Sujet: Re: A quand le vrai débat ?.. 13.01.14 21:55
D'un point de vue strictement politique,faut-il que çà explose aux élections municipales en mars 2014 ?
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Sujet: Re: A quand le vrai débat ?.. 23.01.14 13:33
journal La Croix le 3 janvier 2014 =
Morceau entier d'un article La fin de vie de nouveau en débat Cette fois, la réouverture du dossier de la fin de vie semble bel et bien d’actualité, même si un projet de loi réformant la loi Leonetti de 2005 a été plusieurs fois annoncé et repoussé. Après la publication du rapport de la mission présidée par Didier Sicard, fin 2012, l’Élysée avait en effet prévu le dépôt d’un texte en juin, puis à la fin de 2013. Rien n’est venu. Mais il y a deux semaines, le ministre délégué aux relations avec le parlement, Alain Vidalies, a confirmé que le chef de l’État « souhait [ait] effectivement que le parlement soit saisi d’un texte de loi avant la fin 2014 ». Il faut dire que le sujet est complexe, délicat et très controversé. Il suffit de revenir sur l’accueil reçu par le dernier rapport en date pour s’en convaincre. Le 16 décembre, un « panel » de 18 citoyens s’est montré favorable au suicide assisté et à l’euthanasie à la demande expresse du malade, proposant même d’autoriser une forme d’euthanasie « exceptionnelle » sans consentement, sous certaines conditions. Les réactions d’approbation mais aussi de rejet ont été très vives. À la suite de ces conclusions, la ministre de la santé, Marisol Touraine, ne s’est pas prononcée sur le fond, mais a annoncé une « concertation gouvernementale » pour préparer une réforme de la loi Leonetti. On ignore donc encore les intentions précises de l’exécutif. Mais on sait ce qui est en jeu : la préservation d’une « troisième voie française » qui, depuis bientôt neuf ans, mise sur un équilibre conjuguant le maintien de l’interdit de tuer et le refus de l’acharnement thérapeutique. Certains jugent cet équilibre liberticide pour ceux qui voudraient qu’on les aide à mourir ; pour d’autres, au contraire, cet équilibre est fondamental si l’on veut protéger les personnes les plus vulnérables et respecter la mission du médecin.
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Sujet: Re: A quand le vrai débat ?.. 23.01.14 13:36
CITATION =
Mais on sait ce qui est en jeu : la préservation d’une « troisième voie française » qui, depuis bientôt neuf ans, mise sur un équilibre conjuguant le maintien de l’interdit de tuer et le refus de l’acharnement thérapeutique. Certains jugent cet équilibre liberticide pour ceux qui voudraient qu’on les aide à mourir ; pour d’autres, au contraire, cet équilibre est fondamental si l’on veut protéger les personnes les plus vulnérables et respecter la mission du médecin.
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Sujet: Re: A quand le vrai débat ?.. 23.01.14 13:47
Visiblement,il y a encore des gens pour qui la loi Léonetti est parfaite... Je ne comprends pas... Sans vouloir être pour la légalisation de l'euthanasie ou pour le développement des soins palliatifs, la loi Léonetti est loin d'être parfaite puisqu'elle a été révisée plusieurs fois ... La loi Léonetti,telle qu'elle est actuellement,n'est pas "idéale",il faudrait que ce soit clair pour tout le monde.. ... ...
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Sujet: Re: A quand le vrai débat ?.. 23.01.14 13:55
On crève de faim et de soif dans les pays sous-développés... Avec Jean Léonetti,on crève de faim et de soif en France en 2014
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Sujet: Re: A quand le vrai débat ?.. 03.02.14 11:48
Plouër-sur-RanceLe débat sur la fin de vie relancé
Claire Bazin, à Plouër-sur-Rance, milite pour la légalisation de l'euthanasie. Dernière mise à jour : 30/01/2014 à 18:21
La Plouéraise Claire Bazin milite au sein de l’association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD), qui prône, pour les malades en fin de vie ou souffrant d’un mal incurable, la légalisation de l’euthanasie (le fait pour un tiers de mettre fin à la vie d’une personne, à sa demande), du suicide assisté et l’accès universel aux soins palliatifs.
Claire Bazin milite pour le droit de mourir dans la dignité.Claire Bazin milite pour le droit de mourir dans la dignité. Le Petit Bleu : Comment en êtes-vous venue à militer au sein de l’association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD) ? “ Claire Bazin : Lorsque j’étais encore à Paris, j’ai accompagné une amie atteinte de cancers. Ça a duré trois ans, jusqu’à sa mort en 1999. Voir sa souffrance, sa douleur m’a laissée totalement impuissante. J’ai pris conscience que je ne voudrais pas endurer cela pour moi… Dans les mois qui ont suivi, j’ai adhéré à l’ADMD. Je suis devenue déléguée des Côtes d’Armor en 2001. Depuis trois ans, je suis aussi administratrice dans le bureau national. L’ADMD compte 51.000 adhérents en France, 400 en Côtes d’Armor. ”
À la lumière du cas Vincent Lambert *, le président de la République envisage une nouvelle loi sur la fin de vie. Qu’en attendez-vous ? “ On n’a semble-t-il jamais été aussi près d’être entendu… mais je constate que François Hollande n’a prononcé ni le mot “euthanasie”, ni “suicide assisté”. Il souhaite aussi un débat sans polémique, sans division. Or, nous voulons une nouvelle loi qui soit stricte et sans ambiguïté. Une loi qui donne le libre choix au patient atteint d’un mal incurable de choisir sa mort. Quand on sait qu’il n’y a plus rien à faire, le côté humain ne doit-il pas l’emporter sur la technicité ? ”
La loi Leonetti, qui proscrit « l’obstination déraisonnable » du corps médical, est insuffisante selon vous ? “ En 2005, j’ai défendu cette loi qui certes n’allait pas assez loin mais constituait une avancée. Le problème, c’est qu’elle n’est pas suffisamment connue ou appliquée. Les pouvoirs publics n’ont rien fait pour promouvoir auprès des gens la rédaction de directives anticipées. C’est pourtant quelque chose qui peut conforter les médecins dans leur décision. C’est vrai, les rédiger ne se fait pas si facilement car cela oblige à se projeter sur sa propre fin de vie. Il faut pouvoir le faire sans contrainte alors qu’on est en bonne santé, pas dans l’urgence ou au cours d’une hospitalisation. ”
Au niveau local, vous représentez les usagers dans différentes instances de santé et notamment le comité d’éthique de la communauté hospitalière Rance-Emeraude… “ En effet, car l’association ADMD est agréée pour cela depuis 2006. Sur la question de la fin de vie, je suis bien sûr en position minoritaire par rapport au monde médical. Mais je ne suis pas non plus dans la provocation. J’écoute, j’apprends beaucoup. C’est une façon d’avancer. Mes convictions sont très fortes, mais je suis dans la réflexion, pas l’absolutisme. Quel que soit l’aboutissement de la loi, on aura besoin des médecins. On ne souhaite pas les obliger à quoi que ce soit. Ils doivent être associés à la réflexion sur chaque cas et pourront s’appuyer sur une clause de conscience. ”
Contact : clairebazin@sfr.fr * Vincent Lambert est un tétraplégique en état de conscience minimale. Il est hospitalisé depuis cinq ans au CHU de Reims, après un accident de la route. Ses médecins estiment que la loi Leonetti doit être appliquée à son cas et prônent l’arrêt du traitement qui le maintient en vie. Mais sa famille est divisée sur la question. Le cas est désormais examiné par les tribunaux.
Ce que dit la loi
Selon la loi Leonetti, lorsqu’une personne, en phase avancée ou terminale d’une affection grave et incurable, est incapable d’exprimer sa volonté, le médecin peut décider de limiter ou d’arrêter un traitement inutile, disproportionné ou n’ayant d’autre objet que la seule prolongation artificielle de la vie de cette personne. Il doit pour cela avoir respecté la procédure collégiale définie par le code de déontologie médicale, avoir consulté la personne de confiance désignée par le malade, la famille ou à défaut un de ses proches et, le cas échéant, les directives anticipées rédigées par le malade.
« Pas si simple »
Cadre de santé à l’hôpital de Dinan, et notamment coordonnateur de l’équipe mobile de soins palliatifs, Stéphane Melot est aussi membre de la société française d’accompagnement et de soins palliatifs (SFAP). À ce titre, il s’oppose à toute légalisation de l’euthanasie ou du suicide assisté. Il estime que la loi Leonetti adoptée en 2005 est « sans doute suffisante ». « Tenir compte de l’avis de la personne malade et de sa souffrance est important, mais ça n’est pas si simple, explique-t-il. Une envie de mourir comme une envie de vivre n’est pas dénuée d’ambivalence, surtout pour quelqu’un en état de vulnérabilité. J’ai par exemple soigné des personnes âgées très dépendantes qui me disaient pendant toute la durée de la toilette “Laissez-moi partir, je veux mourir”… Après, je les entendais dire des choses qui montraient qu’elles se projetaient encore dans l’avenir. » Pour Stéphane Melot, une nouvelle loi sur la fin de vie se heurtera, comme la loi Leonetti, à un écueil qui est aussi « le fondement même de l’éthique du soin » : chaque cas est unique. « De ce fait, à vouloir porter une généralisation, on se trompe à tous les coups. La loi est là pour nous empêcher de déraper, pour nous dire là où il ne faut pas aller. Pas pour nous dire quoi faire. Le réel est impossible à encadrer à la virgule près. » • Une étude récente de l’Observatoire de la fin de vie auprès de plus de 3.700 maisons de retraite révèle que la loi Leonetti est tout de même appliquée : « pour 39,7% des résidents décédés en Ehpad de façon non-soudaine, une décision de limitation ou d’arrêt des traitements a été prise au cours des deux dernières semaines de vie. »
» Plouër-sur-Rance, 22
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Sujet: Re: A quand le vrai débat ?.. 03.02.14 12:19
copié-collé =
Fin de vie, les réactions d’un panel de citoyens
« Exception d’euthanasie et, enfin, suicide assisté ! C’est la sortie de la propagande Leonetti et de la seule sédation qui fait mourir de faim et de soif. Mais la France doit sortir de sa tiédeur et de sa volonté de vouloir trouver une « exception » et écouter enfin le malade-citoyen. »
Jean-Luc Romero.
« Comment peut-on affirmer qu’il faut à la fois former des médecins aux soins palliatifs et exiger d’eux des gestes provoquant délibérément la mort du patient ? »
P. Brice de Malherbe, codirecteur du département « éthique biomédicale » du Collège des Bernardins à Paris. La Croix du 17 décembre.
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Sujet: Re: A quand le vrai débat ?.. 03.02.14 12:27
Admin a écrit:
On crève de faim et de soif dans les pays sous-développés... Avec Jean Léonetti,on crève de faim et de soif en France en 2014
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Sujet: Re: A quand le vrai débat ?.. 03.02.14 12:35
Mon commentaire =
Mais pourquoi donc c'est si difficile que cela d'envisager la mort d'un patient à l'hôpital,une coupe de champagne à la main ?
La question mérite d'être posée philosophiquement !
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Sujet: Re: A quand le vrai débat ?.. 03.02.14 12:41
çà me donne le hoquet subitement !
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Sujet: Re: A quand le vrai débat ?.. 06.03.14 11:34
"Terra Nova défend une assistance pharmacologique au suicide" publié dans La Croix par Marine Lamoureux le 5 mars 2014 Revue de Presse Par Terra Nova. Le 05/03/2014 Dans une contribution étayée, écrite par la philosophe Corine Pelluchon, le club de réflexion de gauche fait plusieurs propositions en matière de fin de vie.
Il suggère de réfléchir à une forme restreinte de suicide assisté, en s’appuyant sur ce qui se pratique en Oregon.
Alors que le gouvernement souhaite réformer la loi Leonetti de 2005, le think tank Terra Nova publie aujourd'hui une contribution, écrite par la philosophe Corine Pelluchon. Son ambition est de proposer une voie de consensus – ou du moins de « désaccord raisonnable » – loin de la confrontation entre pro et anti-euthanasie. Une voie médiane que pourrait suivre le gouvernement.
