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| Le Droit de Mourir(Zone Interdite) | |
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| Sujet: Le Droit de Mourir(Zone Interdite) 11.11.14 13:54 | |
| A ne pas rater ! "Zone Interdite" : documentaire inédit sur l'euthanasie diffusé dimanche 16 novembre sur M6 à 20h50 Pendant l'émission nous encourageons les Twittos à réagir sur Twitter avec les hashtags : #Findevie #euthanasie #ADMD et à mentionner @ADMDFrance pour avoir un retweet.Au programme : Doit-on laisser mourir Vincent Lambert comme le demande sa femme ou le maintenir en vie comme le souhaitent ses parents ? Depuis plusieurs mois, la bataille judiciaire qui divise la famille de cet homme tétraplégique et muet, immobilisé depuis 6 ans sur son lit d´hôpital, fait régulièrement la une de l'actualité. Bien malgré lui, Vincent Lambert est devenu le symbole de la lutte entre ceux qui veulent voir légaliser l'euthanasie, et ceux qui s'y opposent. Pour Zone Interdite, Rachel Lambert, sa femme, raconte son histoire et le combat qu'elle mène aujourd'hui. Cette souffrance, c'est celle de Gino, 92 ans, alité au milieu de son salon depuis 2 ans, il souhaite mourir et toute sa famille se bat pour que sa volonté soit respectée mais son médecin refuse de l'aider à partir. D'autres personnes, se sachant condamnées, décident, en toute conscience, de prendre les devants tant qu'elles en sont encore capables. Elles partent en Suisse ou en Belgique où le suicide assisté est accepté. Là-bas, dans des établissements spécialisés, on les aide à mourir. C'est même devenu un business. Moyennant plusieurs milliers d'euros, ils reçoivent une injection létale ; le décès survient rapidement et sans souffrance. Des Français qui ont choisi de se donner la mort, grâce à ce suicide assisté, ont accepté qu'on les suive jusqu'à leur dernier souffle. |
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| Sujet: Re: Le Droit de Mourir(Zone Interdite) 18.11.14 15:31 | |
| Droit de mourir : “La loi Leonetti sur la fin de vie est inapplicable”
Propos recueillis par Hélène Rochette Publié le 16/11/2014. Zone interdite Magazine de société
Le sociologue Philippe Bataille, qui a longuement enquêté dans les unités de soins palliatifs, commente trois séquences de “Zone Interdite”, consacré aux enjeux de la loi Leonetti. A voir dimanche 16 novembre, sur M6.
Durant un an, le reporter Géraud Burin des Roziers a exploré les conditions de la fin de vie en France, en Belgique et en Suisse pour un documentaire diffusé dans le cadre de l'émission Zone interdite, sur M6, dimanche 16 novembre. Son enquête fouillée relaie avec force les propos désabusés et le désarroi de familles, dont les proches dégradés par l’âge ou la maladie, semi-inconscients voire prisonniers de leur corps depuis un accident ou un choc cérébral, ont exprimé le désir d’en finir. Etayé par une somme de témoignages saisissants, ce film met en lumière les impasses de la loi Leonetti, votée à l’unanimité en 2005, et qui était censée favoriser le droit des malades.
Nous avons montré ce film au sociologue Philippe Bataille, directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales et auteur du livre A la vie, à la mort. Euthanasie : Le grand malentendu (éditions Autrement, 2012). En spécialiste des questions d’éthique et de la vulnérabilité des personnes malades, il analyse quelques séquences du documentaire, qu’il juge très convaincant dans son approche de cas concrets.
L’euthanasie légalisée en Belgique
Dans ce premier extrait, le généraliste belge Yves de Locht, qui exerce en libéral dans la banlieue de Bruxelles, explique comment, depuis quelques années, il réalise des euthanasies sur ses patients en fin de vie. Il n’élude pas les difficultés psychologiques de l’acte, puisqu’il avoue ne pas pouvoir retravailler immédiatement après.
