouveau texte . La ministre de la Santé a précisé jeudi qu'elle allait "engager des consultations avec les familles de pensée (...) et faire en sorte de favoriser le consensus le plus large possible". Mais le sujet est complexe et délicat, les situations de fin de vie sont très diverses entre un cancéreux âgé en soins palliatifs et un accidenté de la route jeune en état végétatif permanent. Les options de la fin de vie aussi divergent, entre euthanasie passive, euthanasie active à savoir "le fait pour un tiers de mettre fin à la vie d'une personne à sa demande" et suicide médicalement assisté où c'est le patient qui fait acte d'ingérer une potion létale. Un panel de citoyens s'était prononcé en décembre sur le sujet, préconisant une "légalisation du suicide médicalement assisté" mais pas l'inscription dans la loi de l'euthanasie active. Les citoyens s'étaient cependant déclarés "favorables à une exception d'euthanasie" pour "des cas particuliers ne pouvant entrer dans le cadre du suicide assisté", comme lorsque "le consentement direct du patient ne peut pas être recueilli". |
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| Sujet: Re: VINCENT LAMBERT 21.01.14 15:05 | |
| Affaire Lambert: le monde des soins palliatifs s'inquiète 17 janv. 2014, 12h53 Le monde des soins palliatifs s'inquiète des conséquences de la décision d'un tribunal de refuser l'euthanasie passive pour Vincent Lambert, risquant d'entraîner un retour de pratiques d'acharnement pour les personnes en fin de vie. La SFAP (Société française d'accompagnement et de soins palliatifs), association qui rassemble les différents acteurs dans le monde des soins palliatifs, a jugé la décision du tribunal administratif de Châlons-en-Champagne "inédite et surprenante", selon un communiqué parvenu vendredi. "La SFAP souhaiterait un éclaircissement sur le fond du Conseil d?État, car si la décision reste en l'état, elle modifiera profondément les pratiques médicales actuelles et conduira à une augmentation de l'acharnement thérapeutique pourtant refusé massivement par nos concitoyens", écrit l'association. Pratiquement dans les mêmes termes, le député UMP Jean Leonetti, auteur de la loi qui encadre actuellement la fin de vie, avait réclamé jeudi "une décision sur le fond, car cette jurisprudence pourrait aboutir (...) à maintenir par précaution l'acharnement thérapeutique dans les traitements de survie, en l'absence de directives anticipées ou de personne de confiance". La loi Leonetti, qui visait à proscrire l'acharnement thérapeutique, a instauré un droit au "laisser mourir" avec la possibilité de suspendre des traitements et mis en place le système de "directives anticipées" dans laquelle une personne indique par avance sa volonté en matière de traitements pour sa fin de vie. François Hollande a promis une nouvelle loi pour dépasser la loi Leonetti. La ministre de la Santé Marisol Touraine a estimé jeudi que l'affaire Lambert montrait que la loi actuelle "à l'évidence ne suffit pas" et qu'elle comportait "des ambiguïtés" qu'il fallait "lever". |
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| Sujet: Re: VINCENT LAMBERT 27.01.14 14:57 | |
| 18 janvier 2014 | Mise à jour le 19 janvier 2014 le JDD
Vincent Lambert : Leonetti dénonce une récupération politicienne Jean Leonetti, auteur de la loi de 2005 encadrant la fin de vie, dénonce dimanche dans le JDD la décision de maintenir en vie Vincent Lambert.
Pour Jean Leonetti, c’est "de l’acharnement thérapeutique". L'auteur de la loi de 2005 encadrant la fin de vie, dénonce dimanche dans le JDD la décision de maintenir en vie Vincent Lambert. Si cette décision faisait jurisprudence, ce serait, selon lui, "un recul considérable" aux conséquences potentiellement désastreuses pour les malades incurables.
Le député UMP dénonce également une récupération politicienne de l’affaire par la ministre de la Santé Marisol Touraine : "C’est un cas très particulier dans un contexte familial de désunion. Dans ce dossier, l’enjeu c’est l’acharnement thérapeutique mais pas l’euthanasie ni le suicide assisté." Prudent sur la question de la légalisation du suicide assisté, Jean Leonetti concède que sa loi de 2005 pourrait être améliorée. Il dévoile deux pistes principales de réforme dans nos colonnes...( lecture avec abonnement ).
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| Sujet: Re: VINCENT LAMBERT 27.01.14 15:01 | |
| Pour Patrick Verspieren, les juges ont appliqué la loi dans l'affaire Vincent Lambert Publié le 20/01/2014 à 12h26 - Modifié le 20/01/2014 à 12h24 Joséphine Bataille B. BOISSONNET / BSIP / AFP B. BOISSONNET / BSIP / AFP Patrick Verspieren, jésuite enseignant au Centre Sèvres, dont il a dirigé longtemps le département d’éthique biomédicale, estime que le tribunal administratif a donné une interprétation de la loi Leonetti tout à fait justifiable. La loi Leonetti autorise l'arrêt de l'alimentation artificielle, y compris pour des patients dans le coma ou en état végétatif. En s'opposant à l'arrêt des traitements de Vincent Lambert, les juges ne vont-ils pas à l'encontre de la loi ? Je ne trouve pas qu'il y ait un désaveu de la loi Leonetti, mais plutôt une interprétation faite par des juges, ce qui est leur rôle. On peut prendre une décision de bonne foi, selon la procédure légale, et les juges peuvent intervenir après coup. C'est le rôle normal de la justice. L'arrêt est très précis. Les juges ont essayé d'appliquer la loi en la lisant de près. Il est clair dans la loi Leonetti qu'un patient peut refuser un traitement. Mais en l'occurrence, les juges remarquent qu'il n'est pas clair que ce patient-là refuse. Par ailleurs, la loi prévoit l'arrêt de traitements jugés inutiles, disproportionnés ou maintenant artificiellement la vie, et les juges estiment que dans son cas, l'alimentation artificielle ne cause pas de souffrance, poursuit son but (nourrir), et sert à autre chose que le seul maintien de la vie, puisqu'il y a un certain lien relationnel avec le patient. L'alimentation artificielle est-elle un soin comme un autre ? Est-il juste de s'interroger sur son maintien ? D'abord un patient peut refuser un traitement, mais plus largement, toute action sur son corps, y compris des soins infirmiers. Quant à ce qui relève de la responsabilité du médecin, il