Le débat sur la fin de vie relancé
FL.G. ET FAYÇAL ZEGHARI | Publié le 25 nov. 2013, 07h00
Une petite « pastille létale » pour glisser paisiblement vers une « mort douce ». L’ultime demande adressée dans une lettre par Georgette et Bernard, alors même que leur cœur cessait de battre, fait écho au débat sur le suicide assisté. Cela consiste à prendre soi-même des médicaments préparés par un médecin et qui conduisent, à coup sûr, à une mort sans douleur. La question revient régulièrement dans l’actualité et, lors de la dernière campagne présidentielle, « la fin de vie dans la dignité » figurait parmi les grands engagements sociétaux du candidat François Hollande.
Interdiction formelle en France
Le rapport du professeur Sicard, très attendu en décembre dernier, rejetait catégoriquement l’euthanasie, mais ouvrait une discrète porte à l’assistance au suicide. Le Conseil d’éthique a toutefois écarté cette deuxième option, qui reste donc illégale. Que faire, alors, lorsqu’un malade ne survit que grâce à des tubes branchés en permanence à un corps en proie à de terribles souffrances? Depuis 2005, la loi Leonetti empêche « l’obstination déraisonnable ». En clair, une sorte d’euthanasie passive : l’arrêt des soins est permis si l’acharnement thérapeutique est établi.
Ailleurs, en Europe
Pionniers, les Pays-Bas ont dépénalisé le suicide assisté en 2001. Comme dans les cas d’euthanasie, les médecins accompagnant le suicide d’un malade ne sont pas poursuivis par la justice. Ils doivent, en revanche, s’assurer de plusieurs critères très précis : le patient formule une demande volontaire et réfléchie, ses souffrances physiques sont reconnues comme insupportables, sans perspective d’amélioration, et il doit être convaincu, à l’instar de son soignant, qu’il n’existe aucune alternative. En Suisse, aussi, la loi laisse la possibilité de réclamer une aide pour mourir. Des associations préparent l’ultime potion à des patients désireux d’en finir, au terme de nombreux entretiens. Certaines facturent cet accompagnement vers la mort à hauteur de 7500 €. Le Luxembourg a, lui, carrément légalisé l’euthanasie et l’assistance au suicide en 2009. Là encore, la situation médicale est prouvée sans issue et la demande, formulée par écrit, doit émaner d’un patient majeur. En Belgique, l’euthanasie est un droit strictement réglementé. Rien n’encadre, en revanche, le suicide assisté.
Et maintenant ?
L’accompagnement de la fin de vie pourrait revenir, prochainement, au centre des débats. Cet été encore, François Hollande avait annoncé un projet de loi « sans doute avant la fin de l’année ». Un jury citoyen missionné par le Comité d’éthique doit rendre publique la conclusion de ses travaux le 16 décembre. Selon un récent sondage Ifop, 92% des Français se prononcent en faveur de l’euthanasie pour les maladies « insupportables et incurables ».