Philippe Bataille : « L’enquête de M6 m’a conforté dans l’idée que le modèle belge supplante à peu près tous les autres. Dans l’extrait, on voit bien que le médecin est pleinement engagé auprès de son patient, qu’il a connu durant toute une partie de sa vie. Dans ce cas-là, si la mort est réclamée par le patient, le médecin, pleinement impliqué comme docteur, prend en charge la demande qui n’est pas confiée à une association privée, comme en Suisse, où le patient doit assumer seul le geste ultime. A mon sens, les généralistes belges réalisent jusqu’au bout l’engagement de la médecine.
Des questions organisationnelles expliquent la différence entre la France et la Belgique, dans l’appréciation de cette demande à mourir. L’organisation hiérarchique, la sectorisation des compétences dans les hôpitaux français compliquent la relation au médecin : plus on évolue dans la maladie grave, plus on rencontre de spécialistes et plus on est soumis à une multitude d’examens. La suprématie du médecin traitant n’a plus cours.
“La médecine française se définit encore dans sa performance qui est d’enrayer la maladie.”
Or quand l’espoir s’amenuise, la confiance en l’autre reste centrale. Dans la logique hospitalière française, le super-spécialiste l’emporte sur le généraliste. Mais si la situation évolue mal, les dialogues deviennent pourtant essentiels : le temps que le professeur consacrera au patient, la visite qu’il effectuera ou pas dans la chambre d’hôpital... Comme les grands spécialistes ne prennent pas ce temps nécessaire, le malade est souvent renvoyé à sa propre responsabilité pour se soigner !
Autour de la personne incurable et de sa mort, la dimension soignante prévaut de plus en plus sur la dimension médicale, les médecins déléguant aux infirmières, aux aides-soignants, aux internes les soins des malades en phase terminale. La médecine française, animée par le tropisme de la guérison, se définit encore dans sa performance qui est d’enrayer la maladie. Le documentaire nous prouve qu’en Belgique, au contraire, la relation médicale n’est pas uniquement vouée à l’objectif de la guérison. Elle prend aussi en charge l’accompagnement, avec les espoirs, les échecs, les désaccords parfois, que suppose cette relation sur le long terme. »
L’affaire Vincent Lambert : “Cette situation n’aurait jamais dû exister !”
Chef de service à l’hôpital de Reims, le docteur Eric Kariger a décidé, en 2013, d’interrompre les traitements qui maintenaient en vie Vincent Lambert, un jeune infirmier victime d’un accident de la route en 2008, qui l’a rendu tétraplégique et plongé dans un état végétatif. Conformément à la loi Leonetti qui autorise l’arrêt des soins, y compris l’alimentation artificielle, chez des malades incurables, et avec l’aval de l’épouse de son patient, Eric Kariger a débranché la nutrition et l’hydratation artificielles le 10 avril 2013.
Mais le 11 avril, le tribunal administratif de Châlon-en-Champagne, saisi par les parents de Vincent Lambert, a ordonné de rétablir en urgence une alimentation et une hydratation normales. Dans cet extrait, le docteur Kariger détaille les réflexions qui ont présidé à sa décision.
Philippe Bataille : « Cet extrait résume toute l’absurdité de la situation ! Eric Kariger, ex-membre du parti de Christine Boutin (le Parti chrétien-démocrate qu’il a quitté à l’été 2013, ndlr) réaffirme son opposition à l’euthanasie, tout en disant que son souhait de laisser partir Vincent Lambert n’a rien à voir avec une démarche d’euthanasie... Le film avance aussi que la nutrition et l’hydratation artificielles ont été suspendues pendant trente-et-un jours et que le patient a survécu, ce qui est totalement impossible !