y a beaucoup de situations dans lesquelles maintenir l'alimentation artificielle relèverait de sa part d'un soin disproportionné. Par exemple pour un patient avec un cancer, dans les dernières semaines de sa vie : l'alimentation n'apporte rien mais constitue beaucoup de contraintes. Si le patient en état végétatif est en fin de vie, ce n'est pas adapté, parce que ça ne sert à rien, ça le fait souffrir, et c'est même un risque d'accident (fausse-route...). En revanche il y a des cas où l'alimentation remplit sa fonction d'alimentation sans avoir d'effet nocif. C'est le cas de Vincent Lambert. Je pense qu'il est regrettable que le législateur ait précisé les critères de l'obstination déraisonnable. La réalité est trop complexe pour être enfermée dans trois formules. On voit bien ce que veut dire inutile et disproportionné ; le troisième critère est beaucoup moins clair. L'état végétatif fait peur, donc on utilise des notions abstraites pour essayer d'apporter des réponses. La seule question à se poser, au cas par cas, est de savoir si l'alimentation est adaptée ou pas à la situation du patient. Quelle que soit la terrible épreuve que subissent les proches, c'est malgré tout le patient, que les médecins sont tenus de soigner. |
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| Sujet: Re: VINCENT LAMBERT 27.01.14 15:10 | |
| Fin de vie : six proches de Vincent Lambert réclament l'arrêt de ses traitements Le Monde.fr | 27.01.2014 à 11h33 • Mis à jour le 27.01.2014 à 14h57
Le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne a ordonné aux médecins, jeudi 16 janvier, de ne pas arrêter la nutrition et l'hydratation artificielles de Vincent Lambert, le jeune homme tétraplégique en état de conscience minimale. La juridiction était saisie par ses parents qui s'opposent avec un demi-frère et une sœur, à la décision de l'équipe médicale, à laquelle l'épouse et le reste de la fratrie se sont rangés.
L'hôpital, ainsi que sa femme et un neveu engagés eux aussi dans la procédure, disposaient de 15 jours pour se tourner vers le conseil d'Etat. Le délai arrive bientôt à échéance. Six membres de la famille – frères, soeurs et neveu du patient – prennent position en faveur de l'arrêt des traitements, dans une tribune commune, et en appelle à la ministre de la santé, Marisol Touraine.
Le texte de la tribune :
En matière de prise d'otages, lorsque les situations s'enlisent, ce sont souvent les familles qui poussent les gouvernements à trouver des solutions ou qui agissent elles-mêmes quand cela est possible. Aujourd'hui, avec notre frère et oncle, Vincent Lambert, c'est le pays tout entier qui est pris en otage par une frange extrême de la société représentant une minorité, très agissante comme souvent.
Le délai de quinze jours depuis le verdict de Châlons-en-Champagne prononcé le 16 janvier est très supérieur à ce qui semble être raisonnable pour décider d'un recours auprès du Conseil d'État. Pourtant rien n'a été fait, malgré la volonté unanime d'une équipe médicale dévouée qui ne peut se résoudre à laisser les choses en l'état. Cela montre que la gestion administrative d'un hôpital et la dispensation d'un service public dans le souci d'une certaine éthique sont deux choses qui peuvent être parfois contradictoires.
PERSONNE N'EST PROTÉGÉ DEVANT UN ACHARNEMENT THÉRAPEUTIQUE
Cela justifie-t-il de renoncer ? Ce serait accepter que dans notre pays démocratique, des mouvements extrémistes décident de nos vies.
Si le Conseil de l'Ordre des médecins du département de la Marne a pris une position favorable sur le respect de la procédure du Dr Kariger et de son équipe, l'encourageant ainsi à tenter un recours, cela n'a pas été le cas au niveau national. Le problème est pourtant national aujourd'hui puisque personne n'est dorénavant protégé devant un acharnement thérapeutique lorsque certains membres d'une famille le décident.
Si notre ministre de la santé Marisol Touraine a assuré l'hôpital, le médecin, l'épouse de Vincent de son soutien, les encourageant aussi à faire un recours, aucun courrier n'est venu confirmer ces paroles.
La quasi totalité des analystes dans les médias ont affirmé qu'il ne pouvait pourtant en être autrement. Les Français attendent donc de savoir non pas si le recours va être décidé, mais quand il le sera...
Cette situation selon nous pose plusieurs questions : comment l'équipe médicale peut-elle en être réduite à penser maintenant que des menaces de procédure pénale puissent réellement aboutir entre les mains d'un procureur qui étudierait sérieusement cette menace ? Procédure « qui aurait des retombées sur votre carrière, vous-même et votre famille », dixit les quatre requérants... Comment a-t-on pu en arriver à un point où les membres d'une famille qui ont voulu soutenir le CHU dans cette épreuve judiciaire difficile en sont réduits, au choix, à regarder impuissants l'acharnement sur un être cher en attendant qu'une nouvelle loi soit votée pour le soulager ou à demander eux-mêmes à ce qu'une décision médicale soit respectée auprès du Conseil d'État ?
LE DÉNI D'UNE VOLONTÉ CLAIREMENT EXPRIMÉE PAR ORAL
A force de ne pas vouloir dire les choses, cette loi semble inapplicable. Elle autorise une injection létale de calmants (et seulement de calmants) sans intention de donner la mort (sic). Elle demande à ce que soient prévenus (y compris oralement) les membres d'une famille, sans définir ce qu'est la famille, et à défaut, un proche.
Elle propose également de lutter contre l'acharnement thérapeutique en le définissant de façon floue. Elle demande enfin à des juges de vérifier la légalité de tout cela en 48 heures. C'est ainsi qu'on en arrive à la situation désastreuse de Vincent, qui a payé une première fois une erreur de forme, une deuxième fois la velléité de juges qui ont jugé du contenu-même de la décision.
Pour exiger de la rigueur (envoi en recommandé de l'information à la famille, contrôle en amont par une commission indépendante par exemple), il faudrait préciser la réalité : oui, il s'agit bien de soulager des souffrances, jusqu'à la mort quand c'est le souhait de la personne et la dernière et seule solution qu'il lui reste. Vincent ne peut toujours rien dire, et il ne le pourra plus jamais. Pour cela, il paie un prix que nous ne souhaitons à personne.