L’intérêt de cette réflexion est de rappeler que justement, les enjeux de la fin de vie ne se résument pas à l’aide active à mourir. L’affaire Lambert, actuellement en discussion au Conseil d’État, le montre bien. Certes, le cas de ce jeune homme en état pauci-relationnel, autour duquel le débat fait rage – y a-t-il ou non acharnement thérapeutique ? – révèle certaines insuffisances de la loi Leonetti.
Mais l’issue n’est pas dans la légalisation de l'euthanasie, souligne Corine Pelluchon. L’arrêt éventuel des traitements suffit. Ce qui est en jeu, c’est de « soustraire les personnes à l’ingérence d’autrui », en l’occurrence une famille qui se déchire sur le sort du patient. Pour renforcer les droits des personnes, il faut « renforcer les directives anticipées en les rendant contraignantes juridiquement », estime l’auteur.
TROIS MODALITÉS SONT ÉTUDIÉES
Au cœur de la réflexion figure également « la nécessité de promouvoir plus de justice dans l’offre de soins palliatifs », en les proposant dès le début de la maladie.
Reste que certaines personnes, qui pourraient bénéficier de tels soins, n’en veulent pas. C’est à elles, et à elles seules, qu’il faut circonscrire le débat sur l’aide active à mourir, rappelle la philosophe.
Trois modalités sont alors étudiées : l’euthanasie, le suicide assisté et « l’assistance pharmacologique » au suicide, qui se pratique en Oregon, aux États-Unis.
Corine Pelluchon écarte les deux premières car, en exigeant l’intervention du médecin, ces pratiques rompent selon elle l’équilibre entre droits du patient et respect des valeurs des soignants.
« Il importe de ne pas mêler le soin et l’acte de donner la mort », écrit-elle. C’est le cas de l’euthanasie, qui exige du soignant qu’il accomplisse le geste létal ; mais aussi du suicide assisté, qui se fait dans les lieux de soins – il arrive même que le médecin le pratique lorsque la personne est paralysée.
LE CAS DE L’OREGON
Le système choisi par l’Oregon évite cet écueil, estime la philosophe. Un malade en phase terminale peut demander à bénéficier d’une ordonnance l’autorisant à se procurer un produit létal qu’il s’injectera… ou pas. Le suicide se pratique alors hors des lieux de soin, restant donc un acte privé. Enfin, dans l’hypothèse où le patient ne serait plus en capacité d’effectuer le geste, il peut demander à un proche de le faire, évitant ainsi la création d’un « droit créance » sur la société.
Terra Nova juge qu’une telle assistance pourrait « faire l’objet d’un large consensus et garantir aux personnes qui le souhaitent cette ultime possibilité sans pour autant blesser les soignants ni passer à côté des réels progrès qui sont nécessaires pour améliorer la loi du 22 avril 2005 ».
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Sujet: Re: A quand le vrai débat ?.. 06.03.14 13:05
Le nombre de place en soins palliatifs étant limité,on libère ainsi des lits palliatifs en donnant le droit à l'accès au suicide assisté aux patients qui ne veulent pas d'une mort palliative. Logique et cohérent. Il faudrait créer quelques annexes hospitalières pour les candidats au suicide assisté,ce qui élargira le don d'organe post-mortem ( tout don d'organe est anonyme )
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Sujet: Re: A quand le vrai débat ?.. 06.03.14 13:53
CITATION="« Il importe de ne pas mêler le soin et l’acte de donner la mort », écrit-elle.
j'ai envie de réfléchir à cela ...
Dans le cas de Vincent Lambert,par exemple... ...Trop de soins...
Je ne sais pas, pour l'instant
Et l'obstination thérapeutique déraisonnable,loi Léonetti ? il faut mettre un stop aux soins. Si on met un stop aux soins,pourquoi ne pas faire mourir ???
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Sujet: Re: A quand le vrai débat ?.. 01.05.14 23:35
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Sujet: Re: A quand le vrai débat ?.. 01.07.14 22:56
Euthanasie : l’humanisme, n’est-ce pas laisser mourir comme on le souhaite ?
Non seulement la Cour Européenne des Droits de l’Homme ne devrait pas avoir son mot à dire dans le jugement du Conseil d’Etat dans l’affaire Vincent Lambert, aussi douloureuse soit-elle. Mais sur le fond, cette affaire et celle du docteur Bonnemaison raniment le nécessaire débat sur l’euthanasie.
Une question délicate
La question de l’euthanasie est une question forcément délicate puisqu’elle touche à notre rapport à la mort. Naturellement, nous avons toujours l’espoir de trouver des moyens de soigner les cas les plus désespérés. En ce sens, la sortie du coma de Michael Schumacher montre que les soins, la volonté humaine et la persistance permettent de déplacer des montagnes. Les opposants soulignent le risque d’abus par souci d’économie et décrivent un avenir sombre où des malades pourraient être supprimés pour de mauvaises raisons. Mais une part de l’opposition à l’euthanasie aussi vient de motifs religieux, comme je le pointais en 2008 avec François Fillon.
Déjà, en 2008, le cas de Chantal Sébire avait sensibilité l’opinion. C’était une femme défigurée par une maladie extrêmement douloureuse qui souhaitait de l’aide pour mettre fin à sa vie. Mais la loi ne permettait qu’une euthanasie passive, à savoir le fait de ne pas nourrir le patient, qui peut alors mourir dans des souffrances guère acceptables. Tout ceci avait poussé à un nouvel examen de la loi Léonetti mais, malgré une opinion publique qui y était favorable, les réticences d’une partie de la majorité d’alors, au premier rang de laquelle le Premier Ministre, n’avait pas permis d’avancée notable sur ce dossier. Les cas de Vincent Lambert et du docteur Bonnemaison, qui peut aussi demander le reexamen de sa radiation, viennent de rallumer le débat sur ce sujet.
De l’humanité et de l’état de nature
Au final, je continue de penser qu’il y a quelque chose d’horrible, et même d’inhumain, à ne pas permettre à une personne qui le souhaite vraiment, de recevoir de l’aide pour mettre fin à sa vie. Pourquoi faudrait-il leur imposer un suicide violent ? N’y a-t-il pas quelque chose de proprement inhumain à leur imposer de laisser faire la nature, d’autant plus que dans de nombreux cas, il ne s’agit que de la laisser faire qu’en partie puisque les médications prolongent la vie d’un temps qui n’est même pas souhaité par la personne, alors prisonnière de son corps. Bien sûr, la vie est quelque chose de précieux, mais ne s’agit-il pas d’un fétichisme inhumain d’empêcher des personnes qui souhaitent en finir l’assistance dont elles ont besoin ? ADVERTISEMENT Il est bien évident que le suicide assisté, tel qu’il est pratiqué en Belgique, doit être encadré d’une manière extrêmement sérieuse. Mais le soutien apporté au docteur Bonnemaison par des familles de personnes qu’il aurait aidées à mourir amène à se demander si l’humanisme, paradoxalement, n’est pas dans le fait d’être prêt à aider à mourir, dans des circonstances bien précises évidemment. Bien sûr, il faut mettre au point un dispositif qui garantit qu’il ne s’agit pas d’un coup de tête temporaire, que le patient le souhaite véritablement, que son cas est véritablement sans espoir (ce qui impliquera le jugement de plusieurs médecins). Mais avec de telles règles en place, je ne vois pas au nom de quoi il ne faudrait pas accepter une réforme de l’euthanasie.
Bien sûr, il est délicat de faire dépendre l’agenda législatif des aléas de l’actualité. Et je reconnais ici que la question posée ici n’est pas simple, et respecte les opinions contraires. Mais je n’en reste pas moins convaincu qu’il serait plus humain de faciliter, de manière bien encadrée, l’euthanasie.
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Sujet: Re: A quand le vrai débat ?.. 02.07.14 8:16
Euthanasie : faut-il aider les patients en fin de vie à mourir ?
L'acquittement du Dr Nicolas Bonnemaison et le cas de Vincent Lambert relancent le débat sur la fin de vie. Comment doit-elle être prise en charge ? Entretien avec le Pr Bernard Lebeau, cancérologue et pneumologue. Une personne âgée en fin de vie à l'hôpital de La Rochelle (Charente-Maritime).Une personne âgée en fin de vie à l'hôpital de La Rochelle (Charente-Maritime). (AUGE / SIPA) Propos recueillis par Violaine Jaussent Mis à jour le 30/06/2014 | 13:50 , publié le 29/06/2014 | 11:21
"J'ai agi en médecin comme je le conçois (...) jusqu'au bout du bout." C'est lors d'une courte intervention – six à sept minutes – que l'urgentiste de Bayonne (Pyrénées-Atlantiques) Nicolas Bonnemaison, jugé depuis le 11 juin devant la cour d'assises de Pau, a justifié ses actes. Ce médecin de 53 ans comparaissait pour avoir abrégé l'existence de sept patients très âgés et malades en fin de vie. Mercredi 25 juin, il a été "acquitté de la totalité des faits" qui lui étaient reprochés.
L'histoire du Dr Bonnemaison est une des sources d'inspiration de Bernard Lebeau, cancérologue et pneumologue, aujourd'hui à la retraite, pour son livre, L'euthanasieur (éd. Boîte à Pandore), paru en 2013. Dans cette œuvre de fiction inspirée de faits réels, le professeur imagine aussi la promulgation d'une nouvelle loi autorisant en France l'euthanasie active et le suicide assisté.
Mais dans la vraie vie, le Pr Bernard Lebeau, pourtant sollicité par l'épouse de Nicolas Bonnemaison, n'a pas voulu s'exprimer devant la cour d'assises de Pau. Contacté par francetv info, il explique les raisons de son refus et détaille son point de vue sur l'euthanasie, au moment où le débat se poursuit sur le cas de Vincent Lambert, un tétraplégique en état de conscience minimale, qui divise sa famille.
Francetv info : Comment avez-vous réagi en apprenant l'acquittement du Dr Bonnemaison ?
Bernard Lebeau : C'est surprenant et très intéressant. Dans L'euthanasieur, j'envisageais une peine de 2 à 5 ans avec sursis. C'était sans compter sur le jury d'une cour d'assises, composée de jurés populaires. En acquittant le Dr Bonnemaison, ils se prononcent pour l'euthanasie active : c'est une très forte déclaration citoyenne.
C'est aussi une décision à la fois magnifique pour le Dr Bonnemaison et dangereuse pour les patients. Je crains que des médecins ne s'inspirent de ce comportement tant que la loi n'a pas évolué, qu'ils prennent des décisions en solitaire en se disant qu'ils ne seront pas condamnés. Il peut y avoir des morts par excès.
Avant même que le verdict soit prononcé, vous avez appelé à la "clémence" pour le Dr Bonnemaison. Pourtant, vous avez refusé de témoigner à son procès. Pourquoi ?
Madame Bonnemaison m'a écrit deux e-mails pour me demander de témoigner. Or, dans ces e-mails, elle me dit que son mari avait l'accord des familles et l'accord des soignants, pour administrer les médicaments ayant accéléré la mort, "dans la plupart des cas". Je ne peux admettre que ce soit dans la plupart des cas. Il faut que ce soit dans tous les cas.
Mais je ne veux pas accabler le Dr Bonnemaison. Il a exercé dans des conditions de travail difficiles, qui ne devraient plus exister. Chef puis simple médecin à l'unité d'hospitalisation de courte durée (UHCD), un service de huit lits au sein des urgences destiné à des patients en attente de transfert, il était responsable des "déchets", même si je n'aime pas employer ce mot. C'est un médecin plein d'humanité, qui aime ses patients, mais qui n'a pas respecté la loi. Il a donc des torts, mais la loi aurait dû évoluer plus tôt.
Justement, selon vous, quelles sont les faiblesses de cette loi relative aux droits des malades et à la fin de vie ?
La loi du 22 avril 2005, dite loi Leonetti, instaure un droit au "laisser mourir", qui permet aux médecins de pratiquer une euthanasie passive, et non active. Je pense que cette loi a permis d'énormes progrès. Mais elle ne va pas assez loin : la loi doit permettre de légaliser l'euthanasie. Attention, quand je parle d'euthanasie, je l'entends au sens premier du mot, au sens où le philosophe anglais Francis Bacon l'a employé en 1605. C'est lui qui a forgé le terme et mis en valeur l'idée de l'accompagnement du mourant par le médecin. A l'origine, le mot "euthanasie" vient du grec thanatos qui signifie "mort", couplé au préfixe eu, "paisible" : c'est donc la "mort paisible". Je ne suis ni pour ni contre l'euthanasie : selon moi, c'est le devoir de tout soignant de rendre la mort paisible.