D’après ce que j’ai vu et entendu dans les unités de soins palliatifs, une euthanasie passive, réalisée dans le cadre de la loi Leonetti, par arrêt de l’alimentation et de l’hydratation, conduit à la mort en quelques jours. Une très légère hydratation a forcément été administrée, pour que même sans être alimenté, le corps de Vincent Lambert puisse être maintenu en vie. On sait aussi que dans de nombreux cas, une infirmière, un aide-soignant ou un médecin qui ne partage pas la conviction de son chef de service fera, discrètement, la nuit, le geste nécessaire pour contrarier le processus...
“Il y a eu, à mes yeux, une faute médicale.”
Je veux aussi pointer une autre image singulière : à un moment, en quittant la chambre de Vincent Lambert, le docteur Kariger lui dit ostensiblement “Bonne journée, Vincent !”. Or il vient d’expliquer que son patient, qui n’a qu’une conscience minimale, n’a manifesté jusqu’à présent aucune aptitude à la communication. On peut être interpellé par cette ébauche de dialogue, qui revient à solliciter la présence de Vincent Lambert, de la part du médecin qui a souhaité en accélérer la fin...
L’affaire Lambert démontre que la notion d’acharnement thérapeutique, contre laquelle le législateur entendait lutter avec la loi Leonetti, est une idée ambivalente et subjective. Pour les parents de l’infirmier accidenté, il ne s’agit pas d’acharnement thérapeutique alors que pour son épouse et pour le docteur Kariger, cela constitue un véritable acharnement. Remarquez que l’on peut quand même se demander pourquoi, dans ce cas précis, avec un patient stable depuis des années, et qui ne sortira pas de son état végétatif, un chef d’une unité de soins palliatifs a mis autant de temps avant de décréter qu’il fallait arrêter le traitement ? Il y a eu, à mes yeux, une faute médicale. Cette histoire n’aurait jamais dû exister, la médecine doit s’arrêter avant de créer ce genre de situations. »
Les souffrances de Gino
Atteint de plusieurs maladies neurodégénératives, impotent, grabataire, Gino, 91 ans, ne peut plus s’exprimer. Suivi par un service d’hospitalisation à domicile, ce grand-père a manifesté plusieurs fois sa volonté d’en finir, avant de perdre la voix. Sa fille Claudette explique son désespoir de ne pas trouver de solution pour mettre un terme à la souffrance de son père, qui n’a pas reçu de visite d’un médecin de l’hôpital depuis des mois.
Philipe Bataille : « J’ai beaucoup de compassion et d’admiration pour Gino. On sent la fougue, la force que ce monsieur devait avoir. Sa mésaventure, avec ses enfants qui ne savent plus quoi faire pour que sa volonté de partir soit respectée, c’est une situation tellement ordinaire, en France ! En plus, Gino avait rédigé ses directives anticipées, parlé à ses proches de son opposition à tout acharnement... Mais comme ses directives anticipées ne sont plus valables au regard de la loi, puisqu’elles ont plus de trois ans, la situation est bloquée : on va obliger ce malade grabataire à emprunter le long tunnel de la mort.
“Cette façon obscène de demander aux familles de faire des efforts est exécrable.”
Son cas est intéressant parce que, très souvent, quand un proche relaie, auprès des services hospitaliers, la demande d’en finir de l’un des siens, il reçoit en pleine face cet argument : “Vous ne pouvez plus supporter sa charge, c’est ça ? Il vous coûte trop cher ?”. Cette façon obscène de demander aux familles de faire des efforts, de les culpabiliser est exécrable...
Or, avec Gino, on voit bien que l’entourage est solidaire, aimant. Ces gens parlent bien, ils ne sont ni riches, ni pauvres, ils nous ressemblent. On est dans le vécu ordinaire d’une famille française d’aujourd’hui. Et encore, dans le cas de Gino, la présence de la télévision a finalement accéléré les choses : le médecin belge, ami de la famille, appelé en renfort, laisse entendre que les médecins de l’hôpital ont finalement chargé la dose et qu’ils ont enfin laissé partir ce monsieur ! Donc le patient a été activement aidé dans sa fin, mais la demande n’a pas été exaucée quand il le souhaitait, ni au moment où sa famille le réclamait.