Cette tribune n'a d'autre but que de demander instamment à Madame Marisol Touraine, à toutes les institutions compétentes, aux médecins, aux intellectuels que ce verdict effraient, de se prononcer par écrit, clairement, et de façon urgente, auprès de Monsieur le Directeur Général du CHU de Reims en faveur d'un recours. Faute de quoi, Vincent – mais aussi toutes les personnes pouvant un jour se retrouver dans sa situation – risque fort de devoir continuer à vivre dans la souffrance et le déni de sa volonté clairement exprimée par oral : Vincent n'anticipait pas cette situation au point d'écrire ses directives, comme 98 % de la population française.
Ce texte est cosigné par Marie Lambert (sœur de Vincent Lambert), Joseph Lambert (frère de Vincent Lambert), Marie Geneviève Lambert (demi-sœur de Vincent Lambert), François Lambert (neveu de Vincent Lambert), Guy Noël Philippon (demi-frère de Vincent Lambert) et Frédéric Philippon (demi-frère de Vincent Lambert).
Hormis François Lambert, aucun des signataires n'a pris part à la poursuite judiciaire. Ils s'expriment pour la première fois dans cette affaire.
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| Sujet: Re: VINCENT LAMBERT 28.01.14 19:12 | |
| Reims La fin de vie de Vincent Lambert dans les mains du Conseil d'Etat Par AFP, publié le 28/01/2014 à 15:16, mis à jour à 18:17 Reims - Le Conseil d'Etat devra statuer sur la fin de vie de Vincent Lambert, à la demande de son épouse Rachel qui a signifié son intention de faire appel mardi de la décision de la justice administrative d'interdire "l'arrêt du maintien en vie artificielle" de son mari. " Je fais appel devant le Conseil d'Etat contre la décision de la justice administrative qui a interdit de cesser le traitement et l'arrêt du maintien en vie artificielle", a-t-elle déclaré mardi à l'AFP. " Le laisser partir est un geste d'amour", a réaffirmé l'épouse du patient tétraplégique hospitalisé à Reims depuis plus de 5 ans dans un état végétatif chronique après un accident de la circulation. Délai de 48 heures Le Conseil d'Etat doit se prononcer dans un délai de 48 heures après sa saisine qui devrait être effective avant la fin de cette semaine, a-t-on indiqué au cabinet des avocats de Rachel Lambert. Lundi, une autre partie de la famille favorable à l'arrêt des soins avait demandé à Marisol Touraine, la ministre de la Santé, d'enjoindre par écrit la direction du CHU de Reims de saisir le Conseil d'Etat dans une tribune publiée par le Monde. Mardi sur i-télé, la ministre a réitéré ses propos tenus à l'occasion de ses voeux à la presse le 21 janvier, de demander " formellement au directeur du CHU de Reims" d'accompagner la procédure d'appel si elle était introduite par la famille. " J'espère que l'initiative de Rachel Lambert va inciter la direction de l'hôpital à nous suivre dans ce recours", a expliqué à l'AFP Sara Nourdin, l'avocate de Mme Lambert. Le 16 janvier, le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne avait imposé aux médecins de l'hôpital de Reims de poursuivre l'alimentation et l'hydratation artificielles de Vincent Lambert, en jugeant que " la poursuite du traitement n'était ni inutile, ni disproportionnée et n'avait pas pour objectif le seul maintien artificiel de la vie". Un recours de l'hôpital encore attendu Son épouse et une partie de la famille avait donné son accord à l'arrêt des soins décidé par le corps médical, mais les parents, catholiques traditionalistes, avaient saisi la justice pour s'y opposer. " L'hôpital doit aller devant le Conseil d'Etat, c'est évident", a pour sa part déclaré dans le Monde Jean Leonetti auteur de la loi sur la fin de vie. Pour lui, " les juges se sont substitués aux médecins dans l'attente d'un jugement sur le fond, sachant bien qu'il y aurait une décision du Conseil d'Etat. Celle-ci permettrait d'apporter la sécurité juridique dans d'autres cas et aussi pour les médecins", a-t-il poursuivi dans les colonnes du quotidien. Selon l'avocate de Rachel Lambert, " Vincent avait clairement indiqué son refus de tout acharnement thérapeutique, il continue à manifester une résistance aux soins qui laisse penser à un refus de vivre et d'après les médecins, il n'y a pas dans son cas de retour possible à une vie de relation". " Nous attendons du Conseil d'Etat qu'il affirme que continuer ainsi relève de l'obstination déraisonnable", a poursuivi l'avocate. " Humainement je comprends la volonté de son épouse de faire respecter la volonté de Vincent et j'attends la décision de la direction de l'hôpital que je respecterai", a pour sa part réagi le docteur Eric Kariger qui dirige le service de soins palliatifs du CHU de Reims où est hospitalisé Vincent Lambert, et qui avait décidé en collégialité de suspendre la nutrition et l'hydratation artificielles de son patient. Contactée par l'AFP, la direction de l'hôpital n'a pas souhaité s'exprimer. Par |
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| Sujet: Re: VINCENT LAMBERT 29.01.14 15:56 | |
| Vincent Lambert, le prisonnier LE MONDE | 28.01.2014 à 09h56 • Mis à jour le 28.01.2014 à 12h19 | François Béguin et Laetitia Clavreul
A l'Hôpital Sébastopol de Reims, la chambre de Vincent Lambert est désormais fermée à clé. Une caméra surveille les allées et venues, les visiteurs doivent décliner leur identité. On cherche à le protéger des journalistes, d'un geste fatal, d'une occupation des lieux… La France entière parle de lui, ses proches et des médecins parlent pour lui. Vincent Lambert, lui, ne peut s'exprimer. Le son de sa voix, on ne l'entend plus que sur la boîte vocale du portable qu'utilise sa femme, qui n'a sans doute pas eu la force de l'effacer. Le Monde.fr a le plaisir de vous offrir la lecture de cet article habituellement réservé aux abonnés du Monde.fr. Profitez de tous les articles réservés du Monde.fr en vous abonnant à partir de 1€ / mois | Découvrez l'édition abonnés
Otage de son corps, le jeune tétraplégique en état de conscience minimale l'est aussi d'un mélodrame familial aux airs de tragédie grecque. Et se retrouve pris au piège d'injonctions contradictoires, à la croisée de la médecine, de la justice et de la politique.
