Verdun - Fin de vie : « Je veux partir quand je le souhaiterai », livre une Verdunoise lourdement handicapée
Lourdement handicapée depuis bientôt quatre ans, Guylaine milite pour le droit à mourir dans la dignité au fil d’un plaidoyer poignant.
LE 10/01/2019 À 18:10 MIS À JOUR À 18:52
Prisonnière d’un fauteuil roulant, Guylaine aimerait choisir la date de son départ. Photos ER
Photo HD Prisonnière d’un fauteuil roulant, Guylaine aimerait choisir la date de son départ. Photos ER
Avant son accident, Guylaine aimait « les voyages, les sorties. J’avais tellement d’activités que je n’avais jamais le temps d’ouvrir un bouquin », raconte cette Verdunoise de 62 ans, lourdement handicapée depuis qu’un infarctus de la moelle épinière l’a privée de l’usage de ses jambes et bouleversé sa vie, le 1er mai 2015. Guylaine aimait « tellement la vie » qu’aujourd’hui, elle ne supporte plus d’être cloisonnée dans sa « charrette ». Elle ne peut « plus vivre comme ça ».
Deux mois après le drame, Guylaine est revenue pour la première fois chez elle. Dans une maison qu’elle ne reconnaissait plus. « A cause du fauteuil, je ne passais plus entre certaines portes, il a fallu mettre des rampes partout… C’est comme si j’avais pris un TGV en pleine face. » Le poids est trop lourd. Alors en juillet, elle tente de mettre fin à ses jours. « Malheureusement pour moi, je n’ai pas réussi mais, depuis, j’ai promis à mes proches de ne plus recommencer. »
Son époux, sa fille et ses petits enfants entourent chaleureusement cette femme d’une dignité désarmante. « Mais même en étant bien accompagnée, et d’ailleurs j’ai la chance d’être aussi soignée par des gens admirables, c’est très difficile. »
De complications en complications
Physiquement, Guylaine ne souffre pas. « Mais la douleur est là, au fond de moi », lâche en portant la main à son cœur. « De la première à la dernière minute de la journée, je dois être accompagnée et c’est très difficile de vivre par procuration. En plus, j’ai subi de nombreuses complications. » L’ablation de la vessie, un cancer de l’utérus : « tous les deux, trois mois, quelque chose de nouveau apparaît », souffle-t-elle. « Je n’ai pas envie de finir ma vie comme ça. »
Guylaine n’a pas envie de mourir aujourd’hui. Ni demain. Elle veut simplement avoir le choix. « Je veux partir dignement, quand j’en aurais envie, faire ça en toute transparence sans me cacher. » Même s’ils la comprennent, ses proches ne veulent en revanche « pas en entendre parler ». De toute façon, la loi le lui interdit.
« C’est pour ça que je veux qu’une loi autorisant l'euthanasie passe en France », martèle-t-elle. « On sait très bien que ça se fait en cachette alors pourquoi ne pas s’inspirer de la Belgique ou de la Suisse ? Les mentalités évoluent mais ça ne va pas assez vite. Qu’on me donne au moins l’espoir de faire ce qu’on veut de son corps comme on peut le faire pour un avortement par exemple. En plus, le fait de savoir que je peux décider de ma fin de vie me permettrait de mieux vivre aujourd’hui. »