suicide assisté: des médecins choisissent la neutralité
La dépénalisation de la pratique du suicide assisté est un choix de société dans lequel le corps médical doit rester neutre. Tel est le sens de
l’appel que vient de lancer le British Medical Journal (BMJ, lien payant). Cette initiative coïncide avec l’ouverture à Zurich du congrès annuel de la Fédération mondiale des associations pour le droit de mourir.
Dans cet appel, Fiona Godlee, rédactrice en chef du BMJ souligne que
«l’aide à mourir est un crime dans la plupart des régions du monde». Cette pratique est légalisée (ou tacitement autorisée) dans quelques pays (dont la Belgique, le Luxembourg, les Pays-Bas et la Suisse) ainsi que dans trois Etats américains (Oregon, Washington et le Montana). Plusieurs initiatives visant à la dépénalisation sont par ailleurs en cours dans différents pays.
Le BMJ soutient officiellement une pétition qui appelle le corps médical à ne plus s’opposer à la pratique du suicide assisté pour les adultes en phase terminale. Outre-Manche, cet appel a été initialement lancé par des professionnels de santé favorables à l’assistance à mourir: le
Healthcare Professionals for Assisted Dying (HPAD) qui demande à la
British Medical Association et au Royal College d’adopter sur ce thème une position de neutralité. Un récent sondage réalisé pour l’association
Dignity in Dying montre que parmi les médecins généralistes exerçant au Royaume-Uni, 62% sont favorables à cette position de neutralité. D’autres enquêtes publiques laissent penser que la population britannique serait favorable à 80% à la légalisation de l’aide à mourir.
«La question de la légalisation de l’assistance à mourir est un choix de société, pas une décision de médecins, estime Fiona Godlee.
La réforme législative, avec tous les garde-fous qu’elle suppose, est une conséquence quasi-inévitable d’un changement de société vers une plus grande autonomie individuelle.» La rédactrice en chef du BMJ fait ici le parallèle avec la dépénalisation de la pratique l’interruption volontaire de grossesse. Cette évolution se fera selon elle avec le temps, lorsque la mort sera perçue
«comme un moment central de notre vie». Le spectacle des fins de vie douloureuses jouera en outre le rôle qui fut celui des avortements clandestins.
Selon Ted Goodwin, président de la
Fédération mondiale des associations pour le droit de mourir cité dans le Quotidien du Médecin, l’Allemagne pourrait très rapidement évoluer dans le même sens que la France si cette dernière devait modifier sa législation.
Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a indiqué au début du mois de juin que
la loi Leonetti de 2005 serait «perfectionnée». Dans quel sens?
«Les soins palliatifs existent et ne sont pas toujours développés partout dans les mêmes conditions, avait-il expliqué. Donc, il y a toute une série de progrès que l’on peut faire et qui doivent respecter la dignité de la personne et, en tout état de cause, sa libre détermination.»
Source=Slate.fr