« Comment en est-on arrivé là ? Pourquoi en est-on arrivé là ? », s'interroge aujourd'hui sa mère, Viviane Lambert. Comme, forcément, face à elle, l'épouse de Vincent, Rachel, et six sur huit de ses frères, demi-frères, soeurs et demi-soeurs, rangés à l'avis des médecins qui estiment que le patient est dans une situation d'« obstination déraisonnable ». De ce fait, ils ont décidé d'interrompre sa nutrition et son hydratation artificielles, et ainsi de le laisser mourir. Pour la deuxième fois en moins d'un an, le 16 janvier, la justice administrative, saisie par ses parents, vient de leur donner tort. Un recours pourrait être déposé dans les prochains jours devant le Conseil d'Etat.
Lire (édition abonnés) : Affaire Lambert : forte pression sur le CHU pour qu'il saisisse le Conseil d'Etat
Sa vie a basculé le 29 septembre 2008, dans un accident de voiture, alors qu'il se rendait au travail. Victime d'un traumatisme crânien, l'infirmier psychiatrique de 32 ans, père d'une petite fille depuis quelques semaines, tombe dans le coma.
Quand on l'en sort, il enroule ses bras, signe d'une souffrance neurologique. Dans les années qui suivent, tout est tenté pour l'aider à réagir. En 2011, le Coma Science Group, à Liège, en Belgique, un site mondialement reconnu sur le sujet, confirme le diagnostic d'état pauci-relationnel, une « conscience minimale plus ». A la famille, on explique qu'il ne faut pas vraiment s'attendre à une amélioration. « Son état est consolidé », dans le jargon médical. En dépit de 80 séances d'orthophonie, il va se révéler impossible d'établir un code de communication avec ce beau jeune homme brun, discret, qui ne faisait jamais rien à moitié. Lui, qui, selon son frère Joseph, était « un bon vivant, parfois excessif, toujours partant pour faire plein de choses ». « Il avait un humour très noir, voire trash », complète son neveu François qui, lui aussi, soutient la décision des médecins.
LA MÈRE ET L'ÉPOUSE FACE À FACE
L'« écorché vif en quête de liberté » qu'il décrit, vit aujourd'hui alité. Son corps est immobile, raide, relié à une sonde gastrique. Depuis plusieurs mois, il ne tient plus dans un fauteuil. Il alterne des périodes de veille et de sommeil, bouge les yeux et perçoit la douleur, mais nul ne peut affirmer s'il comprend ce qu'on lui dit ou s'il pense. Son état permet une certaine interaction avec l'environnement. Il lui arrive de sourire ou de pleurer, mais il est impossible de dire s'il s'agit de larmes de chagrin ou de joie, ou bien d'une réaction neurodégénérative sans lien avec un sentiment.
L'hôpital Sébastopol de Reims, où est soigné Vincent Lambert depuis cinq ans. L'hôpital Sébastopol de Reims, où est soigné Vincent Lambert depuis cinq ans. | FRANCOIS NASCIMBENI/AFP C'est ce doute qui va laisser place à toutes les interprétations sur son état et, de là, à tous les déchirements. Vincent Lambert n'ayant pas laissé de directives anticipées, ni désigné de personne de confiance, dont l'avis aurait alors compté plus qu'un autre, sa volonté aussi fait débat. Sa femme et des frères et soeurs, que les médecins ont entendu, affirment que Vincent Lambert avait dit ne pas vouloir vivre en état de dépendance, et qu'il ne partageait pas les valeurs de ses parents. Pour ces derniers au contraire, il a montré « une farouche volonté de vivre », en restant en vie malgré un arrêt d'alimentation de 31 jours au printemps 2013 – une survie qui peut aussi s'expliquer par le fait qu'il a alors continué d'être un peu hydraté.
Face à face, surtout, il y a deux femmes. L'une dit vouloir le laisser partir, l'autre lui sauver la vie, chacune « par amour ». « Je représente sa première famille, celle qu'il a créée, celle qu'il a choisie », a estimé sa femme, dans un entretien au Monde, en mai 2013. « Si Rachel a épousé Vincent, c'est quand même parce que je l'ai porté avant », rétorque Viviane Lambert. « Si elle décidait de refaire sa vie, je comprendrais », assurait-elle d'ailleurs dans Le Nouveau Détective le 29 mai. Son avocat, Me Triomphe, se montre encore plus violent, évoquant la possibilité qu'elle a de divorcer.
Après une enfance passée à Châteauroux puis à Rethel, dans les Ardennes, Vincent Lambert est envoyé en pension vers l'âge de 12 ans à Saint-Joseph-des-Carmes, un établissement catholique hors contrat, près de Carcassonne. Une fratrie de neuf enfants, issus de trois lits. De lourds et douloureux secrets à porter. Un père médecin-gynécologue, opposant actif dans la deuxième moitié des années 1970 à la loi Veil sur l'interruption volontaire de grossesse. Une mère proche de la Fraternité Saint-Pie-X, un mouvement catholique intégriste. Voilà le tableau. « Vincent n'était pas très bien dans sa peau avant son accident, dit son frère Joseph. Il semblait rongé de l'intérieur par ses vieux démons. »
Même si Viviane Lambert s'en défend catégoriquement, son combat mené avec une soeur et un demi-frère de Vincent pour sauver son fils de la « mort » – d'un « assassinat », affirme même son avocat – prend de fait une tournure politique et religieuse, que pointent ses propres autres enfants. C'est sur des sites radicaux proches de la mouvance intégriste (Riposte catholique, Salon beige), ou sur le blog pro-life de Jeanne Smits, journaliste à Présent, que sont publiées en premier les informations concernant Vincent Lambert. Et c'est Me Jérôme Triomphe – par ailleurs défenseur du mouvement intégriste Civitas – qui, au mois de mai 2013, évoque le premier publiquement Vincent Lambert, sur Radio Courtoisie. Il y raconte le retour dans la chambre de l'hôpital après avoir obtenu au tribunal administratif sa réalimentation. « Il a reconnu ses parents, on a le sentiment qu'il nous a dit merci », dit-il, ajoutant : « J'étais habité, je ne pense pas avoir plaidé seul, le ciel était avec nous. »
UN CONFLIT ENTRE LE DOCTEUR ERIC KARIGER ET ME TRIOMPHE
En face, une fois la stupéfaction passée de la mise sur la place publique de l'intimité d'un homme, on rappelle que le patient n'a sans doute pas souri, mais fait son rictus régulier, auquel aucun sens ne peut être donné. « Je n'avais jamais vu Vincent autant apaisé que pendant l'arrêt des soins », dira l'épouse, sortant de son silence, quelques jours plus tard dans Le Monde. La médiatisation a choqué épouse et frères et soeurs, et particulièrement la mise en scène d'une photo transmise à la presse, où l'on voit Vincent Lambert sur son lit d'hôpital, et une femme lui présenter le tableau d'un oiseau. Comme si une interaction était possible.
