témoignage post-mortem de Guylaine Hottion, euthanasiée en Belgique : "Notre liberté doit être respectée jusqu’au bout de notre vie"
Par Guylaine HOTTION - Hier à 05:00 | mis à jour hier à 08:44 - Temps de lecture : 3 min
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Voici de larges extraits du témoignage post-mortem légué par Guylaine Hottion. Photo d’archives ER /M. B.
« Depuis six ans et demi, je souffre d’une maladie incurable. Je suis lourdement handicapée et plusieurs autres maladies graves se sont superposées à ce handicap, rendant ma vie impossible. Je ne la concevais déjà pas il y a 6 ans, sans l’usage de mes jambes mais, désormais, ma vie n’est plus qu’une survie.
Quand vous lirez mon témoignage, je serai partie dans cet autre monde [...]. J’aurai trouvé la paix et je ne souffrirai plus.
Guylaine Hottion
La vie est probablement un cadeau lorsque nous sommes en bonne santé et bien entourés. J’ai eu autrefois la chance d’avoir la santé et j’ai toujours aujourd’hui des personnes incroyables autour de moi. Mais ce n’est plus suffisant pour me maintenir en vie.
Mes proches ont compris ma détresse et m’accompagneront jusqu’au bout.
Guylaine Hottion
Je rêve d’un autre monde dans lequel mes souffrances mentales et physiques disparaîtraient et où je n’aurais plus besoin de faire semblant d’être reconnaissante à cette vie que je ne contrôle plus. Ma souffrance est trop forte. Pour cela, il faut que je m’exile en Belgique.
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« Je veux décider car j’ai assez souffert »
C’est une démarche que je souhaitais entreprendre depuis plusieurs années. Mes proches ont compris ma détresse et m’accompagneront jusqu’au bout. C’est ça l’amour : laisser partir les gens qu’on aime, lorsque leur vie devient impossible.
C’est moi qui souffre, pas ceux qui décident des lois.
Guylaine Hottion
En France, la loi Léonetti ne me permettra jamais de faire ce choix dans l’état où je suis actuellement. Pour demander une sédation profonde et continue, je devrais attendre d’être à l’agonie. Mais je ne veux pas avoir à vivre cette phase “terminale”.
Je veux décider moi-même de mettre un terme à ma vie parce que je juge que j’ai assez souffert. Personne n’a le droit de décider à ma place. C’est moi qui souffre, pas ceux qui décident des lois.
La loi belge nous permet ainsi de partir dignement et de mettre fin à la souffrance.
Guylaine Hottion
L’euthanasie ne sera pas douloureuse. Je m’endormirai accompagnée des personnes que j’aime et qui m’aiment. La loi belge nous permet ainsi de partir dignement et de mettre fin à la souffrance.
À quand une telle loi en France ? Quand serons-nous libres de choisir le moment de notre mort, lorsque notre vie est devenue impossible à vivre ? Quand serons-nous libres de partir dignement, sans avoir à agoniser dans d’horribles souffrances ?
« Nos dirigeants se trompent ! »
La France, pays des droits de l’Homme, devrait modifier sa loi parce qu’un Homme malade n’est pas un Homme déchu de ses droits et celui de choisir sa fin de vie est un droit élémentaire.
Quand serons-nous libres de partir dignement, sans avoir à agoniser dans d’horribles souffrances ?
Guylaine Hottion
Le véritable mal n’est pas de tolérer l’assistance à la mort mais plutôt d’empêcher que d’autres êtres humains puissent partir dignement et sans souffrance. Personne ne peut choisir de ne jamais tomber gravement malade.
Quand vous lirez mon témoignage, je serai partie dans cet autre monde que j’attends depuis longtemps maintenant. J’aurai trouvé la paix et je ne souffrirai plus. Mais je veux interpeller nos dirigeants sur une réalité qu’ils veulent ignorer délibérément. Ils se trompent ! Notre liberté doit être respectée… Jusqu’au bout de notre vie. »