"Clara s'en va mourir" : un téléfilm sur le suicide assisté
Un téléfilm avec Jeanne Balibar qui laisse en lisière de l'émotion. © Carole Bethuel
Dans le train qui la mène en Suisse, Clara (Jeanne Balibar), 42 ans, croise une passagère au ventre rebondi. Ironie : la vie s’annonce alors que sa mort à elle vient de lui être annoncée. Cancer métastasé du poumon en phase 4. Deux mois de sursis. Comédienne de théâtre renommée, femme de caractère, Clara décide de prendre les devants. Pas question d’« être un supplice pour moi et pour les autres », pas question de subir l’agonie qu’endura son père, atteint du même cancer, elle veut «une fin digne, humaine ». La suite ressemble à une formalité.
Un homme propre sur lui explique qu’à la date de son souhait, dans un appartement mortuaire, elle pourra boire une potion de son plein gré, entourée, si elle le souhaite, de ses proches. Au fait, les a-t-elle prévenus ? Non, pas encore. De retour à Paris, Clara commence par informer sa soeur Elena (Caroline Torlois), ébranlée, poursuit par sa mère (Edith Scob), qui préfère ne pas entendre et l’abrutit de questions sur la toute dernière expo au Grand Palais. Le frère, averti par la première, lui assène sans nuances qu’elle manque de courage et devrait comme leur père aller jusqu’au bout. Voilà pour le catho de service. Reste le plus dur : son fils unique, Vadim (Alex Tacchino), un adolescent qui, pour l’heure, « kiffe ses copains » plus que sa mère et ne comprend pas trop ses soudains accès d’affection…
C’est la réaction de tout ce petit monde, sur fond de milieu parisien privilégié et de répétitions de théâtre, qui nous est donnée à voir ici. Et nous laisse un peu en lisière de l’émotion. Est-ce cette façon très « théâtreuse », encline au maniérisme, de traiter ce sujet difficile ? Cette mise en vedette permanente de Clara hors planches ? Est-ce le phrasé, l’élégance intellectuelle de Jeanne Balibar ? Est-ce l’impossibilité pour chacun d’entre nous de ressentir ce que ce serait si… ? Sur le même sujet, Hélène Vincent, tout en sobriété dans le dernier film de Stéphane Brizé « Quelques heures de printemps » (sorti lel9 septembre), parvient, sans forcément que l’on adhère à son choix final, à nous toucher plus vivement.
Maryvonne Ollivry