Tard je t’ai aimée, beauté si ancienne et si nouvelle...
Tard je t’ai aimée,
beauté si ancienne et si nouvelle,
tard je t’ai aimée !
Mais quoi, tu étais au-dedans de moi-même,
Et j’étais, moi, en dehors de moi-même.
Et c’était en dehors que je te cherchais.
Je me ruais, dans ma laideur,
sur la grâce de tes créatures.
Tu étais avec moi
et je n’étais pas avec toi,
retenu loin de toi
par ces choses qui ne seraient point
si elles n’étaient pas en moi.Tu m’as appelé et ton cri a forcé ma surdité,
tu as brillé,
Et ton éclat a chassé ma cécité.
Tu as exhalé ton parfum, je l’ai respiré,
Et voici qu’après toi je soupire.
Je t’ai goûté et j’ai faim de toi, soif de toi,
Tu m’as touché et je brûle d’ardeur
Pour la paix que tu me donnes.
St Augustin – Confessions X, 27, 38