Partant de ce constat, je propose de légaliser l'euthanasie en créant un cadre législatif qui permet de contrôler rigoureusement sa pratique. Ainsi, on peut assouplir les conditions de validité des directives anticipées [Cette disposition prévue par la loi Leonetti permet à chaque personne de formuler par écrit ses souhaits relatifs à sa fin de vie concernant les conditions de la limitation ou l'arrêt de traitement]. Mais aussi prévoir des dispositions spécifiques pour les tétraplégiques inconscients comme Vincent Lambert, les tétraplégiques conscients mais dans l'incapacité physique de se donner la mort alors qu'ils le souhaitent, les personnes très âgées, les enfants atteints d'une maladie incurable comme le prévoit la loi belge et les personnes atteintes de maladies neurodégénératives.
Sur ce dernier exemple, mon vécu m'a conforté dans mes convictions. Ma belle-mère, atteinte de la maladie d'Alzheimer, a vécu une lente agonie de 27 jours. Pourtant, le personnel a appliqué la loi Leonetti : il a arrêté son alimentation et l'hydratation pour la laisser mourir, tout en soulageant modérément sa souffrance physique, mais en ignorant sa souffrance morale. C'est un exemple qui prouve que la société n'est pas capable d'aider certains patients.
Mais une loi peut-elle apporter toutes ces solutions ? Le médecin n'est-il pas inexorablement seul face à l'agonie de ses patients ?
Lorsqu'on est médecin, on n'aime pas voir "ses" malades mourir. Notre vocation, c'est de guérir les patients. Ancien chef de service à l'hôpital Saint-Antoine de Paris, j'ai vu mourir quelque 4 000 patients. J'ai assisté à la mort, mais j'ai aussi "assisté la mort"... Je peux vous dire qu'on souffre pour le patient, surtout quand on aime son métier. Cette souffrance est difficile à accepter, c'est pour cela que je me bats. J'ai toujours cherché à éviter la souffrance et l'agonie, à aménager une situation conforme à la volonté du patient et de sa famille.
Je me souviens notamment du cas d'une femme de 60 ans atteinte d'un cancer broncho-pulmonaire. J'ai passé beaucoup de temps à dialoguer avec elle. Elle a compris que la fin de sa vie était proche et me l'a dit. Elle a donc réuni son premier et son deuxième mari pour les réconcilier. Elle s'est adressée à eux en leur disant : "Je sais que c'est la fin, mais je vais partir tranquille si je sais que vous n'êtes pas brouillés." Elle était déjà sous traitement, donc sa mort s'est faite en douceur. Je l'ai accompagnée dans cette démarche, car j'y étais favorable. Je me voyais comme à son service. Comme pour tous les autres patients, car cette belle histoire était banale dans mon quotidien de cancérologue.
On ne devrait pas parler de faire mourir ou de laisser mourir dans ces cas-là, mais d'aider et d'assister jusqu'à la fin. Cette notion primordiale doit être mieux enseignée en faculté de médecine. L'intérêt, c'est de réconcilier tous les acteurs en les respectant : les soignants, les patients, la famille. C'est pour cela qu'il faut réunir tout le monde autour de la table pour écrire une loi, ne pas se contenter de "réformette". Le gouvernement a confié le 21 juin une nouvelle mission sur la fin de vie aux députés UMP Jean Leonetti et PS Alain Claeys. C'est un pas de fourmi. Tous les jours, des patients meurent mal. Arrêtons au plus vite leur souffrance.
Dans votre livre, vous imaginez un nouveau métier, le "praticien de fin de vie". Pouvez-vous en dire plus ?
J'aimerais créer ce métier pour confier la prise en charge de la fin de vie d'un patient à une personne en particulier, afin d'éviter tout problème éthique aux médecins. En effet, le serment d'Hippocrate et le Code de déontologie médicale stipulent que les médecins ne doivent "jamais provoquer la mort délibérément".
De fait, en France, la moitié des médecins refusent de donner la mort. Et souvent, ils font la prescription, tandis que l'infirmière fait l'injection. Ces dernières sont plus intéressées par une mission de "praticien de fin de vie". Lors d'un colloque où j'ai présenté cette idée, sur 50 infirmières, 47 étaient pour, trois contre. Ce métier pourrait aussi être ouvert aux kinésithérapeutes. Mais il faudrait former les "praticiens de fin de vie" sur la base du volontariat. Au total, j'imagine une centaine de professionnels en France.
Plus précisément, quels seraient son rôle et ses missions ?
Voilà comment j'envisage cette nouvelle profession : lorsque le patient ou sa famille désirent l'euthanasie, le médecin traitant adresse le dossier médical à une commission régionale. Celle-ci serait amenée à se réunir et à se prononcer sous sept jours. Tripartite, elle serait composée de deux médecins, deux juristes et deux représentants de la société civile. Pour rendre un avis positif, il faudrait que quatre personnes sur six soient favorables à l'euthanasie. Si c'est le cas, le dossier serait alors transmis au "praticien de fin de vie", qui contacterait la famille pour déterminer le moment opportun de l'euthanasie. Il serait accompagné dans sa démarche par un psychologue.
Mais cette situation ne s'appliquerait pas aux cas d'urgence, seulement à des situations où la décision peut être prise avec du recul, comme c'est le cas pour Vincent Lambert. Pour les cas d'urgence, appliquer la loi Leonetti suffit. Je pense par exemple à un de mes patients atteint d'un cancer incurable qui se cognait la tête car il était terrassé par la douleur. A condition de l'informer lui et sa famille, on peut lui administrer un produit potentiellement létal jusqu'à la sédation terminale.
Pour revenir à un exemple plus concret, en Belgique, les patients endurant des souffrances insupportables et atteints de maladies incurables peuvent bénéficier de l'euthanasie. Au moins deux médecins doivent être consultés et le patient doit formuler sa demande de manière réfléchie et répétée, libre de toute contrainte. Ce qui prouve que cela peut fonctionner. Et surtout, que certains professionnels de santé, avec l'expérience, considèrent qu'accepter de tuer quelqu'un pour le soulager est un acte d'amour.
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Sujet: Re: A quand le vrai débat ?.. 02.07.14 8:34
Et j'imagine aussi la création d'une annexe hospitalière à côté ou dans chaque cimetière Source de création d'emplois ... La pratique des dons d'organe post-mortem serait ainsi facilitée ... On aide le patient à mourir et sa mort aide quelqu'un d'autre à vivre Rien de choquant dans cet échange anonyme et gratuit
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Sujet: Re: A quand le vrai débat ?.. 02.07.14 8:47
SOCIÉTÉ :
Cette fin de vie qui divise
Chargé de réfléchir à une nouvelle loi sur la fin de la vie, avec Jean Léonetti, le député-maire de Poitiers Alain Claeys marche sur un fil. Entre les affaires Lambert, Bonnemaison et le poids des lobbies, sa mission relève de l’équilibrisme.
Les souvenirs sont intacts, comme gravés à jamais dans sa mémoire. Joëlle Clément a perdu son mari à l’automne 2011, des suites d’une longue maladie. Atteint d’un cancer du colon, Didier s’était déjà fait opérer deux ans plus tôt. Las… Le « crabe » l’a terrassé, après de longs mois d’une « souffrance psychologique extrême ». « En février, on lui avait dit qu’il n’en avait plus que pour deux semaines. Il est décédé fin octobre. À l’époque, j’aurais aimé que l’on respecte sa volonté d’en finir au plus tôt. Cela n’a pas été le cas, même si je reconnais que les personnels en charge des soins palliatifs ont été extraordinaires », regrette son épouse. Son hospitalisation à domicile n’a fait qu’ajouter à la complexité de la prise de décisions.
À l’heure où la France se déchire autour du cas Vincent Lambert, ergote sur le sens du jugement du docteur Bonnemaison, le député PS de la Vienne Alain Claeys vient de se voir confier une mission parlementaire, au côté de son collègue Jean Léonetti (UMP). Le même dont la loi éponyme de 2005 est aujourd’hui jugée « incomplète ». « Avec mon collègue, nous sommes d’accords sur le fait de la faire évoluer », esquisse le maire de Poitiers. À ses yeux, quatre grandes questions doivent émerger des débats à venir, sachant que les propositions doivent parvenir sur le bureau du Premier ministre, au plus tard le 1er décembre prochain. « Il faut mieux faire connaître le principe des directives anticipées et les généraliser », estime le député.
Un droit à la mort ?
« Le législateur doit surtout les rendre contraignantes », embraye Françoise Casado, déléguée départementale de l’ADMD 86. Chaque personne majeure a ainsi la possibilité de faire une déclaration écrite, précisant ses souhaits quant à sa fin de vie. Ce document est valable trois ans, renouvelable, révocable à tout moment et vous pouvez désigner un tiers de confiance susceptible de les faire appliquer. « Dans l’affaire Lambert, si un tel document avait existé, nous n’en serions pas là… », ajoute Mme Casado. Mais le débat autour du « droit à la mort » recouvre bien d’autres notions d’une complexité extrême. Comme, par exemple, la limite de ce que l’on appelle l’obstination déraisonnable ou acharnement thérapeutique. Une notion « à revisiter », selon Alain Claeys. Le parlementaire entend également questionner la société sur les traitements à visée sédative -laisser mourir ou faire mourir ?- ou encore le suicide assisté. Jean Léonetti ne veut pas entendre parler. Et les Français dans leur ensemble sont divisés sur ce dispositif en vigueur en Suisse ou dans l’Oregon (USA).
Parce que « chaque mort est singulière », le futur cadre législatif ne manquera pas de s’attirer des critiques de toutes parts. Car le texte mettra de facto en lumière d’autres sujets brûlants, tels que les conditions d’accueil aux urgences, les moyens alloués à la gériatrie, aux soins palliatifs -« c’est aussi une question de volonté »- ou encore l’évolution des pratiques médicales. « Il est nécessaire de revoir le contenu des études de médecine sur la prise en charge de la fin de vie », martèle le parlementaire. Bref, un nombre incalculable de chantiers s’ouvrent devant lui et son collègue Jean Léonetti. Autant d’obstacles sur le chemin très étroit d’une « loi équilibrée et faite pour les patients ».
« Directives anticipées… expérience vécue »
Véronique s’est fait opérer de méningiomes au CHU de Poitiers, à la rentrée 2013. Mais depuis l’été dernier, elle avait tenté de faire enregistrer ses directives anticipées auprès du service de cardiologie. Au cas où… Refus net. « On m’a répondu que c’était réservé aux personnes en fin de vie et aux soins palliatifs ! » Même refus d’enregistrement, quelques mois plus tard, au sujet du tiers de confiance. « Le service m’a indiqué que le document n’était valable que pour une opération, alors que la loi dit qu’on peut le désigner pour trois ans renouvelables… » Ce n’est qu’en mars 2014 que la direction des usagers a fait part à Véronique de l’enregistrement de ses volontés dans son dossier médical. Huit mois pour respecter la loi !
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Sujet: Re: A quand le vrai débat ?.. 09.07.14 16:59
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Sujet: Re: A quand le vrai débat ?.. 15.07.14 9:04
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Sujet: Re: A quand le vrai débat ?.. 15.07.14 9:10
Dans la vidéo ci-dessus,le débat a lieu au cimetière !
je réitère la création de petites annexes hospitalières dans chaque cimetière de France
Mais vu l'état du hollandisme, je ne me fais guère d'illusion dorénavant
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Sujet: Re: A quand le vrai débat ?.. 29.07.14 12:36
Fin de vie : la loi a bon dos Libération
Véronique FOURNIER Directrice du Centre d’éthique clinique de l’hôpital Cochin 3 juillet 2014 à 18:46
TRIBUNE.Les liens entre la médecine et la justice s’enchevêtrent à l’extrême ces temps-ci. Tant et si bien que l’une comme l’autre se retrouvent ligotées, impuissantes et qu’à force de se demander comment sortir de l’impasse on en oublie ce qui pourrait bien rester l’essentiel : l’aide à bien mourir due par les médecins à leurs patients.
