Le député des Alpes-Maritimes, porteur de la loi de 2005 relative à la fin de vie, était en Haute-Loire ce lundi 28 octobre. À l'hôpital Émile-Roux du Puy-en-Velay, les praticiens lui ont fait remonter ce qu'ils pensaient de la législation actuelle, alors que la question de l'euthanasie fait débat.La loi Leonetti du 22 avril 2005,
relative aux droits des patients en fin de vie, a pour objet à la fois d’éviter les pratiques d’euthanasie et d’empêcher l’acharnement thérapeutique. Son initiateur,
aujourd'hui encore député (UMP) des Alpes-Maritimes, était au Puy-en-Velay ce lundi 28 octobre, à la rencontre du corps médical.
« Rencontrer les acteurs »« Je tiens à rencontrer les acteurs. Je suis là pour savoir comment vous ressentez les choses par rapport à la législation actuelle et quelles difficultés vous rencontrez », a annoncé cet ancien ministre de Nicolas Sarkozy, à son arrivée au centre hospitalier Émile-Roux où il a, dans un premier temps, effectué une visite des services gériatriques (la médecine des personnes âgées). Olivier Servaire-Lorenzet, directeur de l'hôpital ponot, les députés Laurent Wauquiez et Jean-Pierre Vigier l'accompagnaient.
« Beaucoup de choses positives »Jean Leonetti, qui avait porté la loi en 2005, en a présidé l'évaluation qui a conduit à des aménagements, en 2008. Quid du nouveau gouvernement ? Un nouveau projet de loi sur la fin de vie pourrait voir le jour dans les prochains mois. En attendant, la législation en vigueur semble conforter les praticiens, à Émile-Roux. De l'avis général,
« elle a amené beaucoup de choses positives et nous convient, mais elle n'est pas suffisamment connue ». Ce qui rejoint en ce sens l'avis rendu en juin 2013
par le Comité consultatif national d’éthique (CCNE). Un manque de formation ?Ce dernier plaide par ailleurs pour instaurer un droit du patient à la sédation, geste médical pour accélérer la survenue de la mort.
« Nous faisons de la sédation. Cela reste du soin, et cela ça change tout », analyse une cadre hospitalière. Cependant,
« il y a eu une difficulté à le faire entrer dans les meurs », complète Jean Leonetti.
« Il y a encore des réticences en France ».
Le docteur Marc Bouiller, médecin néphrologue, pointe une autre limite :
« Travailler les médicaments de soins palliatifs, c'est autre chose que les médicaments plus classiques. Les docteurs ne sont pas suffisamment formés ».
Les conflits intra-familiauxLes équipes hospitalières évoquent ensuite le triangle des relations, parfois compliquées, entre le patient, sa famille, et le praticien. «
Les familles se posent beaucoup de questions, on en arrive à des situations ambivalentes. Certaines veulent que leur proche décède, alors que ce dernier n'est pas plus pressé que cela », fait remarquer le docteur Marc Bouiller. Il y a aussi ces tensions intra-familiales qui peuvent surgir avant ou après le décès.
« La fin de vie cristallise souvent tous les conflits qu'il y a eu dans la vie d'une famille », indique un médecin. Et Jean Leonetti d'ajouter :
« Si des couples se séparent quelquefois après la naissance d'un enfant, parfois même après voir construit une maison, la mort représente aussi une étape ».
CONFÉRENCE. À l'issue de sa visite au centre hospitalier Émile-Roux, le député Jean Leonetti a livré, dans la soirée, au théâtre du Puy-en-Velay, une conférence pour le public sur la question de la fin de vie.