Conclusion, on a bien les moyens de soulager les souffrances, d’accompagner jusqu’au bout, mais, dans la majorité de cas, même si l’état du patient est épouvantable et douloureux, l’injection des produits et des sédatifs reste problématique. Comme la loi Leonetti énonce les conditions d’application des droits des malades, mais édicte en même temps les devoirs des médecins, au premier rang desquels figure l’interdit de tuer, donc de l’euthanasie, elle est inapplicable ! Et le seul recours pour les malades et les familles demeure le secret et la clandestinité. En France, dans le secret tout est possible ! ».
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| Sujet: Re: Le Droit de Mourir(Zone Interdite) 18.11.14 15:43 | |
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| Sujet: Re: Le Droit de Mourir(Zone Interdite) 18.11.14 15:55 | |
| "Zone interdite" et le droit de mourir : j'ai filmé des patients. Un tournage bouleversant
Publié le 16-11-2014 à 17h58 - Modifié à 20h12
4 réactions | 19349 lu
Avatar de Géraud Burin des Roziers Par Géraud Burin des Roziers Reporter
LE PLUS. La situation de Vincent Lambert a récemment réactivé le débat sur la législation qui entoure la fin de vie. Doit-on légaliser l'euthanasie ? La loi Léonetti est-elle suffisante ? Une question de société fondamentale qu'a voulu approfondir Géraud Burin des Roziers dans un documentaire pour "Zone Interdite", diffusé dimanche 16 novembre sur M6. Il nous en raconte les coulisses.
Édité et parrainé par Louise Pothier
"Zone interdite" propose dimanche 16 novembre 2014 un documentaire sur le droit de mourir. (Capture d'écran M6) "Zone interdite" propose dimanche 16 novembre 2014 un documentaire sur le droit de mourir. (Capture d'écran M6)
Euthanasie, suicide assisté, loi Léonetti… Pour être honnête, avant de mener cette enquête, je me perdais dans toutes ces notions autour de la fin de vie.
La question du droit de mourir du patient et de son écoute par le corps médical rencontre la grande peur des gens de subir, à un moment de leur vie, un acharnement thérapeutique, appelé obstination déraisonnable par les médecins.
Tout ce que je savais, c’est que cette question restait encore taboue en France et qu’elle causait de nombreuses souffrances chez les patients et dans leurs familles.
Mon père est mort seul
Comme souvent, les sujets nous sont inspirés par des histoires personnelles et dans mon cas, l’expérience que j’ai vécue avec mon père m’a éclairé. Je me suis occupé de lui, malade d’Alzheimer, durant les huit derniers mois de sa vie et j’ai vécu cela comme une grande chance, même si je suis conscient que pour certains, s’occuper des corps meurtris de personnes proches est parfois trop lourd.
Malgré ça, mon père est mort seul. Je suis persuadé que les médecins savaient que son heure était venue, or personne ne m’a prévenu. Il m’a paru évident qu’il y avait la un dysfonctionnement majeur dans la gestion de la fin de vie.
Du côté des patients
Qu’il s’agisse de personnes âgées en fin de vie ou de jeunes ayant des souffrances psychiques inapaisables, comment traite-t-on la question de la fin de vie à l’hôpital, dans les centres privés, dans les familles ?
Partant de cette grande question, j’ai voulu traiter le sujet en me mettant du côté des patients.
Je suis allé enquêter sans préjugé, partout, du côté des soins palliatifs, aux urgences, dans les associations qui se battent pour l’euthanasie et auprès des gens qui réclament le droit de mourir. J’ai même pu rencontrer des personnes qui pratiquent des euthanasies clandestines.
