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| Sujet: Angers.Philippe et M.D.Lucas 16.11.20 21:41 | |
| [size=49]Angers. Justice : atteinte d’un cancer en phase terminale, sa sédation a-t-elle été assez profonde ?Le difficile débat de la fin de vie médicalisée s’est rouvert devant le tribunal d’Angers.[/size] En justice, il reproche aux médecins d’avoir administré à son épouse agonisante une sédation trop légère. | CO Le Courrier de l'Ouest Jean-Yves LIGNELPublié le 16/11/2020Jeudi 5 novembre un Angevin, M. Philippe Lucas, a assigné l’Institut de cancérologie de l’Ouest (ICO) devant le juge civil des référés. Il reproche aux médecins de l’ancien Centre Paul-Papin de ne pas avoir mis en place la sédation profonde que son épouse, Marie-Dominique Lucas, avait pourtant réclamée.
Atteinte d’un cancer du foie Mme Lucas, qui avait 52 ans, se savait condamnée et souffrait beaucoup. Avant son ultime hospitalisation cette femme au courage admirable, comme on va le lire, avait réglé ses affaires et dit au revoir à ses amis et à ses proches. Le 18 juin 2019, elle avait été admise à l’ICO en demandant une sédation profonde, c’est-à-dire une léthargie médicamenteuse totale qui l’endormirait pendant ses derniers jours. Elle voulait, disait-elle, partir vite avec le si peu de dignité qu’il me reste encore. A lire aussi : Entretien avec Philippe Lucas Or selon M. Lucas, la sédation ne fut pas profonde. Il dit même que son épouse se serait réveillée au cours de sa douloureuse et pénible agonie. Elle s’est éteinte, enfin, le 30 juin 2019.
M. Lucas a donc ouvert cette procédure pour, dit-il, rétablir ma femme dans sa dignité et faire constater que les médecins n’ont pas respecté la loi. Il dit mener cette action pour le principe et assure que les éventuelles indemnités seront reversées à l’Institut Gustave-Roussy contre le cancer. Nous ne sommes qu’au tout début de ce qui s’enclenche là. La procédure initiée n’a pour but que de demander la saisie d’un expert, qui devra dire si les soins prodigués à Mme Lucas étaient, au regard de sa situation médicale et de ses volontés, adaptés, nécessaires et correctement réalisés. Les médecins d’ Angers sont sur la sellette. L’avocat choisi par M. Lucas, Me Mickaël Boulay, parle d’un système médical angevin qui s’affranchirait des obligations posées par la loi Leonetti de 2005. Encore une fois, on n’applique pas la loi. On ne pense pas aux vivants, pas plus qu’à ceux qui vont mourir. On ne pense qu’au confort des médecins !. Cette affaire sera plaidée le 3 décembre. On remarquera que cinq ans après le procès en appel du médecin urgentiste Nicolas Bonnemaison, et sa condamnation à deux ans de prison avec sursis, il revient encore aux juges d’Angers de trancher sur ces difficiles questions de fin de vie. On remarquera encore que le débat est une nouvelle fois porté par Me Mickaël Boulay. Discret avocat à Segré Me Boulay s’intéresse, depuis des décennies, à ces débats essentiels. Membre de l’association pour le droit de mourir dans la dignité il avait défendu, de 2015 à 2017, M. Jean Mercier qui, à Lyon, avait été poursuivi pour avoir aidé sa femme à mourir, avant d’être relaxé par la cour de cassation. [size=39]L’ICO entend « répondre objectivement »[/size]Par l’intermédiaire de son avocate, M e Émilie Buttier, l’Institut de cancérologie de l’Ouest (ICO) rappelle qu’il est soumis au secret médical, mais nous indique qu’il ne s’opposera pas à cette demande d’expertise judiciaire, afin qu’il soit répondu objectivement et de manière impartiale à toutes les questions soulevées par M. Lucas. M e Buttier rappelle par ailleurs que l’ICO est un « centre de référence » pour la prise en charge du cancer et, qu’à ce titre, il a une mission d’enseignement et dispense des cours à l’Université de médecine, notamment sur l’application de la loi Léonetti relative aux droits des malades et à la fin de vie. L’institut de cancérologie est donc, précise l’avocate, à plus d’un titre très sensible et très avisé sur les modalités de cette loi qui est appliquée avec rigueur en son sein à chaque patient qui peut ainsi bénéficier de l’ensemble des dispositions prévues par le législateur, telles que la procédure collégiale, le respect des directives anticipées, l’avis de la personne de confiance, les conditions de la mise en place d’une sédation profonde et continue, etc. |
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