Sur le même sujet
Tribune La volonté du patient avant tout Par Dominique Thouvenin
Entre l’affaire Lambert et le procès Bonnemaison, à la fin d’une semaine riche en rebondissements et émotions, personne n’y comprend plus rien. Du moins le citoyen ordinaire, celui qui, peu au fait des arcanes législatives mais plein de bon sens, prie le ciel que rien ne lui arrive prochainement qui ressemble à une fin de vie. Il s’interroge, ce citoyen, interloqué : «Sont-ils donc tous devenus complètement fous ?» Comment comprendre, en effet, que le docteur Nicolas Bonnemaison, dont on se demandait jusqu’à il y a peu s’il n’avait quand même pas été un peu vite en besogne, en expédiant sept personnes âgées ad patres tout seul et sans s’être concerté avec quiconque, en contravention absolue avec la loi au moins sur ce point, se retrouve tout bonnement acquitté (le parquet vient de faire appel) ? Et comment admettre, à l’inverse, qu’Eric Kariger, le médecin de Vincent Lambert, ne soit toujours pas autorisé à accompagner son patient à mourir, alors qu’il n’en finit pas de faire ses meilleurs efforts pour respecter scrupuleusement la loi, avec succès si l’on en croit les plus hautes autorités de justice ? Serait-ce à dire qu’il vaut mieux, lorsqu’on est très malade et que la mort approche, avoir pour médecin celui qui flirte avec la légalité plutôt que celui qui tente de respecter la loi absolument ?
En ce qui concerne Bonnemaison, on reste avec l’impression désagréable que c’est un tour de passe-passe qui a permis de prononcer l’acquittement. Il a fallu que la cour s’affirme convaincue que jamais, pour aucun de ses sept patients, le prévenu n’avait eu l’intention de donner la mort. Sans quoi, la loi obligeait à le condamner, au moins à une peine symbolique, comme celle réclamée par l’avocat général : cinq ans avec sursis. Ne serait-il pas plus sain que la loi admette enfin l’évidence : que oui, dans certaines circonstances, un médecin peut estimer que le moins pire qu’il puisse arriver à tel ou tel patient est de mourir peut-être un peu plus vite que «naturellement» et qu’il lui revient de l’aider à ce que cela survienne ? C’est probablement dans cet esprit qu’a agi Bonnemaison. C’est probablement comme cela, en tout cas, qu’il a emporté la clémence du jury, en disant «avoir agi en médecin, jusqu’au bout du bout». Car, c’est bien de cette façon que tous nous voudrions mourir, avec un médecin qui sache alors prendre ses responsabilités. Pourtant, ce n’est pas ainsi que la loi actuelle commande au médecin d’agir, puisqu’elle lui interdit d’avoir «l’intention» de faire mourir. Ligoté donc par la loi, mais souhaitant malgré tout acquitter ce bon médecin, la cour trouva une parade : elle accepta de se dire persuadée que Bonnemaison n’avait pas eu l’intention de faire mourir ses patients, il n’avait cherché qu’à les soulager.
Pour Lambert, la situation est différente, mais tout aussi bloquée entre médecine et justice. Eric Kariger,lui, n’en finit pas d’être empêché, au nom de la loi, d’aider son patient à mourir. Ici, la victime de la loi n’est plus le médecin, c’est bel et bien le patient, Lambert soi-même. Si bien qu’on en viendrait presque à se dire qu’il aurait mieux valu pour lui que son médecin n’obtempère pas lorsque le tribunal de Chalon-sur-Saône lui ordonna, il y a un an, de renourrir son patient alors qu’il avait interrompu l’alimentation artificielle depuis plus d’un mois. Peut-être, en effet, eut-il été préférable pour Lambert que Kariger lui injecte alors les mêmes sédatifs que ceux administrés par Bonnemaison à ses patients, ce qui aurait permis que sa vie s’arrête. Gageons qu’à l’aune de ce qui s’est passé pour son confrère, Kariger, lui aussi, aurait été in fine acquitté, et qu’au moins, à l’heure qu’il est, Lambert serait libéré de cette vie qu’il n’aurait pas voulu vivre nous dit-on, ce que l’on admet aisément car qui de nous aimerait qu’on la lui impose ?
Ainsi, la loi aurait-elle par deux fois démontré son impuissance à poursuivre l’objectif qu’elle s’était fixé : aider à ce que la fin de vie se passe dans de bonnes conditions. Voilà bien la preuve qu’il faut la changer, a-t-on immédiatement entendu de tous côtés. La rumeur enfle, orchestrée par ceux qui poussent depuis longtemps à l’adoption d’une loi allant plus loin, c’est-à-dire autorisant d’une manière ou d’une autre à choisir l’heure de sa mort. Mais est-ce vraiment la solution ? Quelle loi aurait protégé Lambert des affronts qu’il n’en finit pas de subir ? Ils sont davantage liés aux conflits familiaux qui l’entourent qu’aux limites de la loi actuelle. Et que serait une loi qui autoriserait, sans contrôle, un médecin à précipiter la mort de ses patients, sans qu’ils l’aient demandée, et qu’au moins il ait été vérifié que cette précipitation n’était pas contraire à leurs valeurs les plus chères ? Aucune loi, même autorisant l’euthanasie ou le suicide assisté, n’aurait permis d’éviter ni le procès Lambert ni le procès Bonnemaison. Et l’attention, portée à la loi et à ses limites, masque une autre dimension importante de ces deux histoires : un défaut de compétence professionnelle dans l’un comme dans l’autre cas. Avant d’agir, Bonnemaison aurait dû prendre le temps de discuter de ses décisions avec son équipe. Il aurait dû aussi en informer plus précisément les proches de ses patients, ne serait-ce que pour mieux connaître les personnes qu’ils s’apprêtaient à aider à mourir et vérifier qu’au moins il n’agissait pas en contradiction flagrante avec leurs convictions religieuses ou autres engagements existentiels.
Quant à Kariger, il aurait dû se renseigner davantage avant de démarrer l’arrêt d’alimentation dans laquelle il s’est lancé avec son équipe. La pratique est nouvelle, elle demande un savoir-faire particulier, peu en ont l’expérience. S’il avait suivi les recommandations de bonne pratique en la matière, jamais son patient n’aurait survécu au-delà de huit jours.
Si je me permets, ici, de relever ces manquements professionnels, c’est que l’un et l’autre des médecins concernés les ont reconnus publiquement. Il est probable qu’en leur absence, aucun de ces deux procès n’auraient eu lieu : l’équipe de Bayonne n’aurait pas dénoncé son collègue, et Lambert serait mort avant que ses parents aient pu l’empêcher.
La loi a donc bon dos. Peut-être faut-il la faire évoluer, dans le sens précédemment évoqué ou dans un autre. Mais là, n’est pas la principale leçon à tirer de ces deux histoires. La loi est loin dans ces deux cas d’avoir été la seule responsable des défauts d’accompagnement à la mort ci-dessus relevés. Comme elle est loin d’être la seule responsable de ceux qui se répètent quotidiennement, ici et là, sur le terrain. Aucune loi ne remplacera le travail professionnel qu’il reste à faire pour s’ajuster au plus près à ce que nos concitoyens sont en droit d’attendre en matière d’accompagnement à la fin de vie. Là est l’urgence : le travail sur les pratiques et les normes soignantes. Et arrêtons de dire qu’il suffit en la matière d’augmenter la formation et les moyens en soins palliatifs. Cette réponse ne saurait être la seule. A preuve : Bonnemaison et Kariger sont l’un comme l’autre des médecins de soins palliatifs.
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Sujet: Re: A quand le vrai débat ?.. 29.07.14 12:45
La volonté du patient avant tout. Libération
Dominique THOUVENIN Professeure à l’Ecole des hautes études en santé publique (EHES),titulaire de la chaire droit de la santé et éthique 3 juillet 2014 à 18:46
TRIBUNE.Le gouvernement a annoncé, le 21 juin, la nomination des députés Alain Claeys et Jean Leonetti «pour préparer un texte de loi relatif à «l’accompagnement des personnes en fin de vie»». Présentée comme s’inscrivant «dans la continuité des travaux et débats engagés en juillet 2012 à la demande du président de la République, du rapport du professeur Didier Sicard sur la fin de vie en France, de l’avis récent du Comité consultatif national d’éthique (CCNE) et du débat citoyen qui l’a prolongé», cette décision n’est pas étrangère aux deux affaires Lambert et Bonnemaison qui ont été largement médiatisées et l’occasion de débats intenses.
Sur le même sujet
Tribune Fin de vie : la loi a bon dos Par Véronique Fournier
Un nouveau texte de loi devrait être adopté poursuivant trois objectifs : «Assurer le développement de la médecine palliative ; mieux organiser le recueil et la prise en compte des directives anticipées ; définir les conditions et les circonstances précises dans lesquelles l’apaisement des souffrances peut conduire à abréger la vie dans le respect de l’autonomie de la personne.»
Si ce texte répondait, comme l’annonce ce communiqué, aux attentes des Français qui «aspirent à ce que "leurs volontés soient pleinement respectées" dans les derniers moments de leur vie», alors, il devrait modifier, en profondeur, la loi du 22 avril 2005, dite loi Leonetti, tant celle-ci est éloignée de cet objectif. Elle a, en matière de décisions de fin de vie, remis en cause les principes de droit commun dont la loi du 4 mars 2002 relative aux droits des personnes malades s’était fait l’expression : au lieu de prévoir que les décisions soient prises par le patient, qui, parce que directement concerné, est le mieux à même de déterminer quel est son intérêt, elle est revenue au modèle déontologique qui repose sur le présupposé que le médecin prend pour son patient les décisions qu’il considère bonnes pour ce dernier. Aussi, pour assurer aux personnes que leurs choix en matière de fin de vie seront respectés, un simple toilettage de la loi de 2005 serait insuffisant.
Il faudrait tout d’abord lever une ambiguïté due à l’utilisation générique de l’expression «fin de vie», en distinguant deux réalités fort différentes: celle des «arrêts de traitements mettant fin à la vie, décidés par les médecins», et celle des «fins de vie de personnes en train de mourir». Les règles actuelles relatives à la première situation sont insatisfaisantes de deux points de vue : 1) elles reconnaissent comme légitime l’arrêt des soins en cas «d’obstination déraisonnable» pour permettre aux médecins de bénéficier dans cette hypothèse d’une cause de non responsabilité pénale ; or, cette appréciation qui n’est menée actuellement que par référence aux règles professionnelles, devrait, à l’avenir, prendre aussi en considération les attentes du patient ; 2) lorsque le refus de la personne d’accepter la proposition de soins qui lui est faite met sa vie en danger, il serait judicieux de cesser de la considérer comme d’emblée mourante ; mais, plus encore, quand elle n’est pas en mesure d’exprimer sa volonté, ce qui l’empêche de prendre une quelconque décision, cesser de prétendre qu’elle met sa vie en danger, et rédiger un texte précisant bien que cette décision prise par le médecin, l’est en tenant compte de la volonté du patient.
Ensuite, la procédure de prise de décision d’un arrêt de traitement, mettant fin à la vie ou concernant une personne en phase avancée ou terminale d’une affection grave et incurable, devrait être modifiée afin d’être, non plus prétendument, mais réellement collégiale, et de garantir une meilleure prise en compte de la volonté de la personne. Bien évidemment, c’est quand la personne n’est plus en mesure de s’exprimer elle-même que la plus grande attention doit être portée aux moyens susceptibles de garantir celle-ci.
Pour y parvenir, il faudrait que la décision cesse d’être prise par le médecin seul, après avoir sollicité l’avis d’un médecin et celui des proches, mais qu’elle le soit sur la base d’une discussion conjointe entre eux et les proches (en veillant, pour ces derniers, à bien identifier leur rôle en fonction des positions qui sont les leurs, telles que représentant légal, mandataire, personne de confiance, membres de la famille et amis, relations de proximité). La règle de principe devrait être celle de la concertation, en vue d’aboutir à une décision partagée ; et, lorsqu’elle est impossible à trouver, il faudrait envisager une procédure de médiation ainsi que le recours au juge.
