Un Observatoire national du suicide, pour quoi faire ?
Créé officiellement mardi 10 septembre par la ministre de la Santé, Marisol Touraine, l'Observatoire national du suicide doit permettre de lutter contre ce phénomène dramatique. Mais à quoi va-t-il vraiment servir ?
Par Tiphaine Thuillier pour LEntreprise.com, publié le 10/09/2013 à 17:56
La ministre de la Santé, Marisol Touraine, a annoncé, mardi 10 septembre, la création d'un Observatoire national du suicide. Cette structure sera chargée de recueillir des statistiques et de lancer des études thématiques et campagnes de prévention.
Reuters/Philippe Wojazer
Réclamé depuis des années par les associations et les professionnels de la santé, l'
Observatoire national du suicide a enfin vu le jour.
Présenté officiellement le mardi 10 septembre, 11e journée mondiale du suicide, cet Observatoire doit centraliser et affiner les données sur la question mais aussi lancer des enquêtes et des campagnes de prévention. Jean-Claude Delgenes salue cette concrétisation. "Le texte publié ce matin au
JO me paraît suffisant large pour laisser aux parlementaires une marge de manoeuvre suffisante", commente le responsable du cabinet Technologia.
Remettre les statistiques à jour
A ses yeux, trois facteurs importent pour juger de la pertinence de cette structure : l'autonomie, le budget et la qualité des membres. "La composition ne m'inquiète pas car il y a des membres éminents comme le professeur Debout, président de l'Union nationale pour la
prévention du suicide. Quant au budget, il va falloir mener des études et les chiffrer et les rapporter au coût annuel du suicide qui s'élève à près de 5 milliards d'euros par an", poursuit Jean-Claude Delgenes.
Si la ministre de la Santé a d'ores et déjà fait du suicide des personnes âgées une priorité, Jean-Claude Delgenes en distingue d'autres au moins aussi urgentes. "D'abord, il est important de remettre à jour les statistiques sur le suicide car celles dont nous disposons datent de deux ans. Et puis, il convient de lancer des études thématiques sur des enjeux croisés comme suicide et surendettement ou suicide et désindustrialisation", estime le reponsable de Technologia.
De l'importance de la prévention
Le lancement de campagnes de prévention figure également en tête de liste des priorités de ce nouvel Observatoire. "Certaines situations peuvent augmenter les risques, explique Jean-Claude Delgenes. En cas de
plan social, par exemple, le taux de suicide peut grimper mais on ne possède pas de chiffres fiables sur cette question. Il convient donc d'en obtenir et de mettre en place un suivi des salariés concernés."
Habitué à recueillir les témoignages des
personnes en situation de mal-être, Jean-Claude Delgenes insiste sur l'utilité de la prévention. "Nous recevons beaucoup d'appels le vendredi soir ou lors des retours de vacances, moments où les gens sont particulièrement vulnérables et je suis persuadé que parler et écouter permet d'éviter des drames, en ne laissant pas les gens seuls face à des circonstances difficiles", conclue celui qui refuse de parler des suicidaires comme de gens "fragiles".