Lire (édition abonnés) : La justice s’invite dans le débat sur la fin de vie
Me Triomphe symbolise un autre conflit, celui entre deux hommes. Imposant, jamais avare de formules – à l'audience au tribunal de Châlons-en-Champagne, le 15 janvier, il a clamé son émotion d'être le premier avocat, depuis 1981, à devoir « plaider pour un condamné à mort » –, l'avocat dit se battre pour « un handicapé », et non un malade. Un patient « autonome » hormis l'alimentation, même.
En face, le docteur Eric Kariger, chef de service au CHU de Reims, à l'origine de la décision d'arrêt des traitements. Son profil surprend : vice-président du conseil général de la Marne, il s'est mis en congé du Parti chrétien-démocrate, la formation politique de Christine Boutin, « pour ne pas exposer inutilement le mouvement ». Il se dit « catholique pratiquant » et hostile à l'euthanasie. « Je suis un libéral social-chrétien, souligne-t-il. On peut respecter la vie mais pas à n'importe quel prix. »
Il a beau répéter qu'il se voit comme « l'avocat » de Vincent Lambert, il a fini par cristalliser les critiques des parents et de leurs avocats, par sa facilité à s'exprimer dans les médias et sa détermination à ne pas laisser son patient partir dans un autre établissement : « Mon devoir moral, à part si une décision est imposée, est de continuer à accompagner Vincent », livrait-il en mai.
« Kariger se comporte comme le propriétaire de Vincent Lambert, qui est en réalité pris en otage par ce médecin qui refuse d'en lâcher la charge », écrit Jérôme Triomphe, dans sa requête en référé-liberté du 13 janvier. Pour lui et les parents de Vincent Lambert, la vie de celui-ci est « en danger » à l'hôpital de Reims. Le tribunal leur a cependant donné tort sur ce point.
Le jeune homme, lui, ne peut dire ce qu'il souhaiterait. « J'ai l'impression qu' est otage d'un mouvement pour la vie coûte que coûte dans le cadre des futures discussions politiques. Mais c'est un homme dont il s'agit ! », a réagi sa femme, le 16 janvier. La mécanique est en effet enclenchée : alors que le président de la République a promis une nouvelle loi sur la fin de vie, ceux qui estiment que celle qui est en vigueur va déjà trop loin, viennent de s'inviter dans le débat. Grâce au cas Vincent Lambert. Et à son corps défendant.
Lire le zoom (édition abonnés) : Etat végétatif et conscience minimale, une frontière floue
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| Sujet: Re: VINCENT LAMBERT 02.02.14 13:34 | |
| Fin de vie: le cas de Vincent Lambert examiné le 6 février par le Conseil d'Etat
Par LEXPRESS.fr, publié le 31/01/2014 à 15:49, mis à jour à 16:09
Le tribunal administratif a imposé le maintien en vie de Vincent Lambert, plongé dans un état végétatif. Sa femme et le CHU de Reims comptent sur le Conseil d'Etat pour remettre en cause cette décision. Fin de vie: le cas de Vincent Lambert examiné le 6 février par le Conseil d'Etat
Rachel, l'épouse de Vincent Lambert, fait appel devant Conseil d'Etat contre la décision de la justice administrative qui a interdit "l'arrêt du maintien en vie artificielle" de son mari, a-t-elle annoncé mardi à l'AFP.
afp.com/François Nascimbeni
Le Conseil d'Etat examinera jeudi le cas de Vincent Lambert, tétraplégique en état végétatif dont l'épouse conteste la décision du tribunal de Châlons-en-Champagne de le maintenir en vie, a-t-on appris vendredi auprès de la plus haute juridiction administrative. L'audience, publique, aura lieu à 11H00. La procédure de référé, par laquelle est saisi le Conseil d'Etat, prévoit un délai de jugement de 48 heures. Mais on souligne au Conseil qu'il s'agit d'un délai indicatif que le magistrat peut apprécier, selon l'urgence du dossier. Il n'y a pas dans le cas de M. Lambert d'urgence absolue et ce délai pourrait donc être légèrement plus long.
Opposition au sein de la famille Lambert
Le CHU de Reims, où est hospitalisé Vincent Lambert, s'était joint mercredi à la démarche de son épouse Rachel pour saisir le Conseil d'Etat, à qui elle demande l'arrêt du "maintien en vie artificielle" de son mari, estimant que "le laisser partir" constitue "un acte d'amour".
Vincent Lambert, 38 ans, est tétraplégique et en état pauci-relationnel (état de conscience minimale) sans espoir de récupération depuis un accident de la route. Il est hospitalisé depuis plus de cinq ans. Son épouse et une partie de la famille avaient donné leur accord à l'arrêt de la nutrition et de l'hydratation artificielles du patient en concertation avec l'équipe médicale du CHU de Reims.
Mais les parents, des catholiques traditionalistes opposés à l'euthanasie passive de leur fils, avaient saisi à la mi-janvier la justice et obtenu gain de cause auprès du tribunal administratif de Châlons-en-Champagne. Les magistrats avaient estimé que "la poursuite du traitement n'était ni inutile, ni disproportionnée et n'avait pas pour objectif le seul maintien artificiel de la vie".