Dans ces modalités de prise de décision, pas plus qu’il n’est souhaitable que les médecins se substituent au patient, il n’y a lieu de prendre en compte (comme c’est pourtant actuellement le cas) l’avis des proches. Certes, ils sont directement concernés et affectés par la situation, mais sauf à substituer leur volonté à celle du patient, leur rôle est de dire ce qu’ils savent de la volonté de la personne et non d’exprimer leurs points de vue sur leurs conceptions en la matière.
L’expression anticipée de la volonté, étant un moyen pour la personne quand elle est encore lucide de faire connaître pour le cas où elle cesserait de l’être sa volonté au sujet de décisions de soins, devrait être organisée de façon à lui conférer une portée obligatoire. Il est pour le moins surprenant que les proches puissent donner leur avis sur la fin de vie du malade, tandis que les directives anticipées, si elles existent, peuvent ne pas être respectées. Il serait souhaitable de ne plus les lier à la fin de vie, et par une politique publique, d’inciter peu à peu les citoyens à prendre l’habitude d’exprimer leur volonté, car il est plus aisé de la respecter lorsqu’elle est connue.
La loi dite Leonetti est la traduction d’un choix politique, celui de «laisser mourir sans faire mourir». Mais toute à son obsession de barrer la route à la reconnaissance d’un «droit de mourir», elle s’est appuyée sur la déontologie médicale, afin de remettre le médecin en position de décider seul. Il faudrait revenir au droit commun qui prévoit que les décisions, en matière de santé, sont prises par le patient, certes avec le médecin, mais conformément à ses choix. Rien ne justifie que les situations de fin de vie y dérogent, alors qu’elles mettent en jeu la subjectivité des personnes et donc leurs conceptions les plus intimes en la matière, ce qui postule un strict respect de leurs volontés.
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Sujet: Re: A quand le vrai débat ?.. 27.08.14 17:08
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Sujet: Re: A quand le vrai débat ?.. 28.08.14 9:40
il y a un truc informatique que je ne pige pas comme d'habitude !
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Sujet: Re: A quand le vrai débat ?.. 07.09.14 17:51
Bonne prise en charge dans les soins palliatifs ? Ils sédatent pour réveiller pour sédater à nouveau pour réveiller encore.. De qui se moque-t-on ? Il vaut mieux crever sur un brancard aux urgences !
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Sujet: Re: A quand le vrai débat ?.. 24.10.14 10:43
24/10/2014 à 05:24 Mis à jour il y a environ 2 heures
Interview Doubs : «Je suis opposé à l’euthanasie pour des raisons médicales, philosophiques et juridiques»
Le Dr Bernard-Marie Dupont : « Si on légalisait l’euthanasie, je suis sûr qu’on pratiquerait massivement pour des raisons économiques ! » Photo Francis REINOSO
Montbéliard. Eminent spécialiste de la question de la fin de vie, le Dr Bernard-Marie Dupont était invité par le comité d’éthique de la maison Blanche, à Beaucourt, à donner une conférence devant les personnels soignants de l’Aire urbaine.
L’Est Républicain : Un sondage BVA nous apprend que neuf Français sur dix se disent favorables à l’euthanasie. Qu’en pensez-vous ?
Dr Bernard-Marie Dupont : D’abord, je me méfie des sondages. Ainsi, un autre sondage réalisé la semaine dernière par trois organes de presse sur les progrès de la médecine a produit des résultats qui laissent perplexes. Un sondé sur deux dit en substance que les progrès de la médecine doivent servir à lutter contre la mort ! Donc, d’un côté, les gens sont favorables à l’euthanasie et, de l’autre, ils disent qu’il faut lutter contre la mort. Vous voyez que cette question de fin de vie est quelque chose d’extrêmement confus, le vocabulaire employé est lui-même complexe, puisqu’on parle tantôt d’euthanasie, tantôt d’arrêt des soins, de sédation, de soins palliatifs et j’en passe. Pour revenir aux sondages, tout dépend de la manière dont la question est posée.
Vous êtes vous-même catégoriquement opposé à la légalisation de l’euthanasie. Pourquoi ?
Je suis opposé à l’euthanasie pour des raisons médicales, philosophiques et juridiques. Pas du tout pour des motifs religieux et encore moins idéologiques. Je n’ai rien à voir avec ceux qui manifestent contre l’avortement par exemple. En réalité, l’euthanasie est une question extrêmement complexe et terrible.
L’affaire Vincent Lambert, d’un côté, et le procès du Dr Nicolas Bonnemaison, de l’autre, donnent une image brouillée de la problématique de la fin de vie en France. Où en sommes-nous clairement aujourd’hui ?
Justement, ce n’est pas clair du tout ! C’est le gros brouillard au contraire. Mais je dirais qu’il s’agit de deux affaires différentes. Le Dr Bonnemaison a agi sans en parler ni aux patients, ni au personnel de son service, ni aux familles. Il a mis fin à la vie de sept patients sans avoir recueilli leur consentement. D’un point de vue juridique, c’est un crime et je comprends l’avocat général qui fait appel du verdict d’acquittement, car il ne peut pas faire autrement.
L’affaire Lambert est extrêmement complexe médicalement. S’ajoutent des problèmes familiaux terribles. Mais cela dit, si Vincent Lambert est en vie, c’est le résultat des progrès de la médecine. La question ne se serait pas posée il y a cinquante ans. Il n’y aurait pas eu d’affaire Lambert. C’est important de considérer le fait qu’on va avoir de plus en plus de gens dans cette situation. La question posée est donc celle de la notion de progrès de la médecine et celle aussi de l’attitude de la société face à ces gens-là. Est-elle en état de les accepter, ces gens qui sont jeunes, en bonne santé, mais qui coûtent cher ? Ça va faire exploser les références ! Mais une chose est sûre : ce n’est là que le résultat des progrès de la médecine !
Et vous êtes convaincu que la société n’est pas prête à les accepter ?
Je pense qu’on a fait le choix, pour des raisons économiques, d’éliminer ceux qui coûtent plus cher qu’ils ne rapportent. On a inventé le 4e âge, c’est quelque chose d’effarant, de jamais vu. Aujourd’hui, l’espérance de vie est de 86 ans pour une femme. Une femme sur deux qui naît aujourd’hui a toutes les chances de devenir centenaire ! Mais forcément, on va découvrir des pathologies liées au grand âge et créant de la dépendance. Or personne ne maîtrise le financement de tout ça. Ce qui fait que les enfants auront la responsabilité de deux générations : leurs parents et leurs grands-parents. On a calculé le coût pour la société de chaque année de vie gagnée : il est de 211.000 €. Qui va payer ? Donc, pour des raisons évidentes d’économie de santé, on pratiquerait massivement si l’euthanasie était légalisée ! On voit bien l’exemple de la Belgique : la loi autorise l’euthanasie et elle était censée tout verrouiller. Or, au vu des questionnements qui agitent la société belge, on est en droit de s’interroger si l’euthanasie ne va pas être le moyen de vider les prisons de tous les délinquants sexuels ?
La loi Leonetti est-elle suffisante ? Peut-elle et doit-elle évoluer ? Si oui, dans quel sens à votre avis ?
J’ai dit, et cela en présence de Jean Leonetti, que cette loi était mal écrite. Si j’étais député, je demanderais son abrogation, car on peut en faire deux lectures contradictoires. Cette loi est confuse, écrite dans la précipitation, surtout destinée à protéger le corps médical. Personnellement, je ne vois que cette évolution-là : l’abrogation.
A partir de quel stade peut-on parler d’acharnement thérapeutique ?
J’ai lu récemment que 100 % des Français sont contre l’acharnement thérapeutique. Mais, qu’est-ce que l’acharnement thérapeutique ? Une forme de prise en charge qui irait au-delà de l’intérêt du patient ? Mais qu’est-ce que l’intérêt du patient ? Dans le cas de Vincent Lambert, par exemple, c’est quoi l’acharnement thérapeutique ? C’est une question difficile.
Quel est le plus important pour la médecine : le maintien en vie ou le bien-être du patient ?
Pour moi, c’est d’abord la vérité du patient qui est la plus intéressante. Son avis évolue d’un jour sur l’autre, mais il doit être la vérité première, l’Alpha et l’Omega. Il a besoin d’être éclairé. Alors bien évidemment, le bien-être du patient prime. Il faut toutefois accepter l’idée qu’en médecine, on a créé des monstres, qui posent des questions sans réponses.
Propos recueillis par José GONZALVEZ
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Sujet: Re: A quand le vrai débat ?.. 24.10.14 11:00
Rapidement, sur le vif, une question surgit de mes neurones Qu'Est-ce qu'il est préférable de " pîquer ", les vieux ou les handicapés ? Vu le son de cloche de l'article ci-dessus, je me permets de poser la question ...
CITATION très intéressante = "La loi Leonetti est-elle suffisante ? Peut-elle et doit-elle évoluer ? Si oui, dans quel sens à votre avis ?
J’ai dit, et cela en présence de Jean Leonetti, que cette loi était mal écrite. Si j’étais député, je demanderais son abrogation, car on peut en faire deux lectures contradictoires. Cette loi est confuse, écrite dans la précipitation, surtout destinée à protéger le corps médical. Personnellement, je ne vois que cette évolution-là : l’abrogation.".
ABROGATION de la loi Léonetti ? pourquoi pas !
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Sujet: Re: A quand le vrai débat ?.. 24.10.14 11:07
Le Dr Bernard Marie-Dupont est POUR l'abrogation de la loi Léonetti ...
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Sujet: Re: A quand le vrai débat ?.. 24.10.14 11:10
Moi aussi je suis pour l'abrogation de la loi Léonetti
Je pense qu'il faut tout recommencer à zéro ... avec un référendum
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Sujet: Re: A quand le vrai débat ?.. 05.11.14 16:53
ANCIEN ARTICLE intéressant =
Fin de vie : François Hollande cherche toujours la lumière
Eric FAVEREAU 14 février 2014 à 21:56
François Hollande le 3 février à l'Elysée à Paris. François Hollande le 3 février à l'Elysée à Paris. (Photo Patrick Kovarik. AFP)
ANALYSE Le Président attend l’avis du Comité d’éthique pour modifier la loi Leonetti. Mais un climat tendu et la quête du consensus risquent d’entretenir le flou.
C’est le paradoxe de la situation actuelle autour des questions de fin de vie, d’euthanasie, et de suicide assisté : plus le temps passe, moins on avance, et plus on s’oriente vers une loi peau de chagrin, avec de légères modifications aux marges. Nous sommes loin en tout cas d’un projet de loi qui changerait fortement le cadre actuel. Les raisons de ce statu quo annoncé ? Un contexte politique ingérable, et une législation actuelle, - la loi Leonetti -, qui permet toutes les approximations et tous les faux-semblants.
Reprenons le fil. Lors de l’élection présidentielle, François Hollande s’était engagé pour un changement de loi, ouvrant la porte à la possibilité d’actes d’euthanasie dans certaines circonstances de fin de vie. A peine élu, il lance une mission, autour du professeur Didier Sicard, ancien président du Comité national d’éthique. Celui-ci rend son travail, en décembre 2012. Son rapport est passionnant mais ambigu : d’un côté, il affirme qu’il ne faut pas toucher à la loi Leonetti mais, de l’autre, il reconnaît que bon nombre de situations sont «insupportables» et, très clairement, il note que dans l’univers des fins de vie médicalisées, il n’y a plus franchement de frontières étanches entre le «laisser mourir» et le «faire mourir».
Piqûre létale. Or, le «laisser mourir», c’est le socle de la loi Leonetti : si le patient le réclame - ou si l’équipe médicale le décide lorsque le patient n’est pas en état de donner son consentement -, le médecin peut arrêter tout traitement, y compris l’alimentation et l’hydratation. Il se doit ensuite d’accompagner le malade vers la mort, sans néanmoins la provoquer directement. En somme, il s’agit de l’euthanasie passive.
