« Et si c’était vous ? » regarde la mort en face
Déléguée-adjointe de l'ADMD (Association pour le droit de mourir dans la dignité), Claudette Pierret milite pour une meilleure prise en compte de la fin de vie. Elle est venue présenter un documentaire « Et si c’était vous… ? »
VU 1321 FOISLE 21/09/2019 À 18:56 MIS À JOUR LE 22/09/2019 À 08:25
Claudette Pierret milite pour le droit de mourir dans la dignité au sein de l’ADMD 54, dont elle est déléguée-adjointe. Photo RL /Kévin LAMBLÉ
Photo HDClaudette Pierret milite pour le droit de mourir dans la dignité au sein de l’ADMD 54, dont elle est déléguée-adjointe. Photo RL /Kévin LAMBLÉ
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À l’affiche de Kinepolis Longwy, le 26 septembre à 20 h, « Et si c’était vous… ? » est un documentaire réalisé par Muriel Brino et Aurore Weber. Le film aborde l’épineux sujet de la fin de vie, sans tabou. Déléguée-adjointe de l'ADMD 54 (Association pour le droit de mourir dans la dignité), Claudette Pierret s’est prêtée au jeu des questions-réponses dans le cadre d’une interview.
Le documentaire « Et si c’était vous… ? » aborde la question de la fin de vie. Pouvez-vous rappeler quel est le cadre juridique en France ?
En France, la loi Claeys-Leonetti date de 2005 et a été révisée plusieurs fois notamment en 2010 et 2016. Cette loi dit que tout malade peut arrêter les traitements. Par contre, quand on décide de mourir par une sédation profonde et continue, comme quelqu’un qui serait en phase terminale d’un cancer, il faut demander au médecin et le malade est soumis au bon vouloir de celui-ci. La sédation profonde et continue ne peut avoir lieu que dans les toutes dernières heures de la vie.
Ce documentaire est-il un film engagé pour le droit à l’euthanasie ? Quelle était la démarche des réalisatrices ?
J’ai été contactée par Muriel Brino à la suite d’un article paru en double-page dans Le Parisien. Elle n’a pas voulu faire un film engagé pour l’euthanasie mais plutôt un état des lieux. Tout le panel a été établi autour d’un médecin en soins palliatifs du CHR de Metz-Thionville, d’un prêtre belge, l’abbé Ringuelet, qui accompagne les malades qui ont demandé une euthanasie. Il y a également des interviews de people sur le sujet, comme Hugues Aufray, Agnès Soral, Marthe Villalonga, etc.
Comment expliquez-vous que la législation française soit aussi frileuse par rapport à la Belgique ou la Suisse ?
Il y a trois principales oppositions : la religion, car la France est la fille aînée de l’Église. Il y a aussi les laboratoires car tout ce qui vit longtemps les fait marcher. Et les médecins « mandarins », eux savent jusqu’où la vie des malades doit aller. Tous les jours j’ai des demandes de malades français pour aller mourir en Belgique ou en Suisse. Il faut qu’il y ait une loi qui encadre pour que l’on ne fasse pas n’importe quoi. En France, il y a entre 3 000 et 4 000 euthanasies clandestines par an. Cela fait plus de 32 ans que je mène ce combat de désobéissance civile. J’aimerais vraiment voir cette loi passer avant de mourir.