La vie nous est donnée, la mort nous est volée ! Tribune du député Olivier Falorni Notre démocratie a su conquérir, une à une, toutes les libertés. Toutes, sauf une. L’ultime. Celle qui nous concerne toutes et tous. C’est-à-dire la liberté de choisir sa mort.
Compte Twitter : @OlivierFalorni
Olivier Falorni, député de la Charente-Maritime
Le droit enfin donné à chaque citoyen majeur et responsable d’éteindre la lumière de son existence lorsque sa vie n’est devenue qu’une survie. Artificielle et douloureuse.
Alors oui, il en faut du courage pour affronter des tabous multiséculaires, des conceptions d’un autre âge qui nient la réalité du temps présent. Oui, il en faut du courage pour franchir le Rubicon des conservatismes, comme il en a fallu du courage à Simone Veil, il y a 40 ans, pour permettre le droit à l’avortement, au milieu des huées fanatiques.
Or, le courage n’est pas au rendez-vous de l’attente de nos concitoyens.
Depuis deux ans et demi, nous avons été baladés, trimballés, bringuebalés, de rapports en missions, de jurys citoyens en avis d’experts.
Et le texte qui nous a été proposé par Alain Claeys et Jean Léonetti s’acharne globalement à l’obstination déraisonnable pour le statu quo. Le jésuitisme des mots ne soulagera jamais la douleur des maux que subissent tant de malades. On continue à mal mourir dans notre pays, malgré les progrès des soins palliatifs dont l’accès doit être élargi mais qui atteignent à un moment leurs limites face à l’extrême souffrance.
Le « laisser-mourir » ne peut pas rester le viatique hypocrite pour accéder à notre dernier départ. Est-il possible dans ce pays de regarder la mort les yeux ouverts ?
Est-il acceptable de prolonger des agonies de peur d’enflammer le débat public, en refusant d’aller jusqu’au bout. C’est-à-dire en respectant simplement l’engagement 21 du candidat François Hollande.
Est-il tolérable que des Français soient obligés, pour ceux qui en ont les moyens et qui peuvent se déplacer, de partir à l’étranger pour bénéficier d’une aide active à mourir, comme il y a 40 ans les femmes qui voulaient avorter devaient aller hors de nos frontières ?
La Suisse, la Belgique, les Pays-Bas, le Luxembourg, qui pratiquent le suicide assisté ou l’euthanasie active sont-ils des pays moins civilisés que le nôtre ?
Chaque jour, dans l’actualité, les situations humaines dramatiques démontrent que notre loi n’est plus adaptée.
Doit-on continuer de faire l’autruche devant toutes ces euthanasies pratiquées dans le secret, dans la clandestinité, dans l’illégalité alors qu’elles sont pratiquées par humanité ? Ou alors doit-on condamner l’humanité ? Aujourd’hui ? Même les tribunaux ne le font plus.
Il faut maintenant une loi qui plonge ses racines dans le meilleur de notre République. Une loi qui donne la liberté. Une loi qui permette l’égalité. Une loi qui incarne la fraternité.
Personne, pas même un médecin, ne doit pouvoir nous confisquer le droit de choisir nous-mêmes les conditions de notre propre mort.
Si la vie nous est donnée, la mort ne peut pas nous être volée. C’est le sens de notre combat qui doit continuer, plus que jamais.
Olivier Falorni
La Rochelle, le 14 avril 2015.