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| Sujet: Re: VINCENT LAMBERT 03.02.14 12:07 | |
| "Lorsqu'une personne, en phase avancée ou terminale d'une affection grave et incurable, qu'elle qu'en soit la cause, est hors d'état d'exprimer sa volonté, le médecin peut décider de limiter ou d'arrêter un traitement inutile, disproportionné ou n'ayant d'autre objet que la seule prolongation artificielle de la vie de cette personne, après avoir respecté la procédure collégiale définie par le code de déontologie médicale et consulté la personne de confiance visée à l'article L. 1111-6, la famille ou, à défaut un de ses proches et, le cas échéant, les directives anticipées de la personne. Sa décision, motivée, est inscrite dans le dossier médical."
— Loi Léonetti, 2005, article 9
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| Sujet: Re: VINCENT LAMBERT 13.02.14 14:59 | |
| Le Conseil d'Etat se prononcera vendredi sur Vincent Lambert
- Publié le 13/02/2014 à 13:23
PARIS (Reuters) - L'affaire Vincent Lambert, un patient tétraplégique dont le maintien en vie est au coeur d'un conflit familial, a connu un nouveau rebondissement jeudi devant le Conseil d'Etat, où le rapporteur public a préconisé une nouvelle expertise médicale.
La plus haute juridiction administrative française se prononcera vendredi à 16h00.
Soit elle se range à la requête du rapporteur public -et dans ce cas la famille ne sera fixée que dans plusieurs semaines- soit elle se résout à trancher définitivement.
L'épouse de Vincent Lambert, un trentenaire dans un état de conscience minimale depuis un accident de la route en 2008, l'un des neveux du patient et le CHU de Reims ont saisi le Conseil d'Etat afin de statuer sur le sort du jeune homme, qu'ils refusent de maintenir en vie contre l'avis de ses parents.
Face à la complexité du dossier et à ses implications "juridiques, déontologiques, scientifiques, éthiques", l'instance avait décidé de se réunir en formation collégiale.
En présence des parties et de leurs avocats, le rapporteur public a exposé jeudi les faits du litige et les arguments adverses aux 17 membres de l'assemblée du contentieux présidée par le vice-président du Conseil d'Etat, Jean-Marc Sauvé.
Rémi Keller, soulignant le caractère "hors norme" de l'affaire et assumant "le risque d'un nouveau renvoi", a demandé un supplément d'instruction afin que le Conseil d'Etat prenne "la meilleure décision". Il prône une nouvelle expertise médicale, dans un délai maximal de six semaines, qui serait confiée à trois spécialistes indépendants.
A l'issue de l'audience, François Lambert, neveu de Vincent Lambert, a regretté devant les journalistes "une certaine perte de temps" qui ajoutera "de la complexité" à un conflit qui déchire sa famille depuis des mois.
La partie adverse, elle aussi insatisfaite de cette décision, a invoqué devant la juridiction la nécessaire protection du "droit à la vie".
Les parents de Vincent Lambert, un demi-frère et une soeur du patient, avaient obtenu le 16 janvier du tribunal administratif de Châlons-en-Champagne (Marne) la suspension d'une décision d'euthanasie passive prise par le CHU de Reims en accord avec son épouse Rachel.
LA LOI LEONETTI EN QUESTION
Viviane et Pierre Lambert, mus selon leurs détracteurs par une forte "idéologie" catholique, avaient déjà obtenu en mai 2013 que l'alimentation et l'hydratation artificielles de leur fils soient rétablies alors que le CHU de Reims, où il est hospitalisé, avait décidé d'y mettre un terme.
Le docteur Eric Kariger, chef du service de médecine palliative du CHU, avait estimé que cette "remise en cause" de la loi Leonetti bafouait les garanties offertes "à chacun et à chacune de pas être victime un jour d'acharnement".
Le praticien a déclaré jeudi à la presse qu'il s'en remettrait à "la sagesse" des juges du Conseil d'Etat.
La loi Leonetti de 2005 sur les droits des patients en fin de vie proscrit "l'obstination déraisonnable" et autorise dans certains cas l'euthanasie passive, c'est-à-dire l'interruption de l'alimentation et de l'hydratation artificielles ou l'administration d'opiacés ou de sédatifs à haute dose.
Si le patient est dans l'incapacité d'exprimer ses volontés, la décision doit être prise par le médecin chargé du patient en concertation avec l'équipe de soins et la famille.
Les avocats des parents de Vincent Lambert estiment que la loi Leonetti ne peut s'appliquer à ce patient qu'ils qualifient de "handicapé" et non atteint d'un mal incurable.
A l'inverse, son épouse et François Lambert affirment que Vincent Lambert a manifesté des signes de refus des soins.
Ce conflit familial a mis en lumière l'extrême complexité d'une situation de "fin de vie" lorsque la personne concernée n'a pas rédigé de "directives anticipées".
"C'est pour le Conseil d'Etat une lourde responsabilité et pour cette personne et sa famille, c'est un drame. D'autres personnes en France vivent un drame de cette nature", a commenté jeudi le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, sur Europe 1.
François Hollande s'est engagé à un projet de loi, sans prononcer les termes d'euthanasie et de suicide assisté, pour permettre à toute personne majeure atteinte d'une maladie incurable "de pouvoir demander dans des conditions strictes une assistance médicalisée pour terminer sa vie en dignité".