Mais voilà, avec l’omniprésence de la médecine en fin de vie, les lignes ont, de fait, bougé. Exemple : y a-t-il vraiment, aujourd’hui, une différence irrémédiable entre l’arrêt d’un respirateur chez un cancéreux en fin de vie et la prescription d’une piqûre létale chez un malade en fin de Parkinson ? Toutes ces zones d’ombre entourent la mort médicalisée. «Arrêter les traitements, c’est aussi un arrêt de vie, d’autant qu’on accompagne ces arrêts par des gestes médicaux pour aider le patient», notait avec bon sens la philosophe Marta Spranzi. Bref, le laisser mourir n’est-il pas déjà du faire mourir ? Pour ces raisons, le professeur Sicard proposait la possibilité d’éventuelles prescriptions de sédation terminale (1) et ne fermait pas la porte au suicide assisté, tout en disant vouloir rester dans le cadre de la loi Leonetti.
A la lecture de ce rapport, François Hollande a saisi le Comité national d’éthique sur trois questions. L’une porte sur les directives anticipées, ce dispositif qui permet à toute personne de préciser comment être soignée à un moment où elle n’est plus en état de le dire. Aujourd’hui, elles ne sont pas contraignantes : comment les rendre plus effectives ? Deuxième question, plus délicate, autour du suicide assisté : «Selon quelles modalités et conditions strictes permettre à un malade conscient et autonome atteint d’une maladie grave et incurable d’être accompagné et assisté dans sa volonté de mettre lui-même un terme à sa vie ?». Enfin, le Président veut réfléchir à «comment rendre plus dignes les derniers moments d’un patient dont les traitements ont été interrompus à la suite d’une décision prise à la demande de la personne ou de sa famille ou par les soignants». Trois questions, et «c’est sur la base de ces avis qu’un projet de loi sera présenté au Parlement», disait-on à Elysée.
Interdit. Cela paraît donc balisé… mais ne l’est finalement pas franchement. En juillet, le Comité d’éthique rend un avis confus, où il affirme que certes «on meurt mal en France», mais que la loi Leonetti est parfaite. Et, pour le comité, il faut surtout maintenir l’interdit de tuer. Circulez, il n’y a rien à voir. Que comprendre ? Au même moment, ressurgit l’affaire de Vincent Lambert, jeune infirmier dans un état végétatif profond depuis septembre 2008. L’équipe médicale, autour du Dr Eric Kariger, n’est en rien une adepte farouche de l’euthanasie, mais comme manifestement Vincent Lambert a souvent répété qu’il ne voudrait jamais vivre «une vie pareille», et que de plus la majorité de la famille n’y est pas opposée, les médecins décident l’arrêt de l’alimentation et de l’hydratation artificielle, ce que leur permet formellement la loi. Reste que l’équipe de Reims n’est pas très au fait des pratiques de fin de vie : elle arrête l’alimentation, mais maintient l’hydratation, et donc l’agonie dure, alors que d’ordinaire les bonnes pratiques médicales font au minimum en sorte que cela ne s’éternise pas. Au bout d’un mois, Vincent Lambert est là, agonisant, toujours en vie. Les parents, qui habitent dans le sud de la France, découvrent la situation. Et s’y opposent judiciairement.
On connaît la suite : un premier procès en référé au tribunal administratif de Châlons-en-Champagne qui demande de suspendre la décision médicale, puis un deuxième en appel qui le confirme. Le tout s’appuyant sur des raisons juridiques complexes, évoquant à un moment la volonté incertaine de Vincent, à un autre moment le fait qu’il est en état de conscience minimale, et non pas dans un état végétatif profond. Stupeur et embrouille devant ces jugements. Des voix s’élèvent alors pour dénoncer l’intrusion du juge dans une décision médicale, d’autres insistent sur le flou de la loi Leonetti. D’autres, encore, notent avec effroi la variabilité des pratiques et soulignent que comme toujours, ceux qui ont de bons réseaux peuvent trouver des solutions qui leur conviennent. «C’est cela le plus choquant, nous disait Didier Sicard, l’inégalité devant la mort».
Climat volatile. Pourtant, lors de sa dernière conférence de presse, le 14 janvier, François Hollande a semblé maintenir le cap. Il a réaffirmé son souhait d’un texte de loi qui permette, dans un cadre «strict», à un adulte qui souffre d’une maladie incurable de demander une «assistance médicalisée pour terminer sa vie en dignité». Et a dit attendre le dernier rapport du Comité d’éthique, prévu prochainement. Tel est donc le discours officiel, mais en aparté, le ton évolue. Les remous autour de la loi pour le mariage pour tous, puis les débats sur l’école et la théorie du genre, tout cela pointe un climat volatile dans la société. A tout moment, des polémiques sur des sujets sociétaux émergent, s’emballent, puis disparaissent. De plus, l’Eglise catholique a décidé de faire entendre fortement sa voix autour de la fin de la vie, et d’affirmer son refus de toute légalisation de l’euthanasie. Lors de la visite au pape, en janvier, le chef de l’Etataurait eu droit à une mise en garde : le souverain pontife lui aurait dit que s’il y avait un changement en France sur la fin de vie, alors il réagirait officiellement par un texte public. Bref, le climat est tendu, bourré de crispations, de malentendus et d’arrière-pensées.
Au micro d’Europe 1, jeudi matin, le Premier ministre a semblé donner une inflexion : «Si on doit légiférer, il faudra le faire avec la recherche du consensus le plus poussé. Ce sont des questions sensibles qui touchent à l’âme humaine et à la responsabilité la plus profonde. Sur des questions de cette nature, il faut plutôt rechercher le rassemblement que la division», a-t-il ainsi affirmé.
Au ministère de la Santé, on répète que le calendrier n’a pas changé : rapport du Comité éthique en février-mars, consultation, puis projet de loi pour l’été. Comme le Président a donné sa parole, on peut supposer qu’il la tiendra sûrement, mais… a minima. A moins que le Conseil d’Etat n’oblige les uns et les autres à sortir de leurs ambiguïtés.
(1) Prescription qui endort la personne très profondément jusqu’au décès.
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Sujet: Re: A quand le vrai débat ?.. 05.11.14 17:02
Sujet: Re: A quand le vrai débat ?.. 15.12.14 15:14
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Sujet: Re: A quand le vrai débat ?.. 16.12.14 10:58
Fin de vie : Sandrine Rousseau est «atterrée» par les propositions de Hollande
Publié le 12/12/2014
La Voix du Nord
En décembre 2013, le témoignage de Sandrine Rousseau avait suscité une grande émotion. L’élue régionale, porte-parole nationale d’Europe Écologie les Verts, racontait qu’elle avait veillé jusqu’aux derniers instants sa maman qui, atteinte d’un cancer en phase terminale, a mis fin à ses jours en absorbant des médicaments. Elle se dit « atterrée », « scandalisée », « hyper remontée », par ce qu’a annoncé François Hollande ce vendredi.
Sur son blog, puis dans nos colonnes, Sandrine Rousseau racontait le supplice pour sa mère malade et la torture qu’elle-même a vécue, obligée d’assister pendant neuf heures à l’agonie de sa mère, chez elle. Depuis, elle se bat pour «le droit inaliénable des personnes à choisir leur façon de partir».
Ce vendredi, François Hollande a annoncé qu’un débat sans vote serait organisé sur la fin de vie dès janvier à l’Assemblée à partir des propositions de parlementaires, dont la mesure centrale est l’instauration d’un droit à une « sédation profonde et continue ». Une proposition qui agace profondément Sandrine Rousseau.
« Je suis en colère, ça ne change rien ». « La sédation profonde existe déjà. On plonge les gens dans le coma et on attend qu’ils meurent de faim ou de soif. Sachant qu’on ne sait pas si, dans le coma, ils souffrent ou pas. Alors qu’existent des méthodes pour abréger vraiment les souffrances. Une piqûre et les patients partent dans la minute. »
Quant aux directives anticipées des patients qui seront désormais « contraignantes », a annoncé le président, cela ne convainc pas davantage l’élue. « On ne sait pas si ces directives seront opposables. Et puis le patient écrira par exemple je ne souhaite pas un acharnement thérapeutique. Mais ce sera le médecin et pas le patient qui décidera quand cette directive sera appliquée. Or, je défends le droit inaliénable des personnes à choisir quand et comment elles peuvent partir. C’est infantilisant de ne pas leur laisser le choix. Ce sont des personnes adultes et responsables qui gardent leurs droits civiques ou leur responsabilité parentale le cas échéant. Et elles n’auraient pas le droit de choisir comment et quand précisément elles peuvent dire au revoir ? Ce qui est important ! Par exemple, ma mère ne voulait pas que ce soit la maladie qui ait le dernier mot, elle voulait décider. Et elle a dû le faire elle-même, chez elle. »
Didier de Broucker : « C’est une avancée, c’est ce que nous demandions »
Enseignant à la Catho, anti-euthanasie et pro-soins palliatifs, le professeur Didier de Broucker se dit satisfait de l’approbation ce vendredi matin par François Hollande du rapport Claeys-Leonetti. Pour lui, il s’agit, en fait, de renforcer ce qui existe déjà.
Administrateur de la Société française d’accompagnement et de soins palliatifs (SFAP), médecin fraîchement retraité, Didier de Broucker ne cache pas sa satisfaction : « Avec la SFAP, c’est exactement ce que nous proposions comme avancée. Il fallait partir de la loi existante et l’étendre un peu pour permettre un accès à des soins qui respecte la personne. »
Longtemps responsable d’un service de soins palliatifs, l’enseignant rappelle qu’il est déjà possible avec la loi Léonetti de soulager les souffrances d’un patient. « Je me rappelle le cas d’une patiente en phase terminale d’un cancer des poumons qui avait peur de mourir étouffée. Je lui avait promis que ce ne serait pas le cas. Lorsque son état s’est aggravé, nous avons appliqué un protocole de sédation dans le cadre d’une alliance thérapeutique patient-médecin. »
Pour Didier De Broucker, cette décision est bien loin de l’euthanasie : « Il ne s’agit pas de provoquer la mort mais de soulager les souffrances. On doit faire la promotion de la vie et non le contraire. Quand on voit ce qu’il se passe en Belgique... La marge y est devenue ténue entre euthanasie et suicide assisté. »
Et Didier de Broucker de conclure : « Cela dit, je pense que les pro-euthanasie vont trouver que cette annonce ne sert à rien. »
S. F.-P.
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Sujet: Re: A quand le vrai débat ?.. 29.12.14 11:19
Mais que veut dire mourir "dans la dignité" ? Dimanche 28 Décembre 2014 à 06:00 | Lu 4583 fois I 26 commentaire(s)
Dr Vianney Mourman*
Les députés Leonetti (UMP) et Claeys (PS) ont rendu récemment au président de la République leur rapport sur la fin de vie. Le Docteur Vianney Mourman, responsable de l’équipe de soins palliatifs de l’hôpital Lariboisière à Paris, nous livre sa réaction d'homme de terrain pour qui la mort fait partie du quotidien. Et il se réjouit, pour l'heure, que "les différentes instances interpellées pour aboutir à ce remaniement de la loi n’aient pas consenti à une légalisation de l’euthanasie ou d’un suicide assisté qui n’auraient fait, en l’état actuel des choses, que pallier à l’insuffisance d’accès aux soins palliatifs".
Dans son programme, François Hollande proposait un droit à « terminer sa vie dans la dignité ». Un débat passionné fait rage depuis lors, alimenté au gré de l’information, d’images chocs, d’histoires individuelles émouvantes ou conflictuelles et de propos souvent péremptoires. Mon sentiment est que nous sommes plus confrontés à un affrontement d’idéologies qu’à un débat d’idées et que l’émotion prime sur la réflexion.
De quoi parle-t-on ? Etymologiquement, l’euthanasie signifie la bonne mort. C’est le moins que l’on puisse souhaiter à chaque individu, à nos proches et à nous-même. Nous sommes sur ce point, je pense, tous d’accord. Dans une vision plus actuelle, il s’agirait de permettre au patient, confronté à des souffrances insupportables, de pouvoir abréger sa vie (ou son agonie, suivant où l’on se situe). Les moyens proposés pour abréger la vie passeraient alors par l’intermédiaire d’un tiers provoquant le décès par des thérapeutiques qu’il administrerait (euthanasie), par ses prescriptions (suicide médicalement assisté) ou par son entremise (assistance au suicide).
Qu'est-ce que la souffrance ?
