Fin de vie, suicide assisté, euthanasie : j'ai une maladie incurable, mais je veux vivre !
Publié le 15-03-2015 à 16h15 - Modifié à 16h15
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M. LaureAtteinte d'une maladie auto-immune
LE PLUS. Ce mercredi, les députés ont approuvé la création d'un droit à la sédation profonde, une mesure qui complète encore la loi Léonetti de 2005, jugée insuffisante par les défenseurs du droit à mourir dans la dignité. M. Laure est atteinte d'une maladie incurable et ce débat la blesse. Car elle veut vivre, pas mourir.
Édité par
Louise Pothier Depuis quelques mois, l
es médias ne parlent que de suicide assisté, d’euthanasie, de maladies incurables et
de droit de mourir dans la dignité. Ayant une maladie incurable et voulant vivre tout simplement, c'est dans ce contexte que j'ai décidé de prendre la parole.
Je suis atteinte de polyarthrite rhumatoïde, une maladie auto-immune qui s'attaque à toutes les articulations, plus précisément à la glande synoviale, et cela crée une inflammation au niveau de l'articulation.
Toutes mes articulations sont touchées Le diagnostic de ma maladie s'est fait en deux temps. En mars 2013, je me suis rendue compte à la suite d'un week-end que j'avais des difficultés à marcher une longue distance alors que cela ne me posait pas de problème habituellement, et les articulations de mes doigts gonflaient à vue d'œil. Voyant que j'avais les articulations des mains douloureuses et gonflées, j'ai décidé de consulter mon médecin traitant qui m'a prescrit une prise de sang qui a confirmé le diagnostic.
Je ressens depuis des douleurs articulaires importantes. Toutes les articulations sont touchées : celles des mains, des pieds, des hanches, de la mâchoire ainsi que de la colonne vertébrale.
Malgré cela, je n'ai jamais arrêté de travailler car c'est une manière pour moi de tenir le coup et cela fait partie de mon combat contre la maladie.
Généralement, je ne suis pas handicapée dans ma vie de tous les jours, sauf quand j'ai une poussée, suite à une fatigue ou au stress, qui se traduit par une difficulté à marcher et des douleurs importantes.
La médecine évolue vite Les conséquences physiques sont surtout liées aux poussées qui, selon leur intensité, peuvent entraîner de grosses difficultés à se mouvoir. Elles sont traitées par antalgiques et anti-inflammatoires en complément du traitement de fond.
Je prends un traitement de fond hebdomadaire, le méthotrexate qui est un traitement biologique (chimiothérapie très allégée) qui permet que l'inflammation régresse et reste stable.
Mais malgré ce traitement, les poussées peuvent être encore très invalidantes. Cela implique une surveillance tous les six mois par un rhumatologue et des bilans sanguins réguliers.
En ce qui me concerne, je vis la maladie aussi bien que possible malgré cet aspect handicapant. La médecine évoluant constamment, on ne sait pas ce qu'elle permettra dans le futur.
La mort n'est pas une solution contre la souffrance Depuis que le débat sur la fin de vie s'est ouvert, j'entends des discours qui me blessent : la douleur serait une raison suffisante pour légaliser l'euthanasie. Le désir de mort des personnes doit être respecté...
Pourquoi voudrais-je mourir alors que je n'aspire qu'à vivre ? Laissez-moi vivre ma maladie comme je l’entends au lieu de vouloir imposer le suicide assisté.
Ma famille et mes amis sont là pour me soutenir quand j'en ai besoin et je ne les remercierais jamais assez pour cela. C’est grâce à eux que je trouve la force de combattre au quotidien cette maladie !
J'ai fait le choix de me battre contre cette maladie et non de la subir. Je n'aspire qu'à vivre ma vie à fond et comme je l’entends. La maladie ne peut empêcher de vivre heureux. Il n'y pas que la mort comme solution pour soulager.
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