Une enquête qui a bouleversé l’équipe de tournage
Je suis un ancien soldat et un ancien reporter de guerre, j’ai connu des fins de vie brutales, mais suivre des gens qui restent dans leurs lits pendant des mois sachant qu’ils vont mourir, c’est bien différent.
Certains monteurs qui ont travaillé avec moi durant cette enquête ont été bouleversés par ce sujet.
Il y a peu, alors que je racontais cette expérience, un trentenaire m’a confié qu’il préférerait mourir s’il avait un accident de moto et qu’il devenait handicapé. De mon côté, je suis persuadé qu’on croit savoir, mais que la vie nous réserve des surprises…
J’ai moi-même vécu un an de paraplégie à la suite un crash en hélicoptère et je suis un ardent défenseur de la vie. Même avec un lourd handicap, je souhaiterais qu’on me réanime.
Et toute la difficulté, c’est qu’en même temps, je ne souhaiterais jamais vivre la situation de Vincent Lambert.
Le cas Vincent Lambert est symptomatique
J’ai commencé mon film par l’histoire de Rachel Lambert, la femme de Vincent, dont l’histoire a relancé le débat sur la fin de vie il y a quelques temps. Je ne comprenais pas pourquoi elle était aussi accablée, aussi peu écoutée.
Dans cette affaire, le cas du docteur Kariger est symptomatique du malaise autour de cette question. Lui et Rachel voudraient arrêter le traitement de Vincent Lambert, devenu tétraplégique après un grave accident de voiture, mais ses parents s’y opposent. Le médecin est attaqué de toutes parts par des catholiques intégristes alors que lui-même est catholique.
On le soupçonne d’être pro-euthanasie, ce contre quoi il se défend de façon virulente. Pour lui, il ne fait qu’aider le patient à vivre et il voudrait pouvoir le laisser mourir dans le respect total de la loi Léonetti.
Une question taboue en France
Pendant un an et demi, j’ai entendu ces gens, malades ou proches, ces médecins qui parlent de "gestes d’amour"… Je suis allé en Belgique, où l’euthanasie est autorisée et en Suisse, où l’on pratique le suicide assisté. Je n’ai pas non plus omis de parler de certaines dérives.
Malgré ma réticence pour la caméra cachée, j’ai réalisé une séquence de mon documentaire en utilisant ce procédé pour montrer certaines dérives commerciales en Suisse. J’ai été stupéfait par le cynisme ambiant dans ce centre qui pratique le suicide assisté et qui faisait commerce de la souffrance.
J’avais la volonté de répondre à une vraie question de société encore taboue car il n’est question que de mort.
J’ai créé de vrais liens avec mes témoins
J’ai eu la chance d’avoir beaucoup de temps pour faire mon enquête et c'était nécessaire, car je bâtis tous mes films sur la confiance et les rencontres. Ce sujet était particulier et j’ai créé de vrais liens avec les gens durant ces 18 mois. Certains d’entre eux sont devenus mes amis, à l’image de Chris, qui a perdu son fils de 50 ans atteint d’un cancer de l’œsophage.
J’ai aussi suivi beaucoup de gens qui ne sont pas dans le film, car leurs familles ont finalement refusé qu’ils apparaissent à l’écran.
Mon regard s’est affûté
Après ces mois d’enquête, mon regard s’est affûté grâce à ces témoignages et je tire plusieurs conclusions.
Il me paraît évident que les médecins ne sont pas assez formés à affronter la fin de vie. Ils ont toujours tendance à infantiliser les patients et leurs familles. Il est essentiel que le corps médical se mette à tenir un discours plus clair et plus franc avec les proches des malades.
Beaucoup de Français ne connaissent pas non plus l’existence des soins palliatifs, qui pourraient en détourner beaucoup de leur désir d’euthanasie.
En France, il manque un discours pédagogique vis-à-vis du public, qui ne connaît pas les dispositifs existants. Personne par exemple n’écrit ses directives à l’avance afin que les proches soient au courant de leurs volontés.
Et le fait que la loi Léonetti ne soit pas appliquée est un scandale !
