Si la vie est un cadeau, l’euthanasie et l’avortement peuvent l’être aussi.
4 janvier 2014, 17:44 Auteur : mia vossen 2 commentaires
miavossenPar Mia Vossen (photo).
L’Espagne est revenue à ses anciennes lois contre l’avortement, la France parle de meurtre quand il s’agit d’euthanasie. La Belgique, la Suisse et la Hollande bénéficient des deux… Un peu partout certains se demandent pourquoi la vie humaine devrait être sacrée. Nous sommes presque 8 milliards sur une planète susceptible d’assurer une existence digne à 2 ou 3 milliards d’êtres humains; partout il y a des guerres, des génocides… et la vie serait sacrée?
Ceux qui s’opposent à l’avortement au point de manifester dans les rues, peuvent-ils dire qu’ils préfèrent “la pilule de 20 ans après”, celle qui sort d’une kalachnikov ou autre arme meurtrière? Ceux qui portent des pancartes contre l’euthanasie auraient-ils eu le cœur de faire vivre Vincent Humbert (1)? Peuvent-ils refuser de libérer de la vie ceux qui souffrent trop et qui veulent mourir?
Je sais parfaitement qu’en Espagne on parle des fœtus espagnols et que “la pilule de 20 ans après” est actuellement dirigée contre des Soudanais, des Centrafricains, des Égyptiens, des Syriens… Il ne s’agit donc pas toujours des mêmes! Comment faut-il appeler cette attitude qui sacralise une vie encore non existante ou une vie devenue insupportable et qui se moque d’une vie qui veut vivre… sous prétexte qu’elle est ailleurs, qu’elle est autre?
Non, décidément, je ne comprends pas ceux qui disent la vie sacrée et qui ne marchent pas dans les rues, qui ne font pas la grève de la faim, qui n’agissent pas par tous les moyens à leur portée pour manifester contre les massacres actuels….
L’avortement est présenté comme un crime contre la Vie. L’embryon, le fœtus a “droit à la vie”. Ce fœtus est-il plus vivant, a-t-il plus de droits que la femme qui le porte et qui n’en veut pas – quelles que soient ses raisons ? Accepter que la femme a réellement des droits autres que les droits traditionnels n’est pas encore entré dans les mœurs…
L’euthanasie est présentée comme un crime contre la Vie. La personne qui ne veut pas vivre, qui demande à en finir aurait “droit à la vie”? Toutes ces personnes très malades, très vieilles, très handicapées, très malheureuses qui demandent avec insistance qu’on mette fin à leur calvaire, peuvent-elles, doivent-elles admettre que leur calvaire soit sacré?
Parlons de ceux qui veulent vivre, qui aiment la vie mais pour qui il n’y a pas de place sur notre planète surpeuplée, qui se font tirer comme des lapins, hacher menu comme jamais animal n’est massacré pour la simple raison qu’ils sont en surnombre, raison bien évidemment transformée en raison “raciale”, “religieuse”, “politique” ou “tribale” dans les pays concernés.
Ma raison de femme, d’être humain doué de compassion pour son semblable, me dit que la vie des gamins du Soudan, de Centrafrique… est plus sacrée (2) que celle d’un fœtus en surnombre ou que celle d’une personne en détresse qui n’en veut plus. Je fais une comparaison déplacée ? Le problème des guerres n’a rien à voir avec l’avortement ou l’euthanasie? Pas directement, sans doute, mais le même manque de respect pour une vie digne et responsable émane de l’attitude de ceux qui veulent interdire avortement et euthanasie et de ceux qui acceptent les massacres sans s’interposer.
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(1) Le Président de la République avait refusé la demande d’euthanasie de Vincent Humbert. Le livre Je vous demande le droit de mourir, “le message bouleversant d’un condamné de la vie” a impressionné beaucoup de Français.
(2) Nous existons par notre conscience et pour ceux qui tiennent à notre vie.