Quatrième cause de décès en 2008 après les
cancers, les
maladies cardiovasculaires et les accidents, la
maladie d'Alzheimer et autres démences (MAAD) ont progressé de 71,8 % depuis 2000, indiquent les auteurs de l'étude. En 2010, on estimait qu'entre 750 000 et 1 million de Français étaient touchés, une prévalence qui devrait atteindre entre 1,29 et 1,40 million de personnes en 2030. Pour autant, ces données restent des extrapolations réalisées à partir de certains registres, puisqu'"
il n'existe aucune surveillance de l'incidence [nombre de nouveaux cas par, ndlr] et de la prévalence [nombre total de cas à un instant donné] de ces pathologies", soulignent-ils.
Afin de dresser un état des lieux plus précis de ces maladies neurodégénératives, ils ont donc examiné les données de deux années, 2007 et 2010, issues des bases des affections de longue durée (ALD) de l'Assurance Maladie, des hospitalisations et des certificats de décès.
Augmentation de 23 % des patients hospitalisés avec un AlzheimerElles montrent que le nombre total de personnes en ALD15 (code correspondant à la maladie d'Alzheimer et démences apparentées) a augmenté de 14,6 %, tandis que celui des nouvelles mises en ALD15 a augmenté de 14 %. Dans les deux cas, les femmes étaient majoritaires, constituant les trois-quarts des malades et plus de 70 % des nouvelles mises en ALD15.
En 3 ans, le nombre d'hospitalisations liées à une maladie d'Alzheimer et autres démences (MAAD) a quant à lui progressé de 7,8 %, tandis que le nombre de patients hospitalisés avec une MAAD a augmenté de 23,6 %. "
Une grande partie de cette augmentation est imputable au vieillissement de la population", analysent les auteurs, rapportant une hausse des taux d'hospitalisation avec l'âge : 1,9 % des 65 ans et plus, et 4,9 % des 80 ans et plus en 2010 (contre respectivement 1,7 et 4,3 % en 2007). Logiquement, les femmes étaient là encore majoritaires, représentant 69 % des patients hospitalisés en 2007, et 66 % en 2010. C'est surtout chez les patients les plus âgés (80 ans et plus), que le ratio hommes/femmes penchait en faveur de ces dernières.
Si la proportion de patients décédés après avoir été hospitalisés avec une MAAD n'a pas beaucoup évolué entre 2007 et 2010 (8,7 % vs 9 %), le nombre de certificats de décès mentionnant une MAAD a augmenté de 13,9 %. Et dans plus d'un cas sur deux, la MAAD était la cause initiale du décès.
Une prévalence très certainement sous-estiméePour Nicolas Duport et ses collègues de l'Institut de veille sanitaire (InVS), "
cette étude a montré que le poids des MAAD est considérable pour la société. En 2010, plus de 300 000 personnes étaient en ALD pour MAAD, près de 230 000 ont été hospitalisées au moins une fois […] et plus de 54 000 personnes avec une MAAD sont décédées". Et encore, les limites inhérentes aux bases de données ne sélectionnant que des patients ayant bénéficié d'une prise en charge de leur maladie conduisent très certainement à une sous-estimation du poids des MAAD, ajoutent-ils, soulignant que seulement la moitié des patients réellement atteints seraient repérés par le système de santé.
Autant dire que l'enjeu sanitaire des prochaines années s'avère de taille pour le gouvernement qui, espérons-le, en a pris la mesure.
Amélie Pelletier