Chaque cas est particulier
Évidemment, la question est éminemment difficile à trancher car chaque cas est particulier. Or il faut prendre en compte la détresse de chacun.
J’ai rencontré des gens très sûrs de leur choix, qui voulaient pouvoir décider du lieu et de la date de leur mort.
Mais il existe aussi des personnes qui croient être sûres et qui changent d’avis devant l’échéance.
D’autres encore voudraient pouvoir avoir recours à un suicide assisté car ils ne se sentent pas capables de se donner la mort eux-mêmes.
J’ai aussi rencontré des patients très sûrs de leur choix mais qui ne mesuraient pas le drame qu’ils causaient au sein de leur cellule familiale, pour leurs enfants et leurs petits-enfants, gravement meurtris.
Enfin, j’ai reçu le témoignage bouleversant d’un homme qui désirait mourir mais qui a succombé à son cancer avant.
Chaque mort est unique, chaque cas est respectable et c'est pour cette raison qu'on ne peut pas faire de généralité.
Pour pouvoir répondre à ces souffrances, il faut utiliser les bons mots, sans peur. Aucun des principaux concernés n’utilisent le mot "tuer", qu’ils assimilent à un homicide. Pour eux, ça n’a rien à voir. Eux, ils "aident" (ou voudraient aider) leurs proches à mourir.
Des alternatives possibles, trop méconnues
Pour contre balancer le sujet, l’équipe de "Zone interdite" s’est installée dans une "maison de vie" pour tourner les plateaux qui suivent la diffusion du film.
Dans cet établissement, douze patients atteints de maladies incurables vivent leurs derniers jours. Ils partagent leurs repas, rient… Jamais on n’y parle d’euthanasie.
Là-bas, j’ai enregistré les derniers mots d’un patient en présence de son père. Ca n’est pas diffusé dans le sujet, mais ce moment est gravé dans ma mémoire. Il était empli d’une spiritualité incroyable.
Plusieurs semaines après le tournage, j’ai reçu une lettre de ce monsieur. Alors que j’avais peur que ma caméra soit un fardeau, il m’a dit que cette rencontre et le fait d’être suivi dans ce moment si douloureux avait été un cadeau.
Un lieu comme celui-ci montre qu’il existe des alternatives aux soins palliatifs en France, mais ces initiatives sont encore trop méconnues.
En faisant ce film, mon objectif était de créer le débat dans les familles, que les gens verbalisent leurs souhaits auprès de leurs proches de confiance, que le corps médical et le législateur se posent des questions. Si j’y parviens, j’aurai rempli ma mission.
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| Sujet: Re: Le Droit de Mourir(Zone Interdite) 20.11.14 12:57 | |
| La mort sur ordonnance
Par Sylvie Veran
Publié le 17-11-2014 à 18h23
Si vous avez raté « Droit de mourir : l’enquête qui dérange », vous avez la possibilité de voir ce reportage en replay. Retour sur une enquête bouleversante.
Droit de mourir © Sipa Droit de mourir © Sipa Depuis six ans Rachel Lambert voit son époux Vincent, 37 ans, allongé sur un lit d’hôpital, les yeux dans le vague, le corps paralysé, les bras et les mains crispés sur son buste. Victime d’un accident de voiture cet ancien infirmier tétraplégique en état végétatif ne parle pas, ne réagit pas, ne se nourrit pas. Ce sont des machines qui le maintiennent en vie. En avril 2013 Éric Kariger, son médecin au CHU de Reims, décide, avec l’accord de Rachel, de supprimer l’alimentation du malade en lui appliquant un soin destiné à abréger les souffrances. On connaît la suite : intervention auprès de la justice de Pierre et Viviane Lambert, le père et la mère ultra- catholiques de Vincent ; obligation faite à l’hôpital de reprendre l’alimentation de celui-ci ; arrêt du Conseil d’Etat le 24 juin dernier, après des expertises, autorisant la fin des traitements; aussitôt, après avoir été saisie en urgence par les parents, demande de la Cour européenne des Droits de l’homme (CEDH) de maintenir l’hydratation et l’alimentation le temps de la procédure…Et une polémique qui, depuis, n’a cessé de monter entre les partisans de la vie à tout prix et ceux qui, allant au-delà de la loi Leonetti qui prône la mort dans le respect de la dignité, exigent l’autorisation de l’euthanasie.