Sophie Louet, édité par Yves Clarisse
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| Sujet: Re: VINCENT LAMBERT 13.02.14 15:08 | |
| [size=46]Affaire Vincent Lambert : comment les milieux catholiques traditionalistes se sont mobilisés[/size] Farouchement opposés à l'euthanasie, les parents de cet homme tétraplégique en état végétatif militent pour le maintien en vie de leur fils. Derrière eux, la mouvance catholique intégriste agit activement. Vincent Lambert, 38 ans, en état de conscience minimale depuis cinq ans, au CHU de Reims (Marne), le 25 juillet 2013. (MAXPPP) Vincent DanielFrance TélévisionsMis à jour le 20/06/2014 | 10:46 publié le 06/02/2014 | 15:27La bataille pour ou contre le maintien en vie de Vincent Lambert déchire la famille de cet homme tétraplégique en état végétatif chronique. Et embarrasse le Conseil d'Etat. Le juge de la haute juridiction chargé de se prononcer sur l'affaire a décidé, jeudi 6 février, de renvoyer le sort de Vincent Lambert, en état de conscience minimale depuis plus de cinq ans, devant une formation collégiale qui doit se réunir la semaine suivante. La date doit être précisée vendredi. L'affaire oppose deux camps. D'un côté, les médecins, l'épouse et une partie de la famille de Vincent Lambert (des frères et sœurs, ainsi qu'un neveu) ont donné leur accord à l'arrêt de la nutrition et de l'hydratation artificielles du patient en concertation avec l'équipe médicale du CHU. "Vincent avait dit clairement qu'il n'aurait pas voulu vivre comme ça", a déclaré sa femme, estimant que le "laisser partir" constituait "un acte d'amour". De l'autre côté, les parents de Vincent Lambert. Ces derniers, catholiques et opposés à toute forme d'euthanasie, luttent contre "la mort programmée" de leur fils. Au delà de ce désaccord familial, l'affaire mobilise les réseaux catholiques traditionalistes.
"Ils utilisent la douleur de la mère de Vincent" La mère de Vincent Lambert est proche de la fraternité Saint-Pie X, un mouvement catholique intégriste en rupture avec le Vatican. Une branche du catholicisme "farouchement opposée à l'abrègement de toute vie, au motif du sacro-saint 'Tu ne tueras point'", note Le Parisien (article payant). Le père, gynécologue, est un opposant actif à l'interruption volontaire de grossesse. Il a notamment dirigé l'association Laissez-les vivre dans l'Indre. Ensemble, ils appellent "les réseaux catholiques les plus sectaires 'à ne pas laisser faire cette mise à mort'", écrit Libération. Pour le neveu de Vincent Lambert, François Lambert, "les catholiques traditionalistes utilisent la douleur de la mère de Vincent pour en faire un combat politique". "Ils ont choisi des avocats proches de ce milieu, qui ont incité Viviane Lambert à faire un signalement au procureur pour tentative d'assassinat, lorsque le CHU de Reims a décidé d'interrompre les traitements, témoigne-t-il auprès du Parisien. L'épouse de Vincent a dû être entendue par la police, alors qu'elle a toujours été aux côtés de son mari depuis cinq ans dans cette épreuve." François Lambert précise que Vincent "avait pris de la distance avec [ce] milieu". Il témoigne aussi de la présence "d'une trentaine de militants intimidants" lors du procès à Châlons-en-Champagne, qui se seraient rendus par la suite au chevet de Vincent à l'hôpital pour "prier" pour lui.
[size=24]Un avocat proche des milieux intégristes[/size] Jérôme Triomphe, l'avocat des parents de Vincent Lambert, est bien connu des milieux intégristes. Il a défendu de nombreux militants de la Manif pour tous. Il représente aussi l'institut Civitas, mouvement catholique intégriste qui se dit "engagé dans l’instauration de la royauté sociale du Christ". Civitas s'est notamment illustré pendant l'examen du projet de loi sur le mariage pour tous. Jérôme Triomphe a également été le conseil du magazine d'extrême droite Rivarol face au Front national, relève Metronews. Et l'avocat participe à des conférences organisées par l'Alliance générale contre le racisme et pour le respect de l'identité française et chrétienne (Agrif), un mouvement proche de l'extrême droite. Intitulé de son discours le 7 septembre 2013 : "Face à la persécution du totalitarisme socialiste et à la répression policière, le combat de l’Agrif pour les libertés". "L'avocat a alors partagé la scène avec Carl Lang et Martial Bild, des anciens du Front national, actuellement au Parti de France", indique Metronews. D'ailleurs, c'est Jérôme Triomphe qui a évoqué le premier le cas de Vincent Lambert. C'était sur Radio Courtoisie, en mai 2013. Les sites et blogs radicaux, proches la mouvance traditionaliste, ont ensuite relayé l'information. Parmi lesquels "Riposte catholique, Salon beige ou sur le blog pro-life de Jeanne Smits, journaliste à Présent", relève Le Monde (article payant) pour qui l'affaire "prend de fait une tournure politique et religieuse". Le 16 janvier, alors que le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne se prononce contre l'euthanasie passive de Vincent Lambert, le président de l'Agrif (et ancien frontiste), Bernard Antony, a salué "avec émotion" cette décision. Et l'Agrif s'est félicitée "de ce que cette manœuvre de promotion de l’euthanasie par omission n’ait pu aboutir". |
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| Sujet: Re: VINCENT LAMBERT 14.02.14 16:15 | |
| Le cas ambigu de Vincent Lambert
Le Monde.fr | 12.02.2014 à 17h43 • Mis à jour le 12.02.2014 à 18h01 | Par Véronique Guienne (professeur de sociologie à l'université de Nantes)
Le Conseil d'Etat se réunit pour décider si la poursuite des soins de cet homme, dans un état végétatif chronique depuis cinq ans, constitue ou non une obstination déraisonnable.
Comment expliquer le trouble actuel suscité par le cas de Vincent Lambert ? La raison en est que, cinq ans après son accident, son cas est ambigu, pouvant être interprété comme relevant soit du suicide assisté, soit de l'accompagnement de fin de vie.
Concernant l'aide à mourir, il faut distinguer clairement deux situations : celles de l'accompagnement par des sédations, permettant à la mort d'advenir dans de bonnes conditions lorsque la fin est proche, ou serait inévitable sans intervention médicale, et celles relevant des demandes d'aide au suicide. Ces deux questions souffrent d'un amalgame.
Certes, à première vue, ces deux situations se ressemblent : ce sont les mêmes produits qui sont utilisés, elles se mènent toutes deux au nom de l'autonomie du patient, et sont recouvertes l'une et l'autre de cette appellation confuse du « droit à mourir ».
L'OPINION PUBLIQUE EST PARTAGÉE
En fait, elles sont radicalement différentes : dans le premier cas, la décision est construite collectivement, est vécue comme un accord raisonnable par les deux parties, le patient et ses proches d'un côté, l'équipe soignante de l'autre. Dans la seconde option, une personne exprime le fait qu'elle ne supporte pas (ou plus) son état et demande qu'on l'aide à en finir.
Juridiquement, ces deux situations n'appellent pas le même type de choix. La première relève d'une législation qui se doit d'être précise, avec des protocoles l'encadrant. Ces processus de sédation sont déjà pratiqués quotidiennement à l'hôpital, bien que dans un cadre juridique à parfaire.
La seconde relève du débat sur la dépénalisation des stupéfiants (la morphine et l'hypnovel en sont), sous conditions d'accès (comité de délivrance, aide technique nécessaire, place des associations…), et a pour vocation d'être exceptionnelle.
L'opinion publique est partagée, puisque 85 % des Français sont pour une aide à mourir en cas de douleurs ou de perte de conscience en fin de vie et 85 % des Français désapprouvent le suicide.
UNE MÉDECINE INTERVENTIONNISTE
L'ambiguïté du cas de Vincent Lambert tient à ce qu'il se présente comme une demande d'accompagnement de fin de vie mais qu'il peut aussi être lu comme une demande de suicide assisté. En effet, cinq ans après son accident, son état peut être assimilé à celui d'un handicapé profond, par la durée de son installation dans cet état.
Des structures entières s'occupent de ces personnes lourdement handicapées et sans conscience. On ne peut décider que leur vie ne vaut pas la peine d'être vécue.
Mais que s'est il passé pendant cinq ans ? Il est dit que tout a été tenté pour l'aider à réagir, que des services internationalement reconnus ont été sollicités, qu'il a bénéficié d'innombrables séances d'orthophonie sans effet sur la moindre communication avec lui, et cela après un long coma. Pourquoi tout cela ? Pourquoi pendant si longtemps ? Cela s'appelle de l'acharnement thérapeutique.
La loi Leonetti aurait été simple à appliquer tout de suite, ou peu de temps après l'accident. Mourir d'un accident, et c'est ce qui aurait dû se passer si la médecine n'avait pas été aussi interventionniste, fait partie des aléas possibles de la vie. Ces situations se rencontrent tous les jours à l'hôpital. C'est là que la plupart d'entre nous meurent, en général suite à une décision médicale : de ne pas réanimer, d'arrêter des traitements lourds, de ne pas opérer…
Cette fin programmée cherche à accompagner dans les meilleures conditions ce qui était de toute façon un processus de fin de vie, quel que soit l'âge du patient, parfois en utilisant des sédations à base de morphine et d'hypnovel, pour que cela se passe bien, sans douleurs.
Ce que l'on peut reprocher à l'hôpital, c'est que cet accompagnement médicamenteux ne soit pas toujours mis en œuvre ; il y a encore trop de gens qui meurent sur des brancards dans la souffrance. Dans le vocabulaire du personnel hospitalier, ces derniers ne disent pas euthanasie dans ces cas de sédations, alors que ça l'est au sens strict de la définition de l'éthique médicale.
31 JOURS EN ARRÊT D'ALIMENTATION ET D'HYDRATATION
Le terme d'euthanasie, pour la plupart d'entre eux, reste associé à l'injection de chlorure de potassium (KCL), avec un effet immédiat, telles qu'elles ont pu être pratiquées dans les années 1980.
La plupart de ces sédations quotidiennes se passent bien ; les récits que l'on recueille sont même plutôt positifs, racontant des gens apaisés, qui remercient du regard, des familles réunies. Les seuls récits de situations difficiles sont toutes les fois où, soit la décision est prise trop tard, soit la sédation est trop faiblement dosée, produisant une attente insupportable (pour les soignants et les proches) qui peut durer des jours, voire des semaines, en maintenant le patient dans un état de ni mort ni vivant.
Le cas de Vincent Lambert répond à ces deux caractéristiques, toujours causes de problèmes dans les équipes soignantes et pour les proches : une décision trop tardive et une sédation trop peu dosée. Personne ne peut veiller un presque mort si longtemps.
Vincent Lambert est resté 31 jours en arrêt d'alimentation et d'hydratation, avant que la justice n'ordonne sa réalimentation ; ce délai est invivable pour tout le monde. Il faut d'ailleurs espérer que sa souffrance a été bien évaluée ; ces arrêts nécessitent des sédations d'accompagnement car ils sont extrêmement douloureux.
Une limite de la loi Leonetti est qu'elle impose de ne pas doser en opiacés plus que ne le nécessite la limitation de la souffrance. Cela permet une fin en quelques jours pour les corps vieillis et les malades très fragiles, mais pas chez les personnes jeunes.
LE RISQUE : ÊTRE DANS L'ACHARNEMENT THÉRAPEUTIQUE
Il n'y a donc pas chez Vincent Lambert une « farouche volonté de vivre », comme l'a déclaré sa mère, mais, plus trivialement, l'illustration du fait qu'un organisme jeune peut survivre des mois à une dénutrition et une déshydratation si on n'accélère pas le processus. La loi Leonetti est sur ce point trop restrictive.
Une fois la décision prise et partagée, ces attentes sont des violences inutiles pour tous. On peut continuer à progresser dans le cadre de la loi Leonetti, en particulier en favorisant un échange sur les conditions de cette mort prochaine : son lieu, sa vitesse, son état de conscience.
Dans nos débats actuels, il est essentiel de ne pas isoler la fin de vie de tout ce qui se passe en amont. Notre liberté est d'abord en amont, en disant en l'occurrence clairement qu'on ne veut pas d'acharnement si le risque est celui du handicap profond.
Pour cela, il faut que les médecins acceptent d'arrêter de nous sauver malgré nous. Souvent, en faire moins, c'est mieux, et cela évite ces situations inextricables. Sinon, le risque serait d'être dans l'acharnement thérapeutique, d'en faire trop, au nom de ce que, après, avec le même interventionnisme, on pourrait arrêter.
Ces deux postures relèvent d'un même fantasme de maîtrise, d'une idéologie contemporaine de la performance. Sans être dans ce fantasme, il est légitime de pouvoir être entendu dans un souhait raisonnable : ne pas être sauvé à n'importe quel prix et mourir dans un délai acceptable et sans souffrance lorsque la fin est proche.
Véronique Guienne (professeur de sociologie à l'université de Nantes) Véronique Guienne a notamment publié « Sauver, laisser mourir, faire mourir » (PUR, 2010) et « Nos choix de santé, dilemmes et controverses » (L'Atalante, 2012).
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