Mais comment définir la « souffrance », ce « être mal », qui conditionne ce débat ? Souvent amalgamée à la douleur, cette entité est plus large : confrontée à la maladie grave, la personne souffre dans son corps, dans son psychisme, dans sa relation à l’autre et à la société, dans sa spiritualité. En absence de soulagement de cette souffrance, l’existence même du patient peut perdre son sens. C’est cette situation qui me semble être le terreau de cette demande sociétale d’un droit à pouvoir demander de contrôler le moment et les modalités de sa fin.
Le médecin a à sa disposition de nouvelles techniques, parfois très invasives et contraignantes, pour pallier aux diverses maladies ou défaillances vitales. En voulant repousser la mort, le médecin (et son équipe) est amené, indirectement, à infliger de l’inconfort au patient : pour prolonger sa vie, il peut amputer sa qualité de vie. Il n’en a pas toujours conscience, ou parfois en fait abstraction, concentré qu’il est dans son optique de gagner de la quantité de vie. Le médecin est, malgré tout, confronté à des situations de souffrances extrêmes.
Dans les années 70-80, une solution est imaginée : une association de médicaments, au départ utilisée pour soulager le patient, qui s’est transformé en cocktail lytique provoquant la mort de celui qui souffrait trop et qu’on ne pouvait soulager. Combien de soignants portent encore le regret d’avoir réalisé ce geste, pourtant vécu alors comme l’unique solution « digne » et adaptée à la situation ? Face à ce constat d’un grand écart entre traitements intensifs, contraignants, parfois inutiles, et solutions radicales à la souffrance, s’est créé le mouvement des soins palliatifs modernes. Partant du principe que la mort est un phénomène naturel, ce mouvement s’est centré sur l’idée de remettre le patient au centre du soin et d’affirmer que sa qualité de vie est une priorité.
La mort reste un tabou
Qu’en est-il aujourd’hui, dans une société où la mort est un sujet tabou ? En partant de l’hypothèse que la souffrance fait perdre sens à la vie, l’on peut se questionner sur les moyens à disposition pour la soulager. L’accès aux soins palliatifs est insuffisant. Ils sont toujours entourés de préjugés ou d’incompréhensions quant à leur rôle ou finalité, y compris parmi les soignants. S’ils ont comme but d’améliorer la qualité de vie des patients et de leurs proches, ils sont encore imaginés comme étant systématiquement capables de procurer une fin heureuse et totalement apaisée. Il me semble important de rappeler que, quel qu’en soit le moyen, la mort reste un moment entouré de symptômes (ne serait-ce que l’arrêt cardiaque) et que pour la plupart des personnes, elle est et restera un événement inacceptable, car signifiant l’arrêt d’une vie. Les soins palliatifs n’ont pas la prétention de gommer cela, mais de permettre au patient de finir sa vie le mieux ou en tout cas le moins mal possible.
Nos concitoyens, qui demandent une légalisation d’une aide à mourir, ont probablement été confrontés à des agonies insupportables ou a des équipes soignantes qui, au nom de ce combat acharné pour la vie, n’ont pas su s’arrêter dans leur escalade thérapeutique. Leur demande se justifierait par l’idée de se protéger eux-mêmes de cette situation qu’ils ne veulent pas avoir à subir et dont ils veulent protéger leur entourage et par extension tous leurs semblables.
Les soignants doivent-ils refuser la sédation ?
Quelle solution proposer pour apporter la réponse la plus juste à ce questionnement ? Confrontés à des symptômes insupportables, les patients peuvent être dans un effroi en fin de vie. Une sédation (les rendre inconscients pour ne pas qu’ils soient témoins de cet intolérable) est possible. Pourtant on voit encore des soignants refuser de pratiquer celle-ci. Ils ont peur de provoquer la mort, alors que celle-ci est considérée comme un risque acceptable au regard de la nécessité et de la priorité de soulager la souffrance et qu’elle n’est pas souhaitée. On peut se questionner sur ce qu’il en sera si cette sédation est demandée par le patient sans pour autant qu’il ne soit dans cette sensation de mort imminente, comme cela est proposé dans le projet de loi ?
Il me semble que l’on peut se réjouir que les différentes instances interpellées pour aboutir à ce remaniement de la loi n’aient pas consenti à une légalisation de l’euthanasie ou d’un suicide assisté qui n’auraient fait, en l’état actuel des choses, que pallier à l’insuffisance d’accès aux soins palliatifs. Nous verrons lors du débat parlementaire quelles orientations seront retenues. Renforcer l’autonomie du patient, que sa parole soit plus contraignante pour le médecin et de ce fait mieux respectée me paraît primordial. Cela rassurera nos concitoyens sur les décisions qui seront prises en leur nom, dans leur intérêt, dans un contexte d’incertitude et de vulnérabilité. Pour ma part, je ne sais pas ce que veut dire mourir dans la dignité. Au quotidien, je suis dans un combat, au chevet des patients, pour qu’ils vivent sans souffrance.
* Le Docteur Vianney Mourman est responsable de l’équipe de soins palliatifs de l’hôpital Lariboisière à Paris.
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Sujet: Re: A quand le vrai débat ?.. 29.12.14 12:04
A propos de l'insuffisance des soins palliatifs, nous n'avons pas à l'heure actuelle à subir les conneries des gouvernements précédents...
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Sujet: Re: A quand le vrai débat ?.. 01.01.15 19:28
Martin Winckler ✓ Suivre Médecin généraliste sous le nom de Marc Zaffran, écrivain sous celui de Martin Winckler. Auteur de «La Maladie de Sachs»...
Euthanasie: les médecins agissent en caste et non en professionnels accompagnant les patients qui souffrent
11 juillet 2013, 10:11
★La rédaction Le Comité consultatif national d’éthique (CCNE), saisi par l'Elysée au sujet de l'euthanasie et du suicide assisté, a rendu son avis le 1er juillet. Il ne préconise pas leur légalisation. Martin Winckler, écrivain et médecin, est engagé en faveur du suicide assisté, un thème qu'il a développé dans son dernier roman «En souvenir d'André». Il y raconte le cheminement d’un médecin, le narrateur, qui soulage la douleur des autres.
L’avis du comité national d’éthique (CCNE) sur l’euthanasie et le suicide assisté est scandaleux. Il ne tient compte ni des besoins de la population, ni de la réalité des soins et de la fin de vie, ni même des réflexions et des avancées intellectuelles faites dans les autres pays. Le CCNE est composé en majorité d’une d’élite aristocratique qui préfère conserver le pouvoir là où il se trouve. En Belgique et au Pays-Bas, cela fait dix ans que tout paternalisme médical et intellectuel a été abandonné vis-à-vis du citoyen. La décision revient à l’individu.
L’avis du CCNE est très différent du rapport Sicard, qui allait dans le sens d’une dépénalisation. Au Québec, le gouvernement a déposé un projet de loi pour dépénaliser l’euthanasie. Personne dans l’opposition n’a levé le petit doigt car ici, tout le monde considère que cela relève de la conscience personnelle et s’opposer à une mesure augmentant la liberté individuelle serait impensable. La France reste dans un paternalisme intellectuelle, mental, médical. Il consiste à dire : les gens ne savent pas ce qu’ils font, c’est aux médecins, aux sages de dire ce qui est bon.
La sédation profonde - recommandée par l’avis du CCNE - relève de la décision quasi unilatérale des médecins et de la famille, alors que le patient se trouve dans des souffrances extraordinaires. Ils le mettent dans le coma et attendent qu’ils meurent, mais ce n’est pas ce que les patients réclament. C’est hypocrite. En outre, nous savons très peu de choses sur ce qu’il se passe pendant le coma. Il n’est donc pas sûr que la sédation terminale procure une absence totale de souffrance, puisque le cerveau peut encore produire des phénomènes douloureux.
Il n’y a pas de position morale supérieure
En refusant une ouverture légale vers un suicide assisté comme c’est le cas au Québec, au Pays-Bas, en Belgique, dans certains États aux États-Unis, les membres du CCNE bloquent toute possibilité de faire avancer le débat. Le problème réside dans le monde médical français : les médecins qui sont au pouvoir, soit sur le plan administratif, soit sur le plan politique, soit idéologique ne veulent surtout pas qu’on puisse penser dire ou agir autrement qu’eux.
La question est de ne pas verrouiller les décisions des individus sous prétexte qu’une morale serait supérieure à une autre. Quand on fait de l’éthique clinique, on apprend qu’il n’y a pas de positions morales supérieure. Il n’y a que des approches d’équipes, individuelles, qui se valent et qui doivent toutes tenir compte des besoins et des attentes des patients.
Les opposants à l’euthanasie considèrent que des personnes - qui ne sont pas privées de leur capacité de voter -, seraient moins capables que d’autres de décider de leur fin de vie. Mais si une personne n’est pas déchue de ses droits civiques et est en droit de refuser de se faire placer en institution, de refuser un traitement, pourquoi ne serait-elle pas en droit de décider de sa vie?
Les euthanasies clandestines sont monnaies courantes en France
D’après les études menées depuis trente ans aux Pays-Bas et depuis dix ans en Belgique, les glissements sont rarissimes et il y a beaucoup moins d’euthanasies que de demandes d’euthanasies. La peur de la pente glissante est très forte en France. Les médecins ont un fantasme de toute puissance, lui-même avalisé par les lois, par les institutions comme le CCNE, qui laissent entendre que l’éthique des médecins français est supérieure à celle des citoyens.
Les médecins pensent que la loi sur l’euthanasie leur donnera un pouvoir supérieur alors que ce n’est pas le cas. Une loi sur l’euthanasie réglementera ce que les médecins peuvent faire. Elle les privera de décider unilatéralement qui ils doivent mettre à mort ou pas. Il ne s’agit justement pas de mettre les gens à mort mais d’aider ceux qui veulent mettre un terme à leur vie librement. Les euthanasies clandestines sont monnaies courantes en France, en néonatalogie en particulier, un service dans lequel les médecins ont décidé pendant longtemps unilatéralement si les enfants prématurés avec des séquelles neurologiques importantes devaient survivre ou pas. Ils pratiquaient l’euthanasie sans prévenir les parents. Le pédiatre Denis Oriot a écrit une thèse sur le sujet.
Accompagner les personnes qui souffrent
Il est très significatif que les médecins évoquent une position de bourreau pour eux dans l’euthanasie. C’est le pendant de leur position de toute puissance. Ils ne sont ni des sauveurs, ni des bourreaux, mais des professionnels accompagnant. Le médecin n’a pas à prendre les décisions pour le patient, ni à se trahir moralement. Dans «En souvenir d’André», le narrateur refuse d’aider un patient parce qu’il ne pense pas que sa demande rentre dans le domaine de l’accompagnement, il serait plus l’instrument d’une sorte de vengeance. Il ne juge pas de sa décision mais ne veut pas y participer. Certes, il y a des gens qui se tuent pour faire du mal aux autres mais ils ne représentent pas la majorité.
Plus on monte dans la hiérarchie médicale, moins les médecins sont prêts à abdiquer leur position de paternalisme moral. Certains ont aussi un double discours. L’un est public et contre l’euthanasie, l’autre est privé, il consiste à dire : si c’est ma femme, mon enfant, mon meilleur ami, je le ferai. C’est un comportement de classe. Les médecins français se comportent comme une caste et non pas comme des professionnels dont la vocation est d’accompagner les personnes qui souffrent.
Sujet: Re: A quand le vrai débat ?.. 01.01.15 19:44
CITATION =
Il est très significatif que les médecins évoquent une position de bourreau pour eux dans l’euthanasie. C’est le pendant de leur position de toute puissance.
Commentaire=
Pourrait-on aller jusqu'à dire que ce refus explicite de l'euthanasie exprime un souhait inconscient d'euthanasier ?
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Sujet: vidéo 02.01.15 12:40
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Sujet: Re: A quand le vrai débat ?.. 25.02.15 17:41
" La mort fait toujours peur "
23/02/2015 05:41
Dominique Le Briquer : « Penser à la mort, ce n'est pas facile. »
L’association Jalmalv, au plan local, accompagne depuis bientôt trente ans les personnes en fin de vie.