Promulguée en avril 2005 la loi Leonetti, permettant de soulager par un traitement les souffrances d’une personne en fin de vie, quitte à abréger celle-ci, ne serait-elle pas suffisante ? Cette excellente enquête effectuée durant une année par Géraud Burin des Roziers en France, en Belgique, et en Suisse, démontre qu’il y a encore beaucoup à faire pour que les médecins acceptent le vote des parlementaires. Dans le cas de Vincent Lambert, il y avait de sa part une volonté de ne pas continuer à être soigné dans une situation identique à celle qu’il subit aujourd’hui. Il s’était confié à plusieurs reprises son épouse à ce sujet. Mais cette intention n’avait pas été couchée sur le papier ainsi que l’exige la loi. Seuls 2% des Français ont, à l’heure actuelle, fait cette démarche auprès de leur médecin traitant ou de proches. Démarche qui doit être renouvelée tous les trois ans.
Gino, 87 ans, ne le savait pas. En 2003, il avait bien exprimé par lettre sa décision de refuser tout acharnement thérapeutique. Mais il n’a pas renouvelé ce souhait. Durant deux ans, en hospitalisation à domicile, il a vécu alité dans le salon de sa maison de Longwy, quasiment inconscient, et atteint à la fois des maladies de Parkinson, d’Alzheimer, et des corps de Lewy. Malgré son désir d’en finir, au point de demander à son épouse de le tuer, il a été maintenu en vie avec des doses sédatives insuffisantes et le laissant ainsi souffrir inutilement. Sa fille, Claudette, a fini par appeler à son chevet un médecin Belge, Le Dr Yves Le Kocht, qui, si nécessaire, pratique des euthanasies, légales en son pays, ainsi que le Dr Bernard Senet, un médecin qui milite pour mettre fin à la vie en cas de mal incurable. Les doses de morphine de Gino ont été augmentées et le patient est mort paisiblement deux mois après.
Transporté en urgence à l’Hôpital Georges Pompidou Michel, 50 ans, atteint d’une tumeur cancéreuse à l’œsophage, souffre d’une infection qui peut lui être fatale. Chris, sa mère, ne veut pas le voir agoniser dans la douleur car elle sait son fils condamné. Pourtant, dans un premier temps, les médecins vont tout faire pour résorber l’infection en opérant ce patient dans l’espoir qu’il vive peut-être quelques mois de plus. Mais l’intervention s’avère inefficace. Une réunion regroupant des médecins, des infirmiers et des psychologues, est organisée afin de décider de l’avenir médical du malade : faut-il le maintenir artificiellement en vie ou le laisser partir ? Une aggravation de l’état de Michel va finalement entraîner son extubation, deux jours plus tard, avec une prescription de médicaments contre la douleur et l’anxiété. L’opérer et le ranimer, même sans succès, aura permis aux soignants de ne pas baisser les bras et d’autoriser ainsi cet homme à parler quelques heures avec sa mère avant de trépasser. Ici, la loi Leonetti a été parfaitement appliquée. « Lorsqu’on est sûr que, malheureusement, une issue défavorable va survenir, notre premier devoir de médecin et d’homme est d’assurer cette fin de vie le plus confortablement possible », indique le professeur Denis Safran, chef du service de réanimation de l’Hôpital Georges Pompidou.
De nombreux Français pensent, cependant, que la loi actuelle reste insuffisante et réclament de nouveaux textes en faveur de l’euthanasie. Face au virulent Dr Xavier Mirabel, président de l’Association Alliance Vita, qui s’oppose avec force contre la potion létale - contre, aussi, la sédation profonde et le mariage pour tous-, l’Association pour le droit à mourir dignement (ADMD), présidée par l’homme politique Jean-Luc Romero. Celle-ci milite, au contraire, pour l’euthanasie. Selon l’ADMD 15 000 personnes en souffrance obtiennent chaque année d’être définitivement endormies par des médecins ou des infirmiers partisans de cette cause- l’Observatoire de fin de vie en dénombrant 2000 quand à lui. Mais le risque est grand pour ces soignants de retrouver devant les Assises. Quelques particuliers, telle Jacqueline, une femme du monde qui passe sa vie entre la France et Bali et témoigne ici à visage découvert pour, d’après elle, faire avancer les choses, ou encore une grand-mère désirant rester anonyme, se sont donné pour mission d’aider des malades à quitter ce monde. La grand-mère, qui avoue être intervenue à 6 reprises, achète la dose mortelle de 13 grammes de Penthiobarbital sur un site américain…Un marché devenu mondial. Mais, comme beaucoup de médicaments vendus via le Web, il n’y a aucune garantie sur la fiabilité du produit.
En Suisse et en Belgique chaque personne peut décider de l’heure et du lieu de sa mort. Depuis février 2014 la Belgique autorise même l’euthanasie d’enfants. « Je pense que c’est une bonne chose qu’un enfant de 8 ans puisse dire qu’il n’en peut plus », commente le Dr Dominique Lossignol, un médecin Belge qui pratique l’euthanasie depuis trente ans après avoir commencé dans la clandestinité. Là-bas, l’autorisation de deux praticiens et une demande réitérée est nécessaire pour être euthanasié. Mais seuls les habitants de ce pays peuvent bénéficier de cette procédure. Voilà pourquoi nombre de Français se tournent vers la Suisse. Jean-Claude, 87 ans, paralysé et entièrement dépendant à la suite d’un AVC, a fait ce choix avec l’accord de sa famille. Conduit par trois de ses enfants, il se rend à Bâle. Dans un studio sans fenêtre appartenant à l’Association Life circle, Jean-Claude va mourir par suicide assisté. Une pratique non légiférée mais tolérée. Contre 8500 euros, obsèques comprises, et après la visite d’un médecin, le patient appuie lui-même sur le bouton déclenchant la funeste perfusion. Mille trois cent suicides assistés seraient réalisées chaque année en Suisse. Y aurait- il un business de fin de vie dans ce pays ?
En ligne de mire : l’Association Life Circle dirigée par le Dr Erika Preisig, qu’une jeune Italienne, Francesca, accuse d’avoir poussé son père à mourir, en avril 2013, alors qu’il ne souffrait d’aucune pathologie. Francesca affirme que son père était seulement hypocondriaque et dépressif depuis son départ à la retraite. Erika Preisig répond que l’homme lui a présenté deux certificats médicaux le déclarant porteur de la syphilis à un stade avancé. Des faux ? Mystère. Quoi qu’il en soit, la syphilis n’est pas une maladie incurable, la condition pour obtenir un suicide assisté. Une autopsie a d’ailleurs confirmé le bon état de santé du défunt. Une enquête est en cours. Autre association pointée du doigt : Dignitas, 6500 adhérents, fondée il y a seize ans par Ludwig Minelli, un ex-journaliste aujourd’hui millionnaire. Selon un ancien infirmier de l’association, basée à Zurich, Dignitas ferait passer dans l’au-delà des gens non atteint d’une pathologie mortelle. Ludwig Minelli rétorque qu’il n’a jamais été inquiété par la justice. En seize ans, 1800 personnes dont 184 Français ont succombé par le biais de cette association.
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| Sujet: Re: Le Droit de Mourir(Zone Interdite) 20.11.14 13:07 | |
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