[size=32]Droit à l'aide active à mourir pour souffrances psychiques en fin de vie - Par Julian Jencquel, psychologue de l'ADMD[/size][size=32] [/size]La fin de vie est, hélas, trop souvent associée à des souffrances extrêmes. Nous rêvons tous de finir nos vies à un âge avancé, en nous endormant un jour paisiblement après avoir fait nos adieux à nos proches.
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Julian Jenquel, psychologue de l'ADMD
Dans certains pays d’Europe, même si cet idéal ne se réalise pas entièrement, loin de là, la loi permet néanmoins de décider du moment où l’on souhaite partir. Il est nécessaire pour cela de pouvoir justifier cette décision par le fait d’être dans une trop grande souffrance pour continuer à lutter.
Mais comment la mesure-t-on ? Et surtout, de quel type de souffrance parlons-nous ?
D’une part, nous sommes confrontés aux douleurs physiques associées aux nombreuses pathologies d’origine physiologique : cancers, polypathologies de la vieillesse, maladies cardiovasculaires, immunodéficiences, pathologies neurologiques, endocriniennes, rénales et digestives, pour ne nommer que les principales. Mais bien plus souvent qu’il n’y paraît, le mal est ailleurs : c’est la psyché qui souffre. Le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM) compte une vingtaine de catégories de maladies mentales, dont beaucoup sont incapacitantes au point d’empêcher la personne qui en souffre de fonctionner normalement en société.
Les statistiques sont alarmantes : en France en 2012, on comptait 12 millions de personnes souffrant de maladies mentales, et ce nombre est en constante augmentation. Malheureusement, toutes ne sont pas prises en charge, et lorsqu’il s’agit de personnes âgées vivant souvent seules, aucun diagnostic n’est jamais établi et elles sont livrées à elles-mêmes.
Le problème tient au fait que les malades mentaux ne savent pas à qui faire appel. Lorsque l’on souffre d’une maladie à caractère physiologique, on peut appeler son médecin ou une ambulance, et dire où cela fait mal. Après examen un traitement est prescrit et le malade est pris en charge. Ce n’est pas si simple dans le cas d’une maladie mentale, et souvent les personnes souffrantes passent sous le radar.
Cela ne concerne d’ailleurs pas seulement les personnes âgées ou en fin de vie. Les maladies mentales peuvent frapper des hommes et des femmes de tous âges. Par exemple, en France 230,000 personnes entre 15 et 35 ans souffrent d’anorexie mentale, et 400000 dans la même tranche d’âge sont touchées par la boulimie. De manière plus générale, 600000 personnes sont des schizophrènes. Malheureusement, les souffrances de certains de ces malades se terminent souvent en drame, avec des passages à l’acte suicidaires qui réussissent ou qui échouent.
Ces personnes ont toutes besoin d’être accompagnées, d’être écoutées, et souvent elles appellent des associations comme l’ADMD en désespoir de cause.
Les droits des personnes souffrant de pathologies psychiatriques sont totalement ignorés par la loi relative aux droits des malades et à la fin de vie, dite loi Leonetti. Bien qu’elle se réfère à « la souffrance d’une personne, en phase terminale ou avancée d’une affection grave ou incurable » (Code la santé publique, article L1110-5), cette mention ne tient pas compte de la nature même d’une maladie mentale, pour laquelle il est impossible de diagnostiquer qu’elle se trouve en « phase terminale ou avancée ».
L’ADMD milite pour que la souffrance psychique soit reconnue au même titre que celle liée aux autres pathologies. L'ADMD-Ecoute reçoit tous les jours des appels de personnes au bord du suicide. Il est temps que leur souffrance soit reconnue, dans la dignité.