Le mot seul jette un froid aussitôt qu'il est dit, écrivait naguère Jean-Roger Caussimon, dans sa chanson « La Mort ». En 2015, la problématique n'a pas changé, reconnaît Dominique Le Briquer, présidente locale de l'association nationale Jalmalv (*): « Aux Journées du bénévolat, auxquelles nous avons participé, nous avons constaté que des gens faisaient un détour pour ne pas longer notre stand. »
Pourtant, constate Mme Le Briquer, « c'est la seule situation devant laquelle nous sommes tous égaux ». Une situation qui reste, elle en convient, difficile à aborder pour les bénévoles qui accompagnent la fin de vie. Il y a une juste distance à trouver : « Nous ne devons être ni trop impliqués, ni trop éloignés. » Un juste ton : « Nous ne sommes pas là pour parler, mais pour écouter. » Et une juste attitude : « Nous sommes dans l'être, pas dans le faire. »
" Il faut être un être humain "
Pour cela, les bénévoles de Jalmalv ne sont évidemment pas livrés à eux-mêmes : « Nous leur fournissons une formation en deux temps : une sensibilisation d'abord, sur trois week-ends, puis la formation proprement dite, étalée sur quatre mois. » Ce n'est qu'après que les bénévoles vont être confrontés à des personnes en fin de vie. Et encore, ne seront-ils « lancés » qu'en binôme avec un bénévole aguerri. Et quand on demande à Dominique Le Briquer s'il y a besoin de qualités particulières pour faire de l'accompagnement de fin de vie, elle répond sans hésiter : « Il en faut une, être un être humain. » « C'est très enrichissant pour nous aussi, confesse-t-elle. Vous savez, quand on vient d'être confronté à l'idée de la mort, après on relativise beaucoup de choses. » Jalmalv a lancé, depuis cette année, un groupe de soutien aux personnes en deuil, « car il faut autoriser aux proches l'expression de la souffrance ». Et pour ce qui est de l'actualité nationale et des débats autour des lois Léonetti, Mme Le Briquer rappelle la position officielle de son association : « Nous pensons que l'euthanasie n'est pas la bonne réponse. Pour nous, le rapport Claeys - Léonetti (NDLR : qui prévoit entre autres le droit à une sédation profonde et le fait que les directives anticipées du patient s'imposeraient aux médecins) est plutôt un bon compromis. » En conclusion, citons, toujours, Jean-Roger Caussimon : « Il semble que la mort est la sœur de l'amour La mort qui nous attend et l'amour qu'on appelle Et si lui ne vient pas, elle viendra toujours. »
(*) Jalmalv : Jusqu'à la mort, accompagner la vie.
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Sujet: Re: A quand le vrai débat ?.. 25.02.15 17:45
çà se discute ! si j'ai de gros problèmes informatiques, je m'imagine morte et çà va mieux après !
Plus sérieusement, la mort ne fait pas peur
*si on a vécu des deuils et si on les a intégré *si on est un croyant positif
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Sujet: Re: A quand le vrai débat ?.. 25.02.15 18:06
CITATION = « c'est la seule situation devant laquelle nous sommes tous égaux ».
Mon commentaire =
Pourquoi la seule ? la naissance aussi !
Peut-on parler d'égalité, on ne meurt pas tous de la même manière et au même moment
Comme on ne naît pas tous de la même manière ( bébé prématuré, patatipatata )
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Sujet: Re: A quand le vrai débat ?.. 06.05.15 11:51
La médecine et la fin de vie France Culture émission récente
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Sujet: Re: A quand le vrai débat ?.. 19.05.15 19:34
Leonetti-Roméro : Deux regards inquiétants sur la fin de vie Gènéthique vous informe 19 Mai 2015 Fin de vie
Qu'est-ce que la mort ? Comment mourir ? Jusqu'où souffrir ? Où est le curseur ? Un sujet quasi tabou dans une société de la performance mais des questions sous-jacentes au débat actuel sur l'euthanasie, nombreuses, complexes, cruciales. Deux auteurs avancent des éléments de réponses, frontalement opposées, mais inquiétantes l'une comme l'autre.
« Si la mort est une fin, la vie appartient aux hommes, si la mort est un passage, la vie appartient à Dieu » pointe Jean Leonetti[1], député-maire d'Antibes, médecin, qui plante le décor socio-culturel avant de développer sa réflexion autour de la fin de vie. Et Leonetti d'expliquer comment la désacralisation de la mort l'a aussi désocialisée, dans « une légitimité croissante de l'individu sur le collectif », tandis que la perte de sens l'a faite basculée d'« insensée » à « impensée », au risque de substituer l'orthopraxis à l'orthodoxie et de passer du techniquement « faisable » à un impérieux « souhaitable ».
Un pas que franchit résolument Jean-Luc Roméro[2], maire du XIIè arrondissement parisien, président de l'AMDM[3]. Il appelle de ses vœux une « mort idéale », propre, sans fautes, en quelques secondes, par injection létale, prenant pour modèle les pays du Benelux qui ont légalisé l'euthanasie : les patients « font venir leurs proches, les gens qu'ils aiment, ils ont le temps de tout se dire, d'échanger, de faire leurs adieux ». Les dernières volontés du patient sont souveraines : sa décision de mourir, le moment de sa mort, le choix des personnes à voir, le recours aux soignants. Une façon, selon Leonetti, de diluer le tragique de la mort dans un hyper-volontarisme et d'en transférer la responsabilité au médecin en l'instrumentalisant à ses fins. En d'autres termes, derrière l'apparente fragilité du candidat à l'euthanasie se cache une toute puissance qui exalte sa liberté en niant celle d'autrui.
Séropositif depuis l'âge de 27 ans, Roméro a vu mourir de nombreux malades du sida, des amis proches qu'il a accompagnés. Témoin de leurs souffrances multiples et parfois de l'indifférence du personnel soignant, aujourd'hui, il plaide pour un « faire mourir » en opposition au « laisser mourir » dont il accuse les médecins, Leonetti en particulier qu'il attaque à longueur de pages. D'ailleurs, Roméro rejette avec autant de virulence la réflexion de l’Église, obscurantiste, que celle de l'ordre des médecins, corporatiste. Et sous un déluge de bons sentiments, il impose un diktat qui brise le pacte social du respect de la vie et fait basculer la civilisation vers une « culture de mort ». Car de son propre aveu, son projet est avant tout politique, s'inscrivant dans la même logique que le vote de la loi de 1975 qui a légalisé l'avortement. Nous voilà prévenus.
« La mort volontaire est un vieux débat philosophique, aussi ancien que l'humain, puisque l'homme est le seul animal à pouvoir se donner la mort » souligne Leonetti avant d'illustrer son propos par la mort de grands hommes : Socrate, Sénèque, Christian de Duve, prix Nobel. Et là, se produit un glissement de terrain dans l'analyse de l'auteur, jusqu'alors riche et sûre : au prétexte du « caractère accepté de la mort » dans ces trois cas , et que chacun ait été assisté en mourant, plus de différence entre le trépas de Socrate condamné à boire la ciguë, celui de Sénèque qui se suicide sur ordre de Néron et celui de Duve qui demande l'euthanasie… Et si on salue la culture gréco-latine et judéo-chrétienne de l'auteur, la pensée structurée du scientifique, l'humanisme de l'élu, on est déstabilisé par cet amalgame périlleux, comme on est heurté en lisant sous sa plume que la loi Veil représente « une protection de l'intégrité de la personne et de la vie ». Mais est-ce un hasard si là encore, le début de la vie est relié à son terme ? En tenant les deux bouts de la chaîne, ne tient-on pas toute la vie ?
Mais Leonetti se veut rassurant : en phase terminale, avec la sédation, le malade « meurt de sa maladie, en dormant profondément et donc sans aucune sensation désagréable et sans acharnement thérapeutique », précisant que la sédation palliative n'utilise pas les mêmes produits que la sédation euthanasique. Mais le malaise persiste, des questions surgissent.
A la lecture de ces deux livres emblématiques, on craint que le débat ne soit confisqué par ses tenants, l'un violent, l'autre sournois, du moins fluctuant, faute d'une conception de la liberté qui soit en lien avec la vérité : qu'est-ce que l'homme ?
[1]C'est ainsi que les hommes meurent, par Jean Leonetti, éd Plon, 185 pages, 14, 90 euros. [2]Ma Mort m'appartient, par Jean-Luc Romero, éd Michalon, 135 pages, 13 euros. [3] Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité.
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Sujet: Re: A quand le vrai débat ?.. 19.05.15 19:58
J.L.Roméro tient à son pouvoir en tant que président de l'ADMD Jean Léonetti tient à son pouvoir depuis 2005 ( rêve-t-il à je ne sais quel statut politique futur ? ) et les mourants à venir ne veulent pas se faire chier à mourir dans le cadre d'une loi imposée
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Sujet: Re: A quand le vrai débat ?.. 19.05.15 20:07
Votre Dieu n'est pas mon Dieu...
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Sujet: Re: A quand le vrai débat ?.. 20.05.15 18:34
La sédation terminale, un enjeu pour les soins palliatifs ? synthèse de presse bioéthique 20 Mai 2015 Fin de vie
La Société française de soins palliatifs (SFAP) organise aujourd'hui une journée de réflexion pour « mettre à plat les divergences du mouvement sur la sédation terminale ». En effet, si le président de la SFAP, Vincent Morel, qui a soutenu et contibué à la proposition de loi Claeys-Leonetti, estime que « c’est un texte d’équilibre qui respecte l’autonomie du patient tout en protégeant les plus fragiles », sa position est « loin d’être unanimement partagé ».
Jean-François Ruys, par exemple, est cadre de santé au sein de l’HAD[1]. Il craint que la sédation terminale soit « une solution de facilité gommant les alternatives qui sont pourtant le cœur de notre mission ». Le « manque de moyens et de volonté politique » pour diffuser les soins palliatifs, seuls 20% des patients concernés en bénéficient, ne font qu’entretenir les inquiétudes des membres de la société savante.
Ces dissensions mises à jour, mettent en évidence le « tournant historique » dans lequel sont engagés les soins palliatifs qui « se sont construits sur un modèle alternatif et pluridisciplinaire (…), sont en passe de devenir une spécialité médicale comme les autres, où la technique est centrale », explique Jérôme Alric, psychologue en soins palliatifs. « Comment faire droit à l’accompagnement, à l’écoute, au non-abandon – à la relation en somme – si la mort est surmédicalisée ? »
En Belgique, l’adoption du dispositif légal sur la fin de vie en 2002, qui a autorisé l’euthanasie sous certaines conditions, a profondément modifié l’approche palliative traditionnelle. « Sur le terrain, les fédérations régionales de soins palliatifs ont peu à peu adopté la notion de ‘soins palliatifs intégraux’, qui ne considèrent pas l’euthanasie comme un échec des soins palliatifs ou même comme une pratique antagoniste à ceux-ci, mais comme une option complémentaire, voire équivalente à tout autre acte palliatif. » Les formations dispensées aux soignants veulent convaincre que « donner la mort peut s’inscrire aussi dans une logique palliative », pour que les équipes puissent à la fois « maîtriser la douleur » et « répondre à une demande d’euthanasie ». Une posture où partisans et opposants s’affrontent, ces derniers craignant que l’euthanasie ne « devienne un raccourci ‘efficace’ et ‘confortable’ face à la prise en charge palliative conventionnelle de plus en plus difficile, en raison de l’engorgement actuel des structures de soins palliatifs et de leur coût ». Pour Cartherine Dopchie, cancérologue et oncologue à Tournai et responsable d'une unité de soins palliatifs, l'euthanasie « étouffe dans l'œuf les progrès qui sont encore à faire dans l'accompagnement de la souffrance psychologique et spirituelle ».
Aujourd’hui, le député Jean Leonetti doit intervenir avec Alain Claeys pour expliciter le texte dans le cadre de la journée organisée par la SFAP : « Nous allons nos efforcer de rassurer les équipes de soins palliatifs ».
Sujet: Re: A quand le vrai débat ?.. 20.05.15 18:42
Si on revient à çà = "toute personne majeure en phase avancée ou terminale d'une maladie incurable, provoquant une souffrance physique ou psychique insupportable, et qui ne peut être apaisée, puisse demander dans des conditions précises et strictes à bénéficier d'une assistance médicalisée pour terminer sa vie dans la dignité" (proposition 21).
toutes ces questions sont bêtes et inutiles
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Sujet: Re: A quand le vrai débat ?.. 01.06.15 20:44