SYNOPSIS
Le «Barjo» a une soeur jumelle, Fanfan, chez qui il vient habiter après l'incendie de sa maison. Son beau-frère Charles, un petit industriel, voit la chose d'un mauvais oeil. Le comportement du Barjo, à vrai dire, peut prêter à inquiétude. Collectionneur de capsules de lait, il consigne sur une vieille machine à écrire des «faits scientifiques et prouvés» et en tire de fantaisistes conclusions sur le sens de la vie et la marche du monde. Fanfan, quant à elle, est amoureuse de son voisin Michel, un professeur de philosophie. Charles, dévoré par la jalousie, la bat. Victime d'une crise cardiaque, il est hospitalisé. Fanfan a alors tout loisir de se donner à l'enseignant. N'étant plus à une gaffe près, le Barjo s'empresse de révéler son infortune à Charles...
LA CRITIQUE LORS DE LA SORTIE EN SALLE
Le héros de Baxter, son premier film, était un chien, méchant et vicieux, mais sacrément lucide et doté d'une qualité rare - la parole. Baxter, c'était nos névroses et nos petites manies vues à travers le regard de la gente canine. Cruel, mais drôle. Avec Confessions d'un barjo, tiré du roman de Philip K. Dick, Jérôme Boivin saute un nouveau pas. C'est toujours cruel, mais beaucoup plus drôle. Son héros ? Un « barjo ». Pas seulement cinglé, mais aussi bête, vraiment bête... Un petit pois dans la tête, un coeur gros comme ça et un amour inconditionnel pour sa soeur jumelle, Fanfan, dont il ne parvient pas à se séparer. Le barjo sait peu de choses, mais ce qu'il connaît lui sert de base pour élaborer des raisonnements. Entend-il des cris, la nuit, dans la chambre de sa soeur et de son beau-frère ? Il se lève, en cachette, affolé, et prend des notes pour confronter ses observations à la réalité. « Ah ! C'était un acte sexuel ? ... Un acte sexuel... comme pour la reproduction des mammifères ? » Le barjo porte des lunettes aux verres épais. Il marche en canard, ne se sépare jamais du fichier où il a consigné la somme de ses expériences. Il gaffe. Il agace. Au final, il dérange. « En écrivant Les Confessions, raconte Philip K. Dick dans les années 50, mon idée était de créer le personnage le plus idiot, le plus ignorant, le moins doué de bon sens, accumulant les croyances les plus farfelues, un exclu de la société ; un marginal total, ne voyant le monde que de l'extérieur et donc forcé de deviner ce qui s'y passe. » K. Dick s'est inspiré du texte d'un certain Isidore de Séville, espagnol, et à l'origine d'une encyclopédie de... trente-cinq pages, truffée d'invraisemblances, mais directement inspirée des observations de l'auteur. Jacques Audiard et Jérôme Boivin, les premiers Français à porter l'oeuvre de K. Dick à l'écran (1), ont transposé Les Confessions d'un barjo dans une époque incertaine - avant-hier ou demain - aux alentours d'Annecy. Leur adaptation est fidèle, sinon originale. La force du film ? Ses acteurs ! Hippolyte Girardot et Anne Brochet sont épatants en jumeaux névrosés (lui en idiot savant, elle en madame Bovary agitée) et Richard Bohringer est aussi ridicule qu'émouvant en beauf torturé. Jérôme Boivin abuse des voix off, des répétitions et des effets faciles ; son film en énervera plus d'un. Mais ceux qui aiment l'univers de K. Dick y seront comme des poissons dans l'eau - Marie-Elisabeth Rouchy (1) Après Ridley Scott avec Blade Runner et Paul Verhoeven avec Total Recall.
Marie-